Chicago, comédie musicale

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La comédie musicale Chicago est à l’affiche depuis treize ans à Londres. Cette longévité se justifie par la qualité du spectacle et de ses acteurs.

D’emblée, nous sommes avertis : nous entrons dans le monde louche du Chicago de la prohibition, un monde de sexe et d’alcool, un monde où un avocat habile peut faire acquitter un criminel et le propulser dans la gloire. C’est précisément de gloire que rêvent Roxie Hart et Velma Kelly, emprisonnées pour meurtres, qui rivalisent dans la séduction à l’égard de l’avocat Billy Flynn, qui pourra leur procurer acquittement et célébrité.

La mise en scène tient de l’exploit. Il n’y a pas de fosse d’orchestre au Cambridge Theatre, et les musiciens sont placés sur une tribune faisant face aux spectateurs. Intelligemment, cet inconvénient est transformé en un atout : la tribune sert d’extension à l’espace exigu du plateau et les acteurs interagissent fréquemment avec les musiciens.

La virtuosité des acteurs-chanteurs-danseurs déjoue les lois de la gravité. Nous oublions dans le rythme de la musique le poids des journées d’hiver, nous sommes étourdis de sauts et pirouettes, nous sommes émerveillés par la souplesse et la grâce des corps. Plusieurs scènes sont inoubliables, en particulier celle-ci. L’avocat convoque la presse pour raconter l’histoire, réarrangée par lui, de Roxie. La jeune femme est sur ses genoux pendant que les journalistes forment autour d’eux un ballet scintillant. L’avocat chante comme un ventriloque, et c’est Roxie qui ouvre la bouche exagérément. La fascination des médias pour le fait divers croustillant, leur manipulation par un homme qui considère la justice comme un pur spectacle, sont rendues de manière drôle et cruellement vraie. Un peu plus tard dans le spectacle, une jeune étrangère proteste de son innocence mais, faute d’un tel appui, est condamnée à la pendaison : son jugement et son exécution sont évoquées brièvement mais avec une grande force.

Critique sociale, érotisme, rythme, jaillissements, élégance. Quel bon spectacle !

Illustration : Chicago, au Cambridge Theatre de Londres.

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