Au Mont Saint-Michel

Traverser à pied la Baie du Mont Saint-Michel, se joindre à la foule des touristes qui visitent l’Abbaye, constituent des expériences inoubliables.

Ce matin, la fortune nous sourit. La journée devrait être exempte des averses qui traversent la Normandie depuis des semaines. Plusieurs dizaines de personnes sont rassemblées vers 9h au Grouin du Sud, une falaise située à 7km à vol d’oiseau du Mont Saint-Michel. Des groupes d’une cinquantaine de personnes sont constitués, chacun sous la conduite d’un guide et d’un assistant. Les consignes : porter un short et des chaussures de tennis, emmener dans un sac à dos de l’eau, un pique-nique et des vêtements de pluie, ne jamais s’éloigner du groupe.

L’approche du Mont Saint-Michel dure environ trois heures. Il faut franchir des passages vaseux où les pieds s’enfoncent profondément dans la glaise. On franchit à gué la rivière Sée Sélune avec de l’eau jusqu’aux genoux. On marche longuement, pieds nus, sur des bancs de sable durs ou moelleux, plats ou hérissés de vaguelettes. On s’essaie à danser sur les sables mouvants.

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Deux rochers granitiques émergent de l’immensité sablonneuse. L’un est inhabité, Tombelaine. Sur l’autre rocher a été bâtie, du 10ième au 18ième siècle, une abbaye qui s’accroche à la roche. Au pinacle de la basilique romane, la statue dorée de l’Archange Saint Michel effectue la jonction de la matière et du ciel.

À mesure que l’on chemine dans l’immensité horizontale vers ce lieu de verticalité, l’émotion nous gagne. Pieds et jambes maculés de vase, nous nous hissons sur la terre ferme. C’est un moment magique que ne ternit pas le prosaïsme du sandwich rapidement avalé sur l’espace bétonné qui donne accès à la cité. Lorsque nous nous remettons en marche pour rejoindre le continent, nous nous retournons de loin en loin pour jouir, une dernière fois, de la vue sur ce site béni des dieux.

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Le surlendemain de notre marche, nous revenons au Mont Saint-Michel pour visiter le site de l’intérieur. Du parking, des autobus-navettes emmènent les touristes jusqu’au site. De gigantesques travaux ont été entrepris pour désensabler la Baie. Un barrage a été construit sur la rivière Couesnon Des lâchers d’eau sont effectués de temps en temps pour chasser les sédiments vers la mer.

Dans la cité, la cohue est indescriptible. De nombreux groupes scolaires sont accompagnés par leurs enseignants. On croise aussi des groupes de retraités s’exprimant dans une multitude de langues. À l’exception du réfectoire des moines, où est présentée une magnifique exposition de photographies du site par Michael Kenna, les bâtiments ne sont pas vraiment beaux. C’est leur extraordinaire enchevêtrement qui frappe le visiteur. Chaque escarpement de la roche a été exploité par les architectes pour accrocher de nouveaux volumes, de nouveaux espaces à vivre.

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Les manuscrits réalisés par les copistes de l’Abbaye sont conservés dans un musée spécialement conçu à Avranches, le Scriptorial. Il mérite la visite. On y découvre la légende de la création du Mont Saint Michel, comment Saint Aubert, évêque d’Avranches, reçut la visite de l’Archange qui lui intima l’ordre de bâtir une abbaye sur le mont Tombe ; comment, après avoir résisté à la pression, il finit par s’atteler à la tâche ; comment il envoya une délégation au monastère Saint Michel du Gargano, dans les Pouilles, pour y chercher des reliques du Saint. Je n’ai pu comprendre, dans le parcours du musée, en quoi consistaient les reliques d’un Archange, un être par définition incorporel, mais je n’ai pu obtenir de réponse. Satisfaire ma curiosité constituera un motif supplémentaire pour revenir au Mont Saint-Michel !

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L’Archange Saint-Michel ordonne à l’évêque Aubert de construire un sanctuaire sur le Mont Tombe

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