Diffusé récemment par Arte TV, le film Copacabana de Marc Fitoussi (2010) est une agréable comédie dont le premier rôle est tenu par Isabelle Huppert.
Babou (Isabelle Huppert) est, selon le réalisateur et scénariste Marc Fitoussi, « une femme inconséquente et foutraque ». Bien qu’approchant la soixantaine, elle n’a ni mari, ni travail, ni voiture en état de marche. Ce qu’elle a, ce sont des dettes, des souvenirs de pays exotiques et Esméralda, une fille de 24 ans. Babou a l’esprit de Bohême, elle aime l’imprévu et tient par-dessus tout à sa liberté.
Esméralda (Lolita Chammah) est à l’opposé de ce que sa mère aurait volontiers fait d’elle : la gitane de Notre-Dame de Paris, vivant de musique et d’amours de passage, en marge de la vie ordinaire. Esméralda entend se marier à l’église avec un homme normal, agent commercial, fils de bonne famille.
Babou se rend compte que sa vie mène à une impasse. Sa fille ne veut pas qu’elle assiste à ses noces, elle craint qu’elle lui fasse honte ; elle a annoncé à sa belle-famille que sa mère est en vacances à Copacabana et ne rentrera qu’après la fête.
Mais Babou n’est pas une femme qui renonce facilement. Dans sa vie de marginale, elle a affronté et surmonté des épreuves. Elle saute sur une occasion qui se présente : vendre, en plein hiver, des appartements en copropriété à Ostende, sur la mer du Nord. Tout dans ce travail heurte ses principes : le port obligatoire du tailleur, le vouvoiement des supérieurs, l’arnaque des futurs clients. Pourtant, son esprit d’adaptation fait merveille : dès le premier soir, elle rencontre des locaux qui lui indiquent les bons plans, elle fait du chiffre, elle est promue à vendeuse experte.
Babou a désormais un travail et un revenu ; elle pourra prouver à sa fille qu’elle a changé, qu’elle est devenue une femme respectable, une invitée acceptable pour sa noce. Toutefois, elle ne peut s’empêcher de loger clandestinement de nuit des SDF dans l’immeuble en multipropriété dont elle vend les appartements de jour. Les choses se compliquent… Mais Copacabana est une comédie, on attend le « happy end ». Un jeu de roulette et une troupe de danseurs brésiliens feront l’affaire.
Isabelle Huppert joue un personnage complexe. Profondément égocentrique, parlant principalement d’elle dans les conversations, elle ne s’intéresse guère aux autres ; mais elle a aussi le cœur sur la main, jusqu’à mettre en péril sa propre situation pour venir en aide à des gens démunis mais qu’elle juge « amusants ». Elle est irresponsable, trop attachée à sa liberté ici et maintenant pour se lier par des engagements ; mais aussi profondément liée à sa fille, au point d’accepter un travail à l’opposé de ses convictions et d’aider son gendre, pourtant un modèle d’ennui selon ses critères, à la reconquérir après une dispute.
J’ai aussi aimé le jeu d’actrice d’Aure Alika, dans le personnage de la chef d’équipe commerciale qui deviendrait volontiers amie de Babou, mais veille avant tout à conserver son poste.
Citons pour finir une répartie. Babou fait visiter un appartement à un couple accompagné d’une ravissante petite fille. « C’est charmant à cet âge là… C’est ensuite que ça vous chie sur la tête ! »