Dans Àma Gloria, la réalisatrice Marie Amachoukeli raconte l’amour entre une petite fille de six ans et sa nounou venue du Cap Vert.
Cléo (Louise Mauroy-Panzani) vit avec son père (Arnaud Rebotini) dans un pavillon de banlieue. Il revient tard le soir du travail. C’est la nounou de la petite fille, Gloria (Iliça Moreno Zego), qui s’occupe d’elle au quotidien, l’emmène à l’école, lui donne le bain, lui chante une chanson douce au moment du coucher. La maman de Cléo est morte du cancer. Gloria est devenue sa maman de substitution.
Gloria a laissé ses deux enfants, Fernanda et Cesar, à la garde de sa mère au pays, pour pouvoir travailler en France et réaliser son grand projet : construire un hôtel dans son île. Quand celle-ci décède, elle aussi du cancer, il lui faut revenir d’urgence au pays.
Pour Cléo, ce départ est un nouveau traumatisme. Son père accepte qu’elle fasse, pendant les vacances d’été, un séjour chez Gloria. Débarquée à l’aéroport, elle entre dans un monde totalement nouveau : les paysages, les palmiers secoués par le vent, l’océan. Il faut surtout qu’elle se fasse une place dans la famille de Gloria.
Cesar porte un regard hostile sur cette intruse que sa mère considère comme sa fille, alors que, lui, elle ne l’a pas élevé. Fernanda est sur le point d’accoucher. Lorsque naît le bébé, Santiago, il capture toutes les attentions et Cléo se sent comme rayée de la carte.
L’île de Gloria est volcanique. « Et pour moi, dit la réalisatrice, l’enfance c’est ça. Ce n’est pas du tout un territoire tranquille. C’est un terrain volcanique, débordant de tout : dans tes relations, dans ton imaginaire, dans ton ressenti du monde, où tout est une épopée. C’était d’ailleurs l’enjeu de la mise en scène. Je voulais un film sensoriel, où tout reste à vie, en vous, pour toujours, comme marqué au fer rouge. »
C’est le point de vue de l’enfant qu’adopte le film. Les sentiments qu’elle éprouve sont violents. Pour les exprimer, la réalisatrice a recours à des peintures animées, couleurs et ombres : elles projettent le spectateur sur les pentes d’un volcan en éruption, au creux de l’océan, dans une forêt au crépuscule. C’est magique.
Le casting est formidable. Les actrices, Louise Mauroy-Panzani et Iliça Moreno Zego, sont bouleversantes de vérité.