Asteroid City

Dans Asteroid City, le réalisateur Wes Anderson entraîne les spectateurs dans un univers absurde où les humains se démènent sans repères.

 Asteroid City : un lieu-dit en plein désert, quelques bungalows (dont l’un, incendié, remplacé par une tente), un bar-station-service (une seule pompe), un cimetière de voitures, une voie ferrée : un train de marchandises passe, chargé d’oranges, d’engins agricoles, d’une tête nucléaire à n’activer que sur autorisation. Parfois on entend la détonation d’une explosion et on voit au loin le champignon d’une bombe H.

 Nous sommes en 1955. Chaque année se déroule le rassemblement de jeunes astronomes surdoués venus recevoir un prix pour leurs innovations. La cérémonie a lieu au fond d’un cratère causé par l’impact d’un astéroïde. Augie Steenbeck (Jason Swatzman) est venu sur le site accompagner son fils génial, Woodrow. Il a aussi amené les trois petites sœurs de Woodrow. Depuis trois semaines, il ne parvient pas à leur annoncer le décès de leur maman. C’est dans le cadre surréaliste d’Asteroid City, et alors que l’explosion de leur voiture empêche toute fuite en avant, qu’il devra s’y résoudre sous la pression de son beau-père Stanley Zak (Tom Hanks).

Ce que voit le spectateur d’Asteroid City, ce n’est pas ce qui est censé s’y passer, mais la répétition d’une pièce de théâtre télévisée dont, à vrai dire, ni l’auteur Conrad Earp (Edward Norton), ni le metteur en scène Schubert Green (Adrien Brody) savent où elle va les mener.

 En pleine remise du prix de l’innovation aux génies en herbe, un alien descendu d’un vaisseau spatial vient récupérer l’astéroïde. Asteroid City se trouve dès lors au cœur d’un secret d’État. Une quarantaine est décidée. En plein confinement, les comédiens sont pris au piège. Que faire des cendres de la femme d’Augie, que celui-ci a rassemblées dans un Tupperware ? Que va-t-il faire de sa vie, alors qu’il est subjugué par la star Midge Campbell (Scarlett Johansson, en brune), dans le bungalow juste en face du sien ?

 Les personnages, fascinés par le cosmos, regardent vers le ciel comme s’ils pouvaient en attendre une réponse à leurs angoisses. Mais seul un décret présidentiel pourrait lever la quarantaine et leur permettre de renouer avec leurs vies normales.

 Certains spectateurs ont détesté ce film qu’ils ont trouvé touffu, décousu et finalement déprimant. Je me suis laissé porter par une esthétique époustouflante, par la poésie des images semblables à des cartes postales jaunies par les années, par l’humour décapant de Wes Anderson et bien sûr par la virtuosité d’un plateau de comédiennes et comédiens exceptionnels.

 Un aspect anecdotique m’a attaché à ce film. Il a été tourné en Espagne, près de Chinchón, un village où nous avons souvent amené des amis lors de notre séjour à Madrid. Selon le réalisateur, « Les environs de Chinchón offraient le cadre idéal, avec des vues dégagées sur des centaines de mètres dans toutes les directions et une lumière naturelle très forte favorisant la conception d’un monde immersif »

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