« Le symbole Kai » est le premier roman de José-Miguel Guimaraes, avec qui j’ai eu l’occasion de travailler au Portugal dans l’assurance-crédit il y a une douzaine d’années. Il est publié en castillan par Amazon et disponible sur Kindle.
Âgé de trente-deux ans, Martín Pomar vit une existence tranquille et solitaire. Il est le professeur de mathématiques vedette de la Très-Sainte Trinité, un lycée catholique d’élite, reconnu au point d’être déchargé de classes par l’établissement pour se présenter à un concours télévisé de calcul mental.
Deux personnes occupent une place spéciale dans la vie de Martín : sa tante Ruth, qui l’a élevé après la mort de ses parents, l’a initié aux jeux mathématiques et constitue à ses yeux un modèle d’affection et de dévouement désintéressé ; et aussi Lucas, un vieil original, un marginal qui le vouvoie et qui, depuis l’enfance, ne cesse de lui faire bénéficier de sa sagesse. Parlant de Lucas, Martín dit « j’appris de cet être bizarre, de traits bohémiens, la représentation la plus achevée d’un homme du passé, d’une époque révolue qui ne reviendra plus, de savoir fertile et d’éducation épurée. Un amalgame insolite d’éthique et d’esthétique, un combattant aguerri des causes perdues, tanné par les mille châtaignes esquivées pendant sa vie, et peut-être un romantique. »
Et il y a une absente, son premier amour adolescente, Cecilia dont il n’a pas eu de nouvelles depuis que ses parents l’ont obligée à rompre. Cecilia dont le manque ronge sa vie jour après jour, de sorte que chaque jour est un jour perdu.
Tout se précipite dans la vie de Martín. Il fait une découverte bouleversante au point de lui provoquer des syncopes : l’existence d’un nombre ultime, désigné par le symbole kai. Si la série des nombres est finie, alors l’existence d’un Dieu infini devient impossible, alors l’Église est une imposture. La hiérarchie catholique est bien décidée à réduire au silence la grenade dégoupillée qu’est devenu le professeur fétiche de la Très-Sainte Trinité.
Les personnes qu’il aime le plus au monde, la tante Ruth et le gourou Lucas, meurent. Et surtout, Cecilia frappe à sa porte avec l’intention de partager sa vie, 16 ans après leur séparation forcée. Pourront-ils récupérer toutes ces années perdues et toutes les caresses qu’ils ne se sont pas données ?
J’ai lu avec plaisir et admiration le premier roman de José-Miguel Guimaraes. Avec admiration parce que l’écriture d’une fiction faisait partie de mon plan initial de retraite et que je ne me suis pas encore senti capable d’en écrire la première ligne. Avec intérêt, car les personnages sont de belles personnes, généreuses, droites, rebelles aux compromissions, attachées et attachantes.
Le style de José-Miguel Guimaraes, comme celui de son personnage Lucas, est un peu ancien, chargé de vocabulaire choisi. Le lecteur aimerait parfois plus de concision (la version imprimée compte 420 pages), une intrigue plus resserrée. Mais l’auteur nous prend par la main et nous emmène dans le monde qu’il a créé, et l’expérience qu’il nous offre est agréable.