Beyrouth-sur-Seine

Dans « Beyrouth-sur-Seine » (Stock 2022), Sabyl Ghoussoub raconte l’exil à Paris de ses parents, empêchés de rentrer au pays par la guerre civile (1975 – 1990) et par ses séquelles jusqu’aujourd’hui. Son récit a obtenu le prix Goncourt des lycéens.

Le livre oscille entre les années de guerre et la période récente, marquée par la révolte des jeunes d’octobre 2019 et l’explosion qui a détruit le port de Beyrouth le 4 août 2020. La colère affleure : « je suis très en colère, par les victimes de l’explosion du port, qui malheureusement sont complètement délaissées, par les victimes de la crise économique, par ces massacres pendant la guerre du Liban qui n’ont pas encore été jugés, » dit l’auteur à France Info.

Ce qui rend son livre attachant, c’est son immense tendresse et le regard amusé qu’il porte sur les personnages. Il faut dire que son père et sa mère sont des personnages de roman. Son père : un écrivain poète, metteur en scène de théâtre, devenu en exil traducteur de l’arabe et éditeur. Sa mère : assistante d’un galeriste, ne respirant pas entre ses phrases, un « rouleau compresseur ». On trouve aussi un oncle communiste désabusé, un  phalangiste œcuménique, une religieuse passionnée de Khalil Gibran et sa sœur Yala, surfeuse vivant à l’île Maurice de son métier d’influenceuse sur Instagram.

Guerre civile au Liban

Yala décrit son frère et ses parents comme des déracinés. Bien que vivant depuis des décennies à Paris, ils sont avant tout Libanais. « Quand je passe voir (mes parents) dans leur appartement parisien, j’atterris au Liban… Dans leurs yeux, je vois ce pays. » écrit Sabyl.

Hanane, la mère de Sabyl, aime la chanson « Alone Together » : « elle décrit tellement bien ce que j’ai dans le cœur, dans mon cœur. Je suis loin de vous mais si près pourtant. » « Jusqu’à aujourd’hui, écrit son fils, et même si elle croule sous le travail, ma mère appelle chaque matin au moins cinq proches sur WhatsApp. Quand les appels vers le Liban sont devenus gratuits grâce à cette application, c’était le plus beau jour de sa vie. »

Les phrases en exergue de Beyrouth-sur-Seine expriment bien l’énergie et la douleur qui traversent le livre :

Je veux vieillir et mourir au Liban

Et nager tous les jours

Jusqu’à l’infini

Ma mère

 

Peut-être qu’au cimetière du Père Lachaise

Je me sentirai enfin chez moi

Mon père

Sabyl Ghossoub avec le jury du Goncourt des lycéens

 

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