Piégés à Tenerife

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Dans le quotidien britannique The Guardian du 19 avril, Gill Hornby donne un récit plein d’humour de son séjour forcé à Tenerife, à la suite de l’annulation de tous les vols.

(…) Nous y voilà encore. A Tenerife. Sous le ciel d’un bleu ennuyeux. Scrutant la mer sans ferries. Piégés.

 Bien sûr nous sommes parmi les fortunés. Nous ne dormons pas dans les rues ou les terminaux d’Europe continentale, nous avons encore nos chambres d’hôtel. Nos vacances ont juste, en théorie, été prolongées. Sauf que, à ce qu’il semble, les vacances sont une question de choix. Il faut vouloir être en vacances, ou bien cela cesse d’être des vacances. Et quiconque nous a envoyé des SMS « profitez bien ! » ou « jaloux » peut s’attendre à un shampooing à notre retour.

Notre brève ruée sur le « paradis » a perdu son charme lorsque le nuage de cendres a perdu son côté drôle, autour de l’heure du thé jeudi. (…)

Depuis lors, la station touristique a changé d’identité. Nous ne sommes plus des hôtes, nous sommes des captifs. Nous en avons assez des frites – imaginez-vous ! – assez de Sky News, assez du soleil. Nous nous trouvons d’une drôle de couleur, comme des criminels en attente d’extradition : le brun d’un braqueur de banque.

 Photo : Le Teide, sommet de l’île de Tenerife, un volcan loin de l’Islande ! www.hotasa.es.

Le camp de la peur

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Evoquant les rumeurs sur le couple Sarkozy, Pierre Charon, conseiller du président, a stigmatisé « une sorte de complot organisé avec des mouvements financiers » et souhaité « que la peur change de camp ».

Sous la plume d’Arnaud Leparmentier, Le Monde relate cette affaire dans son édition du 9 avril. Je relève une phrase de son article. Ami de Charon, le ministre de l’intérieur Brice Hortefeux minimise le côté martial de ses déclarations : « la peur doit changer de camp ? C’est une expression que Charon utilise à tout bout de champ ».

La minimisation de la portée de ces propos ne rassure pas vraiment. Il semble qu’à tout bout de champ, le conseiller du président de la République s’emploie à ce que la peur change de camp. Il y a quelque chose d’inquiétant dans cette conception de la politique comme une lutte où il s’agirait d’ancrer la peur dans les entrailles des ennemis.

Il est temps sans doute de retrouver le sens du respect démocratique.

Illustration : la terreur d’Isaac par Le Caravage

Le livre de cantiques des Conservateurs

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Le Parti Conservateur britannique vient à son tour de faire connaître son programme électoral. Son « manifeste » ressemble à un recueil de cantiques.

Si le manifeste travailliste s’inspire de l’esthétique communiste, celui du Parti Conservateur a l’austérité d’un livre de prières. La couverture, bleu sombre, est intitulée « invitation à rejoindre le gouvernement de la Grande Bretagne ».

Le journaliste du quotidien The Guardian David Hare souligne d’ailleurs la connotation religieuse de ce programme dans un article publié le 14 avril et intitulé : « une dose de médecine Tory : se rendre meilleur par l’exhortation ». Parlant de l’opération de lancement du programme comme d’une réunion de prière, il écrit : « à intervalles réguliers, comme dans une église Baptiste, chacun était invité à « s’avancer » et à « aider à gérer le pays. »

Le Parti Conservateur entend associer étroitement les usagers à la gestion des écoles, des bibliothèques ou des parcs. Il entend ainsi réaliser une « grande société » (big society) dans laquelle les citoyens auront leur mot à dire dans le fonctionnement et le financement des services publics locaux. Mais la délégation à la société civile de fonctions actuellement remplies par l’Etat risque de renforcer les inégalités. Praticable dans le quartier huppé de Chelsea, le désengagement de l’Etat aurait des conséquences graves dans des zones défavorisées. L’exhortation à devenir individuellement et ensemble meilleurs peut contenir en germe une régression sociale.

Photo : Parti Conservateur

Eyjafjallajokull

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 Le nuage de cendres dissipé par le volcan islandais Eyjafjallajokull a entraîné l’annulation de notre vol de Londres Luton à Milan Malpensa.

Nous nous faisions une joie de retrouver Milan à l’occasion d’un voyage professionnel. Nous y avions vécu avec un grand bonheur de 1997 à 2001. Un aller et retour en train samedi jusqu’à Venise devait ajouter à notre voyage une touche romantique. Le romantisme vient du nord.

Un volcan islandais se réveille et crache un majestueux panache de fumée et de cendres. Eyjafjallajokull tousse, et le transport aérien européen est enrhumé ! Nous touchons du doigt combien notre monde est interdépendant. Notre voyage italien est annulé pour les caprices d’un dieu Vulcain voisin du Groenland.

A la suite du séisme de la crise financière, le Gouvernement Britannique avait placé l’Islande sur la liste des Etats terroristes pour pouvoir bloquer des fonds spéculatifs. Va-t-il placer sous séquestre les fumerolles du Eyjafjallajokull ?

Photo : The Guardian