Murs de la honte

Le gouvernement hongrois vient d’entreprendre la construction d’une barrière de 4m de haut le long de ses 175km de frontière avec la Serbie pour dissuader les immigrants.

 L’explosion de liesse qui accompagna en novembre 1989 la chute du « mur de la honte » à Berlin a pu laisser penser que la mondialisation était en train de rendre obsolètes forteresses et bunkers. Force est bien de constater qu’à une fluidification croissante des flux d’information, de marchandises et de capitaux répond une terreur accrue des « invasions barbares » et la volonté de se protéger des flux de migrants.

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La fuite de la Sainte Famille en Egypte en 2015. Toile présentée à l’exposition « lieux saints partagés » au Mucem de Marseille

 

La dernière réalisation en date est la construction par l’armée hongroise d’une clôture le long de sa frontière avec la Serbie, d’où proviennent de nombreux migrants. Commencée en juillet, elle devrait s’achever en novembre.

 Les autorités hongroises se justifient en évoquant les clôtures militarisées établies par l’Espagne pour séparer du Maroc les enclaves de Ceuta et de Melilla, ou encore le projet de la Bulgarie d’accroître de 82km la clôture de 30km bâtie à sa frontière avec la Turquie.

 Les barbelés hongrois semblent minables, comparés aux 1.200km de barrière entre les États-Unis et le Mexique, surveillés par 1.800 miradors et des équipements électroniques sophistiqués ; ou encore, comparés aux 700km de la barrière de séparation entre Israël et la Palestine, dans ce cas un véritable mur de béton.

 L’Arabie Saoudite renforce son mur de séparation d’avec le Yémen. Une barrière sépare les communautés grecque et turque de Chypre. L’Égypte se protège par une séparation de Gaza, le Koweït de l’Irak, la Malaisie de la Thaïlande. La France et la Grande-Bretagne renforcent les grilles protégeant le port de Calais et le terminal Eurotunnel. Etc.

 Le plus terrible, c’est l’accoutumance. On finit par s’habituer, par considérer que les murs sont inévitables, voire légitimes. Il est temps de nous laisser pénétrer de nouveau par l’esprit de Berlin. Les murs, avant d’être construits de béton, d’acier et de courants électriques, sont faits de haine, de méfiance et mépris de l’autre. Il ne faut pas s’y résigner, encore moins les applaudir. Ce sont les murs de la honte.

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Séparation entre les Etats-Unis et le Mexique

Une réflexion sur « Murs de la honte »

  1. Oui, oui, oui, tout ça est bel et bon et empreint de bons sentiments. Mais la comparaison avec le mur de Berlin est audacieuse: je rappelle que celui-ci séparait un seul et même pays, une nation, un peuple, ce qui n’est pas le cas dans les exemples que tu cites.
    Par ailleurs, n’y a -t-il pas quelque hypochrisie de notre part à nous, Français, de menacer de dénoncer les accords de Schengen si les autres Etats de l’Union ne protègent pas les frontières la-dite Union et, lorsqu’ils le font, de dénoncer les moyens qu’ils emploient. Que proposes-tu d’autre, ami?

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