Lieux saints partagés

Le Mucem (musée des civilisations d’Europe et de la Méditerranée) présente jusqu’au 31 août 2015 une belle exposition : « lieux saints partagés, chemins de traverse entre monothéismes ».

 Inauguré il y a trois ans lorsque Marseille fut capitale européenne de la culture, le Mucem occupe un magnifique bâtiment à l’entrée du vieux port. Le blog « Diaspores » y a consacré un très bel article.

 

Fuyant en Egypte, la Sainte Famille accueille à son bord un émigrant naufragé
Dans sa fuite en Egypte, la Sainte Famille accueille à son bord un émigrant naufragé

L’exposition « lieux saints partagés » est centrée sur les points de rencontre entre les religions du livre qui dominent l’espace méditerranéen : par ordre chronologique d’apparition, le Judaïsme, le Christianisme et l’Islam. Elle vient à un moment opportun : alimentés par de nombreuses confrontations, au premier rang desquels le conflit israélo-palestinien, le fanatisme et l’intolérance gagnent du terrain. Dans une vidéo projetée sur le parcours de l’exposition, un barbu brise sur le sol la statue en plâtre d’une Vierge de Lourdes. Une autre vidéo présente le tombeau d’un prophète vénéré par le judaïsme et l’Islam dans lequel deux entrées distinctes ont été organisées, les deux communautés étant séparées par une paroi de verre à l’épreuve des balles ; dans d’autres sanctuaires, les Musulmans sont purement et simplement interdits d’accès.

 Pourtant, lorsqu’ils sont loin du vacarme des guerres et de leur trainée de haine, les croyants fréquentent volontiers les lieux de culte d’autres religions. L’exposition consacre un parcours au culte des saints : lorsqu’un saint musulman est réputé avoir les pouvoirs d’un thaumaturge, lorsque par son intercession les récoltes abondent et les dangers reculent, alors accourent des croyants d’autres confessions pour le prier.

 L’exposition met en lumière le rôle particulier de Marie dans l’islam comme dans le christianisme. Lorsque dans une banlieue de Nice la Vierge de Santa Cruz d’Oran est vénérée, de nombreux musulmans se joignent à la procession.

 Le parcours met en lumière le rôle des « passeurs » entre religions, tels Jalal el Dîn Rumi, fondateur des derviches tourneurs, l’orientaliste Louis Massignon ou encore Paolo dall’Oglio, enlevé en Irak en 2013.

 C’est une belle exposition, dont on sort rasséréné, convaincu que l’intolérance n’est pas une fatalité et que les croyants emprunteront à l’avenir des chemins de travers d’une religion à l’autre dans l’avenir comme ils l’ont fait de tout temps.

Le Mucem
Le Mucem

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