Dans The Guardian du 24 octobre, le journaliste John Freeman dit de New-York que c’est la ville des rêves et des clichés de cinéma, mais aussi de la pauvreté, des loyers en hausse et de l’inégalité croissante.
John Freeman évoque sa propre expérience. Alors qu’il avait son propre appartement, son frère Tim, atteint d’une maladie mentale, vivait dans un foyer pour SDF à quelques centaines de mètres de chez lui. Les deux frères vivaient dans deux mondes hermétiques l’un à l’autre, celui de la prospérité et celui de la précarité.
Freeman cite des statistiques. Près de la moitié des New-Yorkais vivent proches du seuil de pauvreté. Entre 1990 et 2000, les 10% d’habitants les plus riches ont vu leur revenu moyen passer de $452.000 à $717.000. Dans le même temps, le revenu des 10% les plus pauvres s’est faiblement accru, passant de $8.500 à $9.500 ; mais le loyer moyen a augmenté de 75% dans les dix dernières années. Non seulement acquérir un logement est hors de portée de la plupart des habitants ; louer est devenu problématique.
John Freeman donne la parole à son frère Tim, qui raconte son errance. « «Quelles que soient les raisons pour lesquelles les personnes sont entrées au foyer, tout le monde au foyer est traité sur un pied d’égalité. Et quand je dis sur un pied d’égalité, je veux dire l’égalité que l’on pratique entre des têtes de bétail. La vie dans les foyers est enrégimentée. Vous vous levez. Vous attendez pour prendre une douche. Vous vous habillez. Vous faites une longue queue pour prendre le petit déjeuner. Vous avalez votre petit déjeuner. Vous vous glissez à l’extérieur du foyer et vous essayez de trouver quelque chose qui vous tienne occupé jusqu’à l’heure du déjeuner. Vous rentrez au foyer et vous attendez l’heure du déjeuner. Et ainsi de suite.
Les jours se passent comme ça. Les jours se transforment en semaines, et les semaines se transforment en mois (…)
J’étais sans abri lors de mon anniversaire et à Noël. Cette année-là, mon père et mes frères étaient pour Noël en Grande-Bretagne. Ils m’avaient invité et la famille aurait payé, mais je n’avais pas pu obtenir le passeport à temps. Ils m’ont appelé le jour de Noël mais je n’ai pas répondu. Qu’est-ce que vous dites à votre famille, quand ils sont entourés de chaleur et de joie et que vous êtes seul dans un foyer pour sans-abri ? »