Le musée-atelier du chapeau à Chazelles sur Lyon, dans les monts du Lyonnais, offre au visiteur un parcours rempli de nostalgie.
Chazelles sur Lyon est une petite ville située à une quarantaine de kilomètres à l’ouest de Lyon, proche de Saint Galmier (la source Badoit) et des monts du Forez. Elle a dû pendant quatre siècles sa prospérité à une spécialité : la chapellerie de feutre de poil de lapin domestique, de lapin de garenne et de lièvre.
Artisanale depuis le seizième siècle, l’activité s’est industrialisée au milieu du dix-neuvième siècle. En 1930, la ville comptait 28 usines et 2.500 ouvriers, sans compter les sous-traitants (par exemple ceux qui imprimaient les logos du fabriquant sur la doublure au revers des chapeaux. L’une des machines exposées dans le musée, et en état de fonctionnement, fut fabriquée à Chazelles par un équipementier initialement spécialisé dans la production de matériel agricole.
Les photos de foule des années trente montrent que tous, hommes et femmes, portaient un couvre-chef. Après la seconde guerre-mondiale, le chapeau et la casquette sont tombés en désuétude. Le dernier chapelier de Chazelles a fermé ses portes en 1997.
Une usine, l’usine Fléchet, a été conservée et transformée en musée-atelier. Un parcours a été organisé pour les visiteurs. Au sous-sol, on suit pas à pas la fabrication d’un chapeau de feutre, depuis la réception des fibres jusqu’à la finition du produit. Des machines ont été remises en état de fonctionnement, ce qui permet à des guides de faire une démonstration vivante des stades successifs de la fabrication. On imagine les conditions de travail des ouvriers et des ouvrières travaillant dans un bruit assourdissant, avec des feutres brûlants de vapeur dans les mains et des poussières dans les poumons.
Au rez-de-chaussée sont exposés des modèles de chapeaux de la Renaissance au vingtième siècle. À la brutalité du processus de production s’oppose la légèreté d’articles de mode portés par des élégantes et des dandys.
Le musée-atelier produit quelques chapeaux chaque année dans un but touristique et pédagogique. Le temps est loin où l’on produisait chaque année à Chazelles 5 millions de pièces, dont beaucoup étaient exportées dans le monde entier. On ne sait que penser du travail de mémoire dont le musée-atelier est l’outil : il constitue à la fois un hommage à des générations qui ont su faire d’une petite ville un pôle d’excellence dans son domaine, et un aveu d’impuissance devant une histoire qui laisse si vite sur le sable des fleurons industriels, et qui ne repassera pas les plats.