Beaucoup de bourgs de Gascogne sont les « bastides », villes nouvelles créées ex-nihilo aux treizième et quatorzième siècles.
Venus en Gascogne pour assister au festival de jazz de Marciac, nous avons été frappés par le fait que nombre de villes de la région ont été créées dans un laps de temps court, en général dans la première moitié du quatorzième siècle. Outre Marciac, qui est elle-même une bastide, nous avons visité Rabastens de Bigorre, Mirande ou encore Bassoues.
Il existe dans le sud-ouest de la France entre trois cents et cinq cents villes neuves appelées bastides, construites entre la croisade des Albigeois (achevée en 1229) et la guerre de Cent Ans (déclenchée en 1337). Leur construction répondait principalement au souci de mettre en exploitation de nouvelles terres, afin de répondre à l’accroissement de la population.
Les bastides diffèrent radicalement des villes construites pendant les siècles précédentes. Celles-ci avaient généralement pour centre une église et se développaient au fil des décennies et des siècles par cercles concentriques sans plan préconçu. Le centre d’une bastide est généralement une halle couverte où s’exerce le commerce ; l’église est reléguée à un emplacement marginal, marquant le triomphe des marchands du temps sur les prêtres.
L’urbanisme des bastides est prédéfini. La ville est généralement organisée autour d’un axe principal, qui traverse la place centrale. Des ruelles perpendiculaires complètent l’espace bâti.
Les bâtiments remarquables sont l’église, des maisons à colombage et parfois une forteresse et des remparts, comme à Bassoues. L’église, construite lors de la fondation de la bastide, a souvent été remaniée au cours des siècles. C’est souvent dommage pour l’homogénéité architecturale ; mais cela atteste aussi que la ville a été si bien conçue à l’origine que sa prospérité a résisté aux assauts du temps.