Quand s’expose la faïence de Bordeaux

Le Musée des Arts Décoratifs et du Design de Bordeaux présente jusqu’au 21 septembre une exposition intitulée « De David Johnston à Jules Vieillard, l’ivresse Darrigade ».

 Depuis vingt cinq ans, un couple de la banlieue bordelaise, Laurence et Jacques Darrigade, collectionne les pièces produites, de 1840 à 1895, par la faïencerie de Bordeaux, d’abord propriété de David Johnston jusqu’en 1845, puis de Jules Vieillard jusqu’en 1868, et enfin de ses fils Albert et Charles.

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D’origine irlandaise, David Johnston fut un philanthrope idéaliste et exerça la fonction de maire de Bordeaux. Il a laissé son nom à une rue de la ville. Mais, piètre gestionnaire, il fit faillite et laissa son affaire à son directeur technique, Jules Vieillard. Celui-ci conduisit l’entreprise sur le chemin de la croissance et de la rentabilité. À son apogée, elle employa 1.400 personnes dans deux activités, la faïence et le verre. Jules Vieillard, et plus tard ses fils, combinaient la maîtrise des processus techniques, la capacité à s’approvisionner aux meilleurs coûts, et le talent pour vendre en France mais aussi à l’exportation, y compris aux Amériques. Lui et ses fils surent aussi s’entourer de créatifs doués, en particulier Amédée de Caranza, né en Turquie en 1840 et qui apporta à l’entreprise des couleurs et des inspirations nouvelles, primées dans de nombreux concours, en particulier lors de l’exposition universelle de 1875 à Paris.

 L’entreprise Vieillard déclina à partir des années 1880, sous l’effet du vieillissement de ses propriétaires et aussi de la politique protectionniste de la troisième République, qui renchérit le coke importé de Grande Bretagne et pénalisa les exportations. La faïencerie, puis la verrerie, arrêtèrent leurs activités dans les années 1890.

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 Pas un mètre carré de la maison des Darrigade n’est libre d’assiettes, de soupières, de sculptures, d’horloges en faïencerie Vieillard. Le film projeté à l’entrée de l’exposition donne une idée de leur intérieur transformé en caverne d’Ali-Baba. Son titre évoque « l’ivresse » Darrigade. À vrai dire, c’est de gueule de bois qu’il faudrait parler, tant l’accumulation d’objets empêche d’admirer la beauté singulière de certains d’entre eux.

 C’est le même sentiment d’empilement, d’absence de mise en perspective, d’entassement jusqu’à l’écœurement qui saisit le visiteur de l’exposition. Celle-ci a été cantonnée à deux salles. Une belle occasion a été perdue de faire connaître un grand moment de la vie industrielle et artistique bordelaise. À l’occasion de précédentes expositions, les objets avaient été sélectionnés avec soin et étaient présentés dans les mêmes salles que la collection permanente, dans le superbe Hôtel de Lalande, de la fin du dix-huitième siècle.

 Dommage…

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