L’Auvergne est riche d’édifices religieux de grand intérêt, en particulier des églises romanes.
Nous avons eu l’occasion de visiter plusieurs de ces églises au nord de l’Auvergne, entre Moulins et Riom.
Toute proche de Riom, l’abbatiale de Mozac est d’architecture composite. Construite au douzième siècle en style roman, elle a été en partie détruite par des tremblements de terre dans la seconde moitié du quinzième siècle. Les parties endommagées furent reconstruites en style gothique, mais les chapiteaux romans de la nef sont intacts. Deux chapiteaux figuratifs sont déposés à hauteur d’homme ; l’un d’entre eux, reproduit ici, représente la découverte du tombeau vide par les saintes femmes, au matin de Pâques.
D’autres chapiteaux sont plus difficiles à interpréter, car ils ont une forte charge symbolique. On trouvera des images ainsi que leur interprétation sur le site de la « catéchèse biblique symbolique », qui renvoie lui-même à un site dédié à l’art roman.
Proche de Mozac, l’église de Marsat abrite une Vierge Noire du douzième siècle. Plus que par la statue elle-même, qui représente Marie assise, son fils maintenu assis sur ses genoux par de longues mains, j’ai été intrigué par le vitrail de la chapelle où elle est installée. Elle représente une procession en l’honneur de la Vierge de Marsat. Toute la population du village y participe. On y trouve des adultes et des enfants, une sœur de la Charité avec sa cornette, des paysans et des ouvriers. Ce vitrail a été réalisé vers 1939 selon une esthétique résolument moderne, tranchant avec le style saint-sulpicien qui dominait avant-guerre dans l’art religieux. J’ai pensé à la magnifique exposition du Centre de l’Architecture et du Patrimoine sur le vitrail, qui montrait comment, après 1945, l’Église Catholique s’était tournée vers des artistes verriers résolument créatifs.
Près de Saint-Pourçain sur Sioule, l’église Saint-Julien de Saulcet comporte, elle aussi, des chapiteaux intéressants. Mais ce sont surtout les peintures murales qui retiennent l’attention. L’une d’elle raconte la légende du pendu dépendu. Un jeune homme faisait la route vers Saint Jacques de Compostelle. Dans une auberge, une jeune femme lui fit des avances qu’il refusa. Vexée, celle-ci glissa dans son bagage des pièces d’or et cria au larcin. L’infortuné pèlerin fut pendu. Désolé, son père continua sa route vers Saint-Jacques. Au retour, quelle ne fut pas sa surprise d’entendre que son fils vivait encore. Il alla trouver l’alcade pour lui demander de le dépendre. Celui-ci se moqua du pèlerin en lui disant qu’il s’exécuterait si le coq rôti qu’il s’apprêtait à déguster se mette à chanter dans son assiette. Le miracle se produisit : le coq chanta, et on dépendit le jeune homme injustement accusé.