Le magazine « Nous », de France 2, propose une écriture télévisuelle innovante et rigoureuse.
Je ne suis pas un téléspectateur assidu, et j’évite en général les magazines. Si j’ai regardé le 12 mai « Nous, la face cachée des transports », c’est pour avoir écouté en voiture l’intéressante interview de Marie Drucker dans « l’instant M » de France Inter. J’ai été captivé.
Le sujet des transports et de la façon dont ils modèlent nos sociétés m’intéresse. Les sujets choisis par la rédaction de « Nous » étaient variés. Le téléspectateur visitait un pilier du viaduc de Millau (plus haut que la Tour Eiffel) ; il voyageait au sein d’une tribu d’abonnés qui empruntent chaque matin le train Caen – Evreux – Paris ; il rencontrait le directeur de la gare Saint Lazare (450.000 voyageurs chaque jour, un train toutes les 12 secondes aux heures de pointe) ; il accompagnait des banlieusards de Nantes dans leur trajet multimodal quotidien (bicyclette, navette fluviale, tramway) ; il partageait la nuit de travail d’ouvriers des voies du métro ; il stabilisait les falaises surplombant une route de montagne ; il montait à bord d’un avion à Nice. Plus contestables étaient les séquences sur le téléphérique du Pic du Midi ou sur un village aérodrome dans le nord, s’agissant de loisirs plus que de « transports » proprement dits.
L’émission répond à un cahier des charges contraignant. D’une part, il s’agit de rencontrer des personnes en chair en en os, usagers des transports, ingénieurs, ouvriers. Chacun se présente, s’approche de la caméra, image floue d’abord puis nette lorsque s’affichent leurs nom, prénom et qualité.
D’autre part, un soin particulier est mis à la qualité des images. Tout est filmé en très haute définition, avec des couleurs légèrement tamisées. Un usage extensif est fait d’images plongeantes, à partir de grues, de drones ou d’hélicoptères. Le cadrage de chaque image est travaillé et ne doit rien au hasard. Une infographie vient souligner le propos de l’émission, par exemple la carte de France dans laquelle les distances de Paris à Toulouse, Marseille ou Lille sont remplacées par les temps de parcours des meilleurs trains.
Enfin, le rôle de la journaliste (Marie Drucker) ne se limite pas à commenter ou interviewer. Elle se mêle aux voyageurs, aux techniciens, aux ouvriers.
« Nous » a défini un format dans lequel prime la qualité. C’est une bonne surprise.