Les circuits de distribution ont eu la bonne idée de sortir de nouveau en salle « The Party », un film de Blake Edwards (1968) avec Peter Sellers dans le rôle principal : hilarant.
Hrundi V. Bakshi (Peter Sellers) est un acteur indien engagé sur le tournage d’un film d’action sur le conflit entre l’Empire Britannique et des insurgés dans l’Inde coloniale. C’est Monsieur Catastrophe. Chargé de sonner le clairon du sommet d’une colline, il y arrive si épuisé que le souffle n’est plus qu’un râle répété. Il s’empêtre les pieds dans un câble et appuie involontairement sur la commande de déflagration des explosifs chargés de détruire un fortin ; le seul ennui, c’est que les caméras ne filment pas.
Hrundi est black-listé. Par inadvertance, son nom est porté sur la liste des invités à une « party » chic dans une somptueuse villa. Et voici Monsieur Catastrophe lancé comme un éléphant dans un magasin de porcelaine, image justifiée d’ailleurs puisque lorsque la soirée finit par dégénérer totalement, un véritable éléphanteau entre en scène.
Les gags se succèdent aux gags à un rythme effréné selon un scénario réglé au millimètre. Un serveur boit les whiskies que l’Indien abstinent laisse sur le plateau et devient vite hors de contrôle. Le papier toilette se dévide totalement et, enfourné dans la cuvette, provoque un dégât des eaux. Il faut mettre les tableaux à l’abri de l’inondation, mais lorsque passe le tableau figurant la maîtresse de maison, son mari apostrophe le serveur : « imbécile, j’avais dit seulement les tableaux de valeur ! ». Un poulet s’échappe d’une assiette et vient se planter dans la coiffe d’une convive.
Outre les mimiques inimitables de Peter Sellers, le ressort comique du film est principalement l’impassibilité totale des personnages. La dame qui reçoit de plein fouet un poulet sur la tête ne s’en rend pas le moindre compte. Alors que la fête a totalement dégénéré, que les piscines ont été transformées en bain moussant, que les danseurs russes sont tombés à l’eau, l’orchestre continue à jouer comme si de rien n’était.
« The Party » a près de cinquante ans. Blake Edwards est mort en 2010 à l’âge de 88 ans, et Peter Edwards en 1980 à l’âge de 54 ans. Mais ce film déclenche encore des vagues de fou-rire. Un prodigieux remède contre la mélancolie, hors d’âge !