Nous avons eu l’opportunité de visiter la Cathédrale Saint-André de Bordeaux, guidés par une bénévole de l’association « Ars et Fides ».
« Ars et Fides » est une association qui entend présenter l’art (Ars) dans le contexte de foi (Fides) d’un monument religieux spécifique. Ses bénévoles cherchent à exprimer « l’âme » d’un monument, le mouvement spirituel qui a pris la forme d’œuvres d’art grâce à des techniques architecturales, sculpturales ou picturales.
Notre guide est une femme du troisième âge qui, mue par son enthousiasme et une énergie peu commune, nous maintient en haleine malgré la froide humidité de la Cathédrale pendant deux bonnes heures. Elle nous explique l’histoire de l’édifice, dont on reconnait le soubassement roman datant du 11ième siècle et les modifications dans le style gothique au cours des trois siècles suivants. Continuer la lecture de « La Cathédrale Saint André de Bordeaux »
Dans « Autumn » (Collection Folio, 1990), Philippe Delerm évoque le groupe des préraphaélites dans la période qui va de décembre 1850 à octobre 1869.
Au centre du livre se trouve Dante Gabriel Rossetti. Lorsque commence le récit, il a 22 ans. Deux ans auparavant, il a créé avec William Holman Hunt et John Everett Millais, sous le mystérieux sigle « PRB », the Preraphaelite Brotherhood, la fraternité préraphaélite.
Dante Rossetti est un homme de l’automne. Il aime passionnément la couleur rousse, celle des feuilles qui tombent, celle de la chevelure des femmes qu’il aime : Elizabeth (Lizzie) Siddal, qui sera pour elle la Béatrice de Dante, Fanny Costforth, la belle et voluptueuse prostituée, Jane Burden Morris, un modèle de beauté sauvage. Il aime aussi le côté crépusculaire de l’automne. Rossetti déteste le bonheur : il pense que l’art ne peut aller de pair qu’avec la proximité de la mort. Il mène une vie de débauche qui met sa santé en péril. Lizzie devient sa femme alors qu’elle a déjà contracté la tuberculose qui l’emportera.
Avoir l’opportunité de passer une journée au Musée d’Orsay offre un plaisir sans cesse renouvelé.
Visiter le Musée d’Orsay, c’est se mettre en présence de chefs d’œuvre qui ont façonné notre culture : Cézanne, les impressionnistes, Gauguin et Van Gogh, Toulouse Lautrec, Maillol, Rodin… Dans les salles consacrées aux impressionnistes, la présence de plusieurs classes de collège gêne l’observation des toiles, mais les jeunes semblent si concentrés et attentifs aux explications des guides qu’il se dégage de leurs groupes comme une ferveur.
Disposer de plusieurs heures permet de sortir des sentiers battus et de découvrir des œuvres moins connues. Un plateau entier est ainsi consacré à l’art décoratif. On y trouve par exemple les panneaux réalisés en 1901 par Odilon Redon pour la salle à manger du château de Domecy, à partir de fleurs de rêve et de faune imaginaire ; ou encore de nombreux objets des maîtres de l’art nouveau, Gallé, Majorelle, Horta, Gaudi ou Guimard.
Deux peintures industrielles ont attiré mon attention par leur capacité à transmuer ce qui est souvent glauque en une réalité puissamment poétique : les Docks de Cardiff, peints en 1894 par Lionel Walden, un Américain qui travailla essentiellement à Paris puis à Hawaï et les usines près de Charleroi, peintes par Maximilien Luce en 1897.
J’ai été impressionné par la violence du Calvaire peint en 1892 par le peintre russe Nicolaï Gay, et au contraire par la grande douceur des hêtres de Kerdrel, tableau de Maurice Denis réalisé en 1893.
Je suis fasciné par la manière dont au dix-neuvième siècle l’art s’est confronté à la révolution industrielle et tenté de faire émerger le beau du désastre humain et écologique qui l’accompagnait. Flâner au Musée d’Orsay nous immerge dans cette lutte historique dont nous sommes les héritiers.
L’exposition Félix Ziem, au Petit Palais à Paris mérite d’être visitée.
J’ai une affection particulière pour le Petit Palais, bâtiment construit par Charles Girault pour l’exposition universelle de 1900 et qui abrite le musée d’art de la ville de Paris. Le dôme d’entrée est illuminé par des verrières art nouveau, et c’est à l’art nouveau qu’est consacrée la galerie à gauche du dôme, baignée de lumière. Les collections, consacrées à la peinture, à la sculpture et aux arts décoratifs jusqu’au dix-neuvième siècle, sont éclectiqueset présentées avec soin. On y compte de nombreux chefs d’œuvre, de Rembrandt à Courbet et Cézanne. Il fait bon flâner parmi tant de beauté.
Le Petit Palais consacre une belle exposition au peintre Félix Ziem (1821 – 1911), qui lui avait légué 170 toiles au soir de sa vie, en 1905. C’est une vraie découverte. Ce peintre, aujourd’hui méconnu, connut un grand succès artistique et commercial pendant sa vie, bien que, solitaire et excentrique, il ne se tînt à l’écart des mondanités. Il vécut et travailla à Martigues, dont il aima la lumière, et à Paris. Il s’inspira pour son œuvre de ses voyages en Italie et en Orient. En peignant Venise ou Constantinople, il ne cherchait pas à reproduire fidèlement un paysage urbain, mais à faire rêver.
La présentation de ses œuvres au Petit Palais sous le titre « j’ai rêvé le beau » enchante en effet le visiteur.