Lucian Freud fait l’actualité

 

Dans The Guardian du 23 juillet, le caricaturiste Martin Rowson imagine une rétrospective du peintre Lucian Freud, qui vient de mourir, illustrant les thèmes d’actualité.

 Lucian Freud vient de mourir chez lui à Londres à l’âge de 88 ans.

 Dans la « rétrospective » que lui offre Martin Rowson, figurent les thèmes qui font l’actualité de la Grande Bretagne en ce mois de juillet : Cameron confronté au « Hackgate » (le scandale des écoutes), le Chancelier Osborne faisant subir une cure d’amaigrissement au budget britannique et le duo Sarkozy Merkel réduit à la mendicité !

 Dessin de Martin Rowson.

Le National Museum de Cardiff

Nous devons à une pluie persistante sur notre route vers les sentiers de randonnée de la Péninsule de Pembroke, en Galles du Sud, la visite du musée de Cardiff. Nous en sommes sortis émerveillés.

 Le premier étage du musée est consacré à la peinture et à la sculpture. On y trouve des chefs d’œuvre de Monet, Renoir, Turner ou Rodin. On y admire une exposition temporaire sur Toulouse Lautrec.

 Nous avons vu récemment à la télévision un reportage sur deux peintres gallois, James Dickinson Innes (1887 – 1914) et Augustus Jones (1878 – 1961), qui travaillèrent ensemble en 1911 – 1912 sur les paysages du mont Arenig, au nord du Pays de Galles, faisant pénétrer en Grande Bretagne l’esthétique des impressionnistes et de leurs successeurs. Les paysages d’Innes sont magnifiques. C’est par ses portraits qu’Augustus John est davantage connu : le musée de Cardiff expose un portrait du poète gallois Dylan Thomas (1878 – 1953), réalisé en 1936, qui capture l’âme de cet homme exceptionnel qui impressionna tant Robert Zimmerman qu’il changea son nom en Bob Dylan.

 

Nous retrouvons d’Augustus John au musée de Tenby, sa ville natale. Plusieurs œuvres sont présentées, dont un portrait de sa sœur Gwen qui fit sa carrière de peintre en France, commençant, pour gagner sa vie, par poser pour Rodin dont elle devint la maîtresse.

 Il y a des trésors dans ce musée. Les « mineurs retournant du travail un soir humide » (1953) est fondé sur le contraste entre le noir du pays minier et la lumière crépusculaire qui se reflète sur le sol détrempé. Les tableaux de John Piper offrent le même style de contrastes.

 Illustrations : Mount Arenig par James Dickinson Innes et Portrait de Dylan Thomas par Augustus John.

« España ! » à Bordeaux

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La Galerie des Beaux-Arts de Bordeaux présente jusqu’au 30 mai « España ! », une exposition consacrée à des œuvres d’artistes espagnols ou d’artistes français fascinés par l’Espagne.

Les œuvres présentées appartiennent à la collection du Musée des Beaux Arts. Le musée lui-même aurait besoin d’une sérieuse mise à jour : il se présente aujourd’hui comme un bric à brac où coexistent des œuvres secondaires et quelques perles. La partie la plus intéressante est celle consacrée à l’art du dix-neuvième et vingtième siècles, où l’on peut admirer des œuvres des peintres bordelais Odilon Redon, Albert Marquet et André Lhote. Le musée de Bilbao a prêté une remarquable Annonciation du Greco. J’ai été frappé par le désespoir absolu qui se dégage de deux toiles d’Alessandro Magnasco sur les galériens à Gênes en 1708.

Toute proche du musée lui-même, la Galerie des Beaux-Arts expose des œuvres issues des collections, autour d’un thème et selon les critères d’une muséologie moderne. Il était logique que soit présentée une exposition consacrée à l’Espagne, toute proche de Bordeaux. La ville a un lien particulier avec la peinture espagnole : Goya est y est mort en 1828. L’exposition présente plusieurs planches lithographiques des « Taureaux de Bordeaux ».

La Calèche à Séville d’Yves Brayer (1907 – 1990), qui orne l’affiche de l’exposition, témoigne de la fascination de l’Espagne sur les artistes français.

Illustration : affiche de l’exposition « Espana ! » à la Galerie des Beaux Arts de Bordeaux

Le Premier Fugueur

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Le Musée d’Art Contemporain de Bordeaux (CAPC) vient de présenter une exposition intitulée « le premier fugueur » de Johann Furåker, artiste né en 1978 qui vit à Malmö, en Suède.

Le CAPC occupe l’entrepôt Lainé, immense bâtisse de pierre de taille et de briques construit en 1824 dans le quartier bordelais des Chartrons pour stocker des marchandises du commerce colonial. Parmi les expositions actuellement présentées, celle de Johan Furåker est particulièrement intéressante.

Le « premier fugueur » est un bordelais, Albert Dadas. En 1887, il est hospitalisé dans un hôpital de sa ville. Il dit au psychiatre qu’il revient d’un long voyage et qu’il n’a qu’un désir, celui de repartir. Sous hypnose, il raconte que son voyage a duré un an, qu’il « parcourait parfois jusqu’à soixante kilomètres à pied en une journée, qu’il était allé du sud de la France à Moscou en passant par l’Autriche, la Turquie ou l’Algérie notamment, qu’il égarait ses papiers d’identité et pouvait ainsi errer dans une amnésie identitaire pour passer « librement » d’une détention à l’autre, d’un train à l’autre », dit le catalogue de l’exposition. « Albert Dadas est d’abord un fugueur. L’étude de son cas fait de lui un « touriste pathologique ». C’est le premier. Cette manière incontrôlable et obsessionnelle de voyager sans but apparent et avec des trous de mémoire quasi-insondables, est à l’origine de la fascination qu’exerce son histoire sur Johan Furåker. »

Furåker suit les traces de Dadas, dont le portrait, regard dans le vague, scande le parcours de l’exposition. Il utilise plusieurs techniques, de l’aquarelle à la peinture à l’huile, et s’inspire de plusieurs styles, d’un hyperréalisme presque photographique à des œuvres abstraites évoquant la confusion mentale du « touriste pathologique ». Les œuvres les plus remarquables sont des sites urbains baignés dans une couleur improbable, dont certains éléments sont peints dans un extrême détail, pendant que d’autres sont laissés opaques. Un tableau évoque ainsi la gare de Nice. Tout semble net comme dans une photographie. Mais les voitures taxi attelées sur le parvis de la gare sont dénuées de portes et de fenêtres, noires comme des corbillards.

Les sites visités par Dadas nous apparaissent comme en rêve, parfois identifiables mais pas toujours, souvent associés à des images de machines, l’autre grande obsession du dix-neuvième siècle, qui industrialisa le mouvement et inventa la mobilité de masse.

Illustration : Gare de Nice en 1890, Johan Furåker 2008. (www.johanfuraker.com)