Totem, le Cirque du Soleil

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Comme chaque année, Le Cirque du Soleil occupe l’affiche du Royal Albert Hall en début d’année pendant plusieurs semaines. Le nom du spectacle présenté cette année est « Totem ».

A la base des spectacles du Cirque du Soleil se trouve toujours une mise en scène et une machinerie. Totem est construit autour d’un plateau circulaire surmonté d’une sorte de dôme constitué de tubes emboités qui ont l’apparence d’os de dinosaures. Dès la première scène, des acrobates exécutent un ballet dans les intervalles de la structure, s’élancent d’un trampoline, virevoltent en prenant appui sur ses montants. Leur habit de scène est étincelant de couleurs. Plus tard dans le spectacle, le dôme sert de baldaquin ou de fond de scène.

Au second plan, des images de vagues se brisant sur une grève ou de torrent se frayant un passage entre les rochers se projettent sur un plan incliné. Vers la fin du spectacle, on voit des nageurs glisser au fil de l’eau ; exactement au point où ils arrivent au bord du plan incliné émergent des nageurs identiques, mais en chair et en os. Le plan incliné joue un rôle important dans la circulation des acteurs : une passerelle articulée s’en détache parfois et se déploie jusqu’au plateau central ; de multiples trappes s’ouvrent opportunément.

Le Cirque du Soleil offre un spectacle totalement tridimensionnel, dans lequel les corps se jouent gracieusement de la pesanteur. Sans doute faut-il aussi ajouter une quatrième dimension, celle de la musique, omniprésente et résolument cosmopolite. Et aussi une cinquième, celle de la lumière et de la couleur.

Tout est chorégraphié. Les accessoiristes sont grimés en chimpanzés, en hommes préhistoriques ou en traders de la City ; les accessoires sont escamotés le temps d’une pitrerie ou d’un pas de danse, quand ils ne sont pas aspirés verticalement jusqu’à plusieurs dizaines de mètres du sol.

S’il ne faut retenir qu’un numéro de ce magnifique spectacle, je citerai celui d’un couple de trapézistes. Il ne s’agit pas d’athlètes voltigeant d’un trapèze à un autre. Ils partagent la même barre horizontale maintenue par deux cordes verticales, mais leur coexistence est plutôt violente. Ils se font face, s’entrelacent, se séparent, se lâchent et se rattrapent brusquement. En fusion, ils n’aspirent qu’à voler de leurs propres ailes ; éloignés de quelques centimètres, ils n’aspirent qu’à se rejoindre sans trêve. C’est une pure allégorie de la vie en couple, où le désir de l’autre est aussi violent que la soif d’exister par soi-même.

Photo The Guardian : Totem, spectacle du Cirque du Soleil au Royal Albert Hall.  

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