« Avant l’hiver », film de Philippe Claudel, met en scène un couple gâté par la vie, mais qui doit se préparer au vieillissement et à l’hiver.
Paul (Daniel Auteuil), est un neurochirurgien au sommet de son art, adulé par ses collègues et ses amis. Il vit avec sa femme Lucie (Kristin Scott Thomas) dans une demeure luxueuse entourée d’un magnifique jardin dont l’entretien constitue la principale occupation de la maîtresse de maison. Paul et Lucie sont des gens aisés et heureux, sauf que… Sauf que Lucie se plaint d’être délaissée par un mari qui a fait de l’hôpital sa priorité ; sauf que Gérard (Richard Berry), le meilleur ami de Paul, est amoureux depuis trente ans de Lucie et ne rêve que de l’avoir pour lui seul ; sauf que Paul est à deux ans de la retraite et qu’il ressent tout à coup une grosse fatigue qui l’oblige à se reposer quelques semaines.
Voici qu’une jeune femme de vingt ans, Lou (Leïla Bekhti), ne cesse de croiser les pas de Paul. Elle est étudiante aux Beaux-Arts, elle se souvient avec émotion de l’opération de l’appendicite qu’a pratiquée le chirurgien lorsqu’elle était enfant. Paul reçoit des bouquets de roses rouges tous les jours, au travail comme à la maison. Il cherche à barrer la route à Lou, mais est aussi fasciné par cette jeune femme belle et triste. Il n’entre pas dans le jeu de la séduction sexuelle où elle veut l’entraîner, mais veut la rencontrer encore et encore. Lui qui est à l’automne de sa vie, le face à face avec cette partenaire de quarante ans sa cadette lui permet de renouer avec son enfance, du temps où que la mécanique de sa vie n’était pas encore en marche, les études, les examens, le mariage, les enfants, la chirurgie.
Le personnage de Lou lui-même s’effondre. Elle ne s’appelle pas Lou, elle n’est pas étudiante, elle ne reçoit pas d’argent de riches parents, car elle n’a plus de parents. Cet effondrement permettra à Paul d’échapper à une terrible menace.
Le film de Philippe Claudel est intéressant et bien servi par d’excellents acteurs. Il est peut-être trop nuancé et gentil, alors que les personnages en présence peuvent être violents : Lou a un projet diabolique et Gérard semble prêt à profiter de la faiblesse de Paul pour provoquer la ruine de son couple et conquérir Lucie.
Une patiente de Paul, sur le point de subir une opération d’une tumeur au cerveau où elle risque de perdre la vie, confie au chirurgien les prénoms des membres de sa famille, tous disparus dans la Shoah. A son tour, Paul lui demande de retenir le prénom de Salma, la véritable identité de Lou. A l’approche de l’hiver, le besoin de mémoire est vif.