Amour et Turbulences, film d’Alexandre Castagnetti, évoque joliment la souffrance amoureuse et la peur de souffrir d’amour.
A bord d’un vol de New-York à Paris, Julie (Ludivine Sagnier) voit avec horreur s’installer à côté d’elle Antoine (Nicolas Bedos), avec qui elle a vécu une relation d’amour passionnée il y a trois ans, suivie d’une rupture amère. Elle va se marier dans quelques jours avec un homme bien sous tous rapports et mortellement ennuyeux. Le vol est complet, il n’y a pas d’échappatoire. Pendant les sept heures de la traversée de l’Atlantique, le passé va remonter de manière impétueuse. Julie s’irrite, se raidit, se protège. Mais les souvenirs s’imposent avec force et elle ne peut y faire barrage. Antoine voit dans cette rencontre le moyen de renouer avec une histoire d’amour dont il ne s’est jamais guéri. Encouragé par un couple et une petite fille qui sont sur la même rangée dans l’avion ainsi que par un steward indiscret, il tente de profiter de cette captivité partagée pour reconquérir Julie.
Je ne suis pas entré dans cette histoire facilement. Le premier tiers du film m’a pesé, les situations me semblaient artificielles, certains personnages peu crédibles, la multiplication des flashbacks indigeste. Peu à peu, je me suis laissé entraîner. Antoine, le beau gosse séducteur, celui que les femmes appellent « Monsieur quinze jours » car sa libido ne résiste pas à deux semaines de fidélité de couple, tombe follement amoureux d’un petit bout de femme pas plus jolies que d’autres conquêtes, mais bien plus drôle ; Julie, dressée par sa mère à haïr et craindre le genre masculin, renonce à ses sécurités et accepte l’aventure avec un homme fantasque et imprévisible. Dans l’avion, ils se racontent et racontent à la cantonade l’histoire de leur irrésistible attraction et l’enchainement d’événements qui les a conduits à une douloureuse rupture.
J’ai aimé dans le film la scène où Julie, crispée de jalousie, exige d’Antoine qu’il annule son compte Facebook et efface des contacts sur son portable ; j’ai aimé des tableaux que traversent les personnages pour passer d’un moment et d’une situation à l’autre, dont l’esthétique est celle des sculptures de papier et de plastique que réalise Julie dans son travail de sculptrice ; et aussi la scène dans laquelle Antoine va chercher chez elle Julie, sous le regard courroucé de sa redoutable mère (Clémentine Célarié), un soir où effondrée elle se croit oubliée.
Amour et Turbulences est une comédie sentimentale inspirée d’un scénario américain mais mis au goût français par Alexandre Castagnetti et Nicolas Bedos. Ce n’est pas une grande réussite, mais il fait passer un bon moment.