Carnet de séjour à La Réunion, suite

Pour compléter le premier carnet de séjour à La Réunion, j’évoque ici deux musées : le Musée des Arts Décoratifs de l’Océan Indien (MADOI), à Saint-Louis, et le musée Stella Matutina à Saint-Leu.

Sur les hauteurs de Saint-Louis, le domaine de Maison Rouge a été au dix-huitième siècle un grand domaine caféier. Aujourd’hui encore, on y cultive le café « Bourbon Pointu ». La maison de maître, construite en 1731, a été dotée d’un étage en 1835. Elle est construite en terrasse et surplombe le domaine.

Le MADOI a été construit sur le domaine en 2008. Il propose des expositions temporaires sur les arts décoratifs de l’Océan Indien. Jusqu’au 28 février 2026, l’exposition s’intitule « le voyage de la porcelaine ». Dès le seizième siècle, les Européens importent massivement de la porcelaine de Chine. Les navires partent de Canton et traversent l’Océan Indien jusqu’au Cap de Bonne Espérance et remontent ensuite le long des côtes de l’Afrique.

Au dix-huitième siècle, l’exportation de porcelaines vers l’Europe atteint des dimensions industrielles. Les artisans chinois s’adaptent au goût occidental et produisent des motifs demandés en Europe, en particulier de l’iconographie chrétienne. On ne peut s’empêcher de faire un rapprochement avec la situation actuelle : voici la Chine redevenue l’atelier du monde, produisant des articles souvent dessinés en Europe.

Dans les hauteurs de Saint-Leu, le musée Stella Matutina a ouvert ses portes en 1991 dans une ancienne usine sucrière. Son immense nef est le site d’un parcours où l’on découvre l’histoire de la production de sucre sur l’Île de La Réunion, l’évolution des techniques au cours des âges et la manière dont cette production a façonné la société réunionnaise.

Une émouvante exposition est consacrée à des photographies de personnes qui ont travaillé à l’usine lorsqu’elle était en activité. Son titre en créole : Portré Tabisman (portraits de l’établissement). En français : « visages de l’usine ». Les photos sont signées de Yann-Arthus Bertrand et François-Louis Athénos. Elles constituent un contrepoint aux explications techniques sur l’agronomie et l’industrie du sucre.

Pour conclure ces carnets de séjour, évoquons le monument aux esclaves érigé devant la mairie de l’Entre-Deux, un village d’altitude au-dessus de Saint-Louis. Des centaines de noms sont gravés sur un à-plat en granit. Citons au hasard : Malarie Angélique, Jagar Alidor, Canon Coup de Fusil, Palusy Ursule…

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