Du 24 novembre 2024 au 11 décembre, nous avons séjourné à l’Île de La Réunion. Je présente ici un carnet de séjour.
Lorsqu’on sort de l’aéroport Roland Garros vers 11h du matin après une nuit passée dans l’avion, on est ébloui plus encore que saisi par la chaleur. La lumière est éclatante. La ligne de crête des montagnes se détache à quelques dizaines de kilomètres seulement.
En quittant Saint-Denis, la capitale de l’île, pour aller vers le sud, on emprunte une route spectaculaire, construite sur un viaduc de près de 10 kilomètres, construit dans la mer à quelques centaines de mètres de la falaise.
Des investissements colossaux ont été réalisés pour fluidifier la circulation automobile. Cette route du littoral est prolongée par une « route des tamarins » vers Saint-Louis et la sous-préfecture, Saint-Pierre. Pourtant, des embouteillages montres scandent la vie des Réunionnais. Le choix du « tout-automobile » constitue probablement une erreur historique. Une combinaison de train, de téléphériques et de parkings-relais aurait probablement été plus judicieuse.
Pendant l’été austral, les Réunionnais des villes cherchent la fraîcheur. Ils la trouvent au bord de la mer, près du lagon, à l’ombre des filaos. Ils dressent des tables, déplient des chaises, gonflent les ballons des anniversaires, posent des nappes, servent le cari dans d’énormes marmites, mettent la musique à fond, dotent les convives d’une barquette en plastique pour emmener les restes. Une alternative consiste à installer le pique-nique dans un kiosque à flanc de montagne, par exemple sur la route du Maïdo : 30°C au bord de la mer, 16° sur l’arête du Cirque de Mafate, à 2 200 mètres d’altitude.
Ce qui rend La Réunion unique, ce sont en effet ses montagnes. L’île, de forme elliptique, n’a que 207 kilomètres de circonférence, mais compte deux très hauts sommets : le Piton des Neiges (3 069 mètres) et le Piton de la Fournaise (2 632 mètres), ce dernier étant un volcan encore en activité. Il en résulte une extraordinaire variété dans la flore, de la savane des bords de mer aux forêts de tamarin dans les hauteurs. Lorsqu’on arrose, comme au Jardin d’Eden à Saint-Gilles ou au Jardin botanique Mascarin à Saint-Leu, l’association de l’eau et de la chaleur produit une explosion végétale, une complexe symphonie de formes et de couleurs.
L’île est fortement métissée et on dit qu’elle ne connaît pas le racisme. On observe toutefois que sur les plages du lagon, le weekend, les groupes ethniques tendent à se regrouper. Lors d’un concert donné par une chorale, aucun des quelque cinquante choristes n’était « cafre », « zarabe » ou « malbar ». La Réunion reçoit par ailleurs un flux significatif d’immigrés de Mayotte, pour la plupart musulmans, pour beaucoup non francophones, et leur accueil, a fortiori leur intégration, sont problématiques.
Comment ne pas évoquer la cuisine réunionnaise ? J’ai observé cet été sur la côte atlantique en Gironde que chez les traiteurs le rougail saucisses se taillait une place aux côtés de la pizza, de la paella et du taboulé. Un plat en sauce épicé, du riz blanc, des « grains » (haricots, lentilles…), un rougail (sauce pimentée)… la créativité des maîtresses de maison ou des chefs cuisiniers s’en donne à cœur joie.