L’un des plaisirs de la station girondine Carcans Maubuisson, sur la Côte d’Argent, c’est la bicyclette.
Au mois d’août, une foule de cyclistes de tous âges empruntent les dizaines de kilomètres de pistes qui, de Lacanau à Hourtin, longent les lacs, enjambent les dunes et serpentent sous les futaies de pins maritimes. Ils roulent à vélo ou en tandem ou même en BMX, tractent des carrioles où dorment de petits enfants, portent des gamins sur des sièges fixés à leur porte-bagage, sont chargés de serviettes, de piqueniques, de parasols et de tentes de plage.
Ils jouissent du gymkhana que propose la piste cyclable les jours d’affluence. Un peloton d’une vingtaine de cyclistes s’arrête soudain à un carrefour et bloque le passage, offrant ainsi aux autres usagers l’occasion de profiter, eux aussi, du chant des criquets. Un adolescent descend une côte à fond la caisse, le regard tourné sur la petite amie qui pédale loin derrière lui : s’il vous évite, alors que vous grimpez péniblement en sens contraire, c’est une manifestation irréfutable de la Providence. Une famille amoureuse des bêtes laisse gambader librement son chien : c’est par l’expérience qu’il apprendra le code de la route. Sur la piste, on éprouve des frissons de fête foraine, de train fantôme et de montagne russe.
La piste cyclable offre des moments magiques. Dans une côte, devant vous, les lignes magnifiques d’une jeune fille dans l’effort, et la vision furtive du décolleté sublime de celle que l’on croise en pleine descente. Un petit garçon et une petite fille de six ou huit ans, coiffés d’un casque de combat : pour suivre le rythme des adultes, leurs jambes moulinent à une vitesse incroyable ; dans les côtes, ils sont admirables dans leur effort pour surmonter le découragement et rester en selle.
Les effluves de forêt et de dune. Le soleil et les arbres, leur jeu d’ombres et de lumière. La sueur qui goutte sur le corps, et le corps qui, tout à l’heure, s’immergera dans l’océan. La bière que l’on déguste à la terrasse d’un café pour étancher sa soif et laisser son cœur palpiter, doucement.