Boyhood

« Boyhood », film de Richard Lindlaker (2014), raconte la vie d’un garçon de l’âge de 6 ans à 18 ans.

Beaucoup de films sont consacrés à l’enfance, mais ils se concentrent sur une tranche de vie. Le pari de Richard Lindlaker a été de réunir les mêmes acteurs chaque année pour quatre jours de tournage entre 2002 et 2012. Il a fallu trouver des producteurs d’accord pour financer un projet qui ne rapporterait qu’au bout de treize ans ; avoir confiance dans la constance des acteurs tout au long de ce projet, celle des enfants devenant adolescents et adultes et celle des adultes devant jongler avec des agendas chargés ; réunir la même équipe technique d’une année sur l’autre ; filmer avec un même rendu d’image malgré le basculement vers le numérique.

« Boyhood » est centré sur le personnage de Mason (Ellar Coltrane), un petit garçon de 6 ans au début du film. Il est élevé, avec sa sœur Samantha (Lorelei Lindlaker) par leur mère Olivia (Patricia Arquette). Le père, Mason Sr (Ethan Hawke), est absent, ou plutôt fait un retour tonitruant auprès de ses enfants. Tout oppose Olivia et le père de ses enfants. Elle lutte au jour le jour pour étudier, obtenir un travail de professeur, éduquer au mieux Mason et Samantha. Elle rêve du grand amour, se marie et divorce. Mason Sr est fantasque. Il se rêve comme artiste chanteur mais se trouve souvent sans travail. Peu à peu cependant, il trouve sa voie, se marie à une femme qu’il aime, a avec elle un autre enfant et devient pour son fils un complice avec lequel il est possible de se livrer.

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Les plans se succèdent sans transition. On se trouve soudain quelques mois plus tard. Mason observe sa mère tomber amoureuse d’un professeur de l’université où elle est étudiante, Bill (Marco Perella). Plus tard, la famille recomposée par Olivia et Bill, avec quatre enfants, est devenue un enfer, avec un chef de famille autocrate alcoolique qui exige de Mason qu’ils se fasse raser les cheveux « pour être un homme ». L’exfiltration de Mason et Samantha de la maison de Bill tourne au bras de fer.

Deux scènes concluent ce film magnifique. Mason se prépare à quitter la maison pour l’université. Il trouve sa mère en larmes. En apparence, elle a mené à bien son projet de vie : elle a réussi ses études, bien qu’entreprises tardivement ; elle exerce le métier de professeur qu’elle a choisi ; elle a réussi l’éducation de ses enfants. Pourtant, elle est effondrée, dénuée d’un quelconque projet qui vaille pour l’avenir. Et Mason, excité par la perspective d’une nouvelle vie, ne peut comprendre la détresse de sa maman.

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Mason vient d’arriver à l’université. On l’invite à une excursion dans le désert texan en compagnie d’une étudiante qu’il ne connait pas. Les deux sont assis face à un paysage splendide. Ils échangent peu de mots. Tout est dans leurs regards, pudiques et sensuels, chargés de leurs passés respectifs et d’un avenir à inventer.

Je n’avais pu voir Boyhood lors de sa sortie en salle, et c’est donc en DVD que j’ai pu le regarder. Richard Lindlaker dit qu’il a voulu présenter une famille ordinaire à laquelle le spectateur puisse s’identifier. Son objectif était de faire réfléchir sur l’enfance, la parentalité et le temps qui passe. Le résultat est remarquable.

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