« L’emprisonnement est un dernier recours », dit la loi. Mais l’opinion publique ne l’entend pas de cette oreille.
Le 26 mai dernier, une belle unanimité se dégageait de l’assemblée annuelle de l’Association Nationale des Visiteurs de Prison (ANVP). La prison est certes nécessaire dans la panoplie des peines que peut prononcer un juge. Mais il est rare qu’elle provoque chez un infracteur un « choc salutaire ». Elle est très souvent désocialisante : une personne incarcérée perd son emploi, ses relations familiales sont endommagées, une image de repris de justice lui colle à la peau. La prison joue souvent le rôle de pôle emploi du crime.
Pendant le congrès de l’ANVP, on insista sur la priorité à donner à un retour harmonieux de la personne condamnée dans la société. Le pire du pire, c’est de condamner à la prison parce qu’on ne connaît pas la personne : il faut s’organiser pour disposer sur elle d’un maximum d’informations avant de prononcer une peine.
Une peine, c’est une punition. Mais c’est aussi « cadrer » la personne qui s’est égarée, souvent en raison d’une grande solitude sociale ; en cela, c’est une main tendue, une véritable opportunité. La prison à fort niveau de sécurité, celle qui constitue le modèle presque unique en France, ne devrait pas être la seule solution : on peut imaginer un développement de la détention sous contrainte (bracelet électronique) et, comme à l’étranger, des niveaux de sécurité différents dans les prisons selon le degré de dangerosité des personnes détenues.
Un fort consensus se dégageait, le 26 mai, sur ces idées. Trois jours plus tard, à Liège, Benjamin Herman commettait une attaque terroriste à Liège. Il avait bénéficié d’une autorisation de sortie d’une journée pour préparer son reclassement, puisqu’il était libérable en 2020. Il avait déjà bénéficié de 11 autorisations de sortie d’une journée et de 13 congés pénitentiaires de 2 jours, et était revenu en détention sans difficulté.
Pour une partie de l’opinion publique, cet attentat prouvait qu’il fallait serrer la vis, que les juges étaient laxistes, que l’ambition de réinsérer les personnes détenues relevait des Bisounours.
Les peines alternatives constituent une évidence pour ceux qui fréquentent de près les prisons. Les faire accepter à l’opinion publique s’apparente au rocher de Sisyphe.