Dans son dernier film, « l’homme irrationnel », Woody Allen renoue avec les jeux du hasard et du destin qui avaient marqué « Match point ».
Abe (Joaquin Phoenix) est un professeur de philosophie brillant mais dépressif. Rien ne va dans sa vie : des amours sans suite, un ami assassiné au Moyen-Orient, un profond sentiment d’inutilité, un doute radical sur la pertinence de la matière qu’il enseigne. Il se sent bloqué, asphyxié, impuissant au propre comme au figuré.
L’une de ses étudiantes, Jill (Emma Stone) entreprend de le tirer du néant où il est englué. À vrai dire, elle trouve bien plus fascinant ce quadragénaire que son petit copain en titre, aussi gentil qu’insipide. Ce n’est pas l’amitié avec Jill qui redonnera à Abe le goût de vivre, pas même l’opportunité de répondre à son désir. Jill et lui surprennent dans un café une conversation qui les met sur la piste d’un juge pourri.
Voilà, se dit Abe, le moyen de faire de sa vie quelque chose d’utile : débarrasser le monde d’un être nuisible. Il parvient à assassiner le juge sans laisser ni trace ni soupçon. Il respire désormais, a envie de croquer la vie à pleines dents, projette de refaire sa vie en Europe avec une collègue, la belle Rita (Parker Posey) qui ne rêve que de cela.
Seulement, voilà : Jill finit par avoir des doutes, puis des certitudes, sur la culpabilité d’Abe dans l’assassinat du juge. Elle devient si gênante qu’Abe comprend que son destin passe par la suppression « accidentelle » de la jeune étudiante. Il y a quelques semaines, alors qu’il était à une fête foraine avec Jill, Abe avait tiré le gros lot. C’est de nouveau un coup du sort qui va sceller son destin.
« L’homme irrationnel » est un excellent thriller. La bande sonore, à base de jazz, souligne le caractère inquiet et instable des personnages.