Le village d’Antraigues sur Volane est tout entier pénétré du souvenir de Jean Ferrat.
Le site d’Antraigues, dans les montagnes ardéchoises proches de Privas et de Vals, est emprunt de solennité – la vieille ville est construite en à-pic au-dessus d’un ravin et un haut clocher la surmonte – et d’humilité – le village est immergé dans un écrin de verdure. On comprend qu’il ait séduit Jean Ferrat, rebelle et doux, exigeant et docile.
Des dizaines de visiteurs, souvent d’âge très mur, viennent ici en pèlerinage. Ils déjeunent au restaurant « La Montagne », achètent disques et livres souvenirs, se recueillent devant le caveau familial où repose Jean Tenenbaum, dit Ferrat. Sur le place du village, des banderoles portent le texte de chansons de Ferrat, dont naturellement « Ma France ». Des affiches annoncent des concerts en hommage au chanteur. Dans l’église, que Ferrat ne fréquentait pas, un livre d’or recueille des témoignages qui lui sont presque exclusivement consacrés.
Pourtant, le village ne semble pas se résoudre au rôle de sanctuaire que le destin semble lui réserver. L’office de tourisme promeut les randonnées pédestres, aucune rue ne porte le nom du héros, on ne visite pas sa maison, aucun musée ne lui est consacré.
Antraigues sur Volane semble craindre de profaner sa délicate intimité avec Jean Ferrat et considérer les pèlerins comme des intrus. A force de silencieuse insistance, ceux-ci se feront-ils une petite place au soleil ?
Photo « transhumances » : banderole sur la place d’Antraigues sur Volane, en face du restaurant « La Montagne ».