A touch of sin

Arte TV a récemment diffusé “a touch of sin”, film de Zhang-ke Jia, qui obtint le prix du meilleur scenario au festival de Cannes en 2014.

Le film raconte quatre histoires dans quatre régions de la Chine d’aujourd’hui. Un mineur se bat depuis douze ans pour dénoncer les pots de vin versés lors de la privatisation de la mine. Il se heurte à un mur de déni et d’incompréhension, et son désir de justice vire peu à peu à la paranoïa et à la haine. Lorsqu’il se fait tabasser par des hommes de paille à la solde du patron, lorsque ceux-ci tentent d’acheter son silence, c’en est trop. Il s’arme d’un fusil et abat froidement ceux qui, à ses yeux, sont des corrompus. En passant, il assassine aussi une brute qui fouette son cheval jusqu’au sang.

Un homme parcourt le pays de long en large à moto, armé d’un révolver. Lorsqu’il est attaqué, il n’hésite pas à abattre froidement ses agresseurs. Lorsqu’il a besoin d’argent, il repère ses proies aux distributeurs de billets, les tue en même temps que les témoins et s’empare du portefeuille.

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Une femme d’une trentaine d’années travaille comme réceptionniste dans un salon de massage. Quand un client furieux qu’elle se refuse à lui commence à la battre, elle le tue avec le couteau que lui a laissé son amant avant de la quitter pour un voyage sans retour.

Un jeune homme passe de travail en travail, se heurtant partout à l’injustice. Il trouve enfin un bon travail de serveur dans un club chic où les demoiselles se présentent aux clients en uniforme sexy de gardes rouges. Il tombe amoureux de l’une des pensionnaires, mais c’est un amour impossible. Il se suicide.

« A touch of sin » est un film terrible sur la violence de la Chine d’aujourd’hui. « La transformation rapide de la Chine, dit le réalisateur Zhang-ke Jia, s’est faite au profit de certaines régions mais également au détriment d’autres. L’écart entre riches et pauvres se creuse de plus en plus (…) Pour les plus faibles la violence peut devenir le moyen le plus rapide et le plus efficace de conserver leur dignité. »

C’est aussi un très beau film, magnifiquement filmé et interprété. On retiendra la récurrence des métaphores animalières : les poissons rouges que la jeune prostituée libère dans une rivière, un serpent traversant une route, des buffles dans un camion, un cheval qu’on maltraite, le tigre qui orne le tissu camouflant une carabine. Le film prend, par moments, une teinte décidément poétique.

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