Le musée d’art moderne de la Ville de Paris consacre jusqu’au 7 février une intéressante exposition au « roi du pop art » : « Andy Warhol unlimited »
« Si vous voulez tout savoir sur Andy Warhol, regardez simplement à la surface : de mes peintures, de mes films et de moi, je suis là. Il n’y a rien derrière. » C’est ainsi que se définissait lui-même l’artiste (1924 – 1987) dans une interview donnée en 1967.
Tout ramener à une surface plane, répéter le même motif des dizaines ou des centaines de fois, n’y introduire que des changements de couleur ou de contraste : ce principe artistique se retrouve tout au long de l’exposition, en particulier dans la gigantesque salle où sont présentées les 118 toiles « shadows », sur lesquelles Warhol sérigraphie alternativement des images abstraites en positif et en négatif.
Andy Warhol est obsédé par la répétition, par le lavage de cerveau auquel sont soumis les citoyens matraqués par les médias. Aux États-Unis, ce sont les objets de consommation produits en masse par des sociétés anonymes (« limited »). C’est le visage de Jackie Kennedy, radieuse ou bouleversée avant et après l’attentat du 22 novembre 1963, reproduit à des millions d’exemplaires par les journaux et les magazines. La chaise électrique qui servit à exécuter Julius et Ethel Rosenberg devient elle-même un motif de papier peint.
En Chine, Mao Dze-Dong avait lancé les Gardes Rouges dans la révolution culturelle pour écraser toute forme de liberté d’expression artistique. Andy Warhol caricature l’omniprésence du chef en reproduisant son visage à l’infini, tout en introduisant par la couleur des changements qui ridiculisent le gris officiel.
Lorsqu’Andy Warhol filme en gros plan des visages (Screen tests, 1965) et que, pour étirer le temps il projette à 16 images par seconde des images filmées à 24/seconde, il tourne le dos à la beauté involontaire des produits de masse pour laisser le spectateur pénétrer l’âme même des personnes placées devant la caméra.