Rouen, à l’ombre de Saint Jean-Baptiste

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La Tour du Gros Horloge à Rouen est décorée d’un bas relief représentant Saint Jean-Baptiste. Et l’un des portails de la Cathédrale illustre sa décollation.

A gauche, le roi Hérode et ses convives admire la danse de la belle Salomé. Celle-ci obtient en remerciement la tête de Jean-Baptiste. Comme dans une bande dessinée, on assiste à la décapitation du saint dans son cachot, à droite de la scène. Mais l’histoire ne suit pas tout à fait l’ordre chronologique : on revient au centre du tableau pour voir Salomé recevoir son trophée.

Lorsque la cathédrale a été construite, Rouen était une capitale du textile. Comme dans les Cotswolds, en Angleterre, les tisseurs avaient le culte du mouton et avaient fait de l’ermite à la peau de mouton leur saint patron.

Photo « transhumances »

Rouen, Aître Saint-Maclou

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Dans le centre historique de Rouen, l’Ecole des Beaux-arts abrite un monument unique, l’aître Saint-Maclou, un charnier créé aux seizième siècle pour enterrer les victimes de la peste. Les bâtiments qui le bordent sont décorés de bois sculpté représentant une danse macabre.

Sur des panneaux de bois sont représentés des ossements, des instruments liturgiques de l’office des morts, les instruments de la passion du Christ et les outils du fossoyeur.

Sur les colonnes sont sculptées des séries de couples personnifiant une danse macabre. « La danse macabre », dit le feuillet remis aux visiteurs, « est liée directement au choc psychologique provoqué par l’effroyable mortalité de la Peste noire et aux résurgences de l’épidémie qui fauchent les générations suivantes(…) L’angoisse de la mort omniprésente se développe parmi les populations. La danse macabre répond à cette peur en dressant une satire sociale reprochant la recherche des honneurs et des richesses et affirmant l’égalité de tous après la mort, sans distinction de rang ni d’âge. »

L’aître Saint Maclou à Rouen est de la même veine que l’église de la Chaise Dieu. Les inquiétudes collectives existent aujourd’hui, mais pas au niveau d’angoisse qui prévalait il y a quatre siècles.

Photo « transhumances »

Susan Hiller à la Tate Britain

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La Tate Britain présente une exposition consacrée à l’artiste Susan Hiller, née aux Etats-Unis en 1940 et qui travaille en Grande Bretagne depuis le début des années 1970.

« Hiller juxtapose des connaissances dérivées de l’anthropologie, de la psychanalyse et d’autres disciplines scientifiques avec des matériaux généralement considérés comme non importants tels que des cartes postales, des papiers peints, des films populaires ou des annonces sur Internet ; elle joue à la fois sur le familier et sur l’inexpliqué et invite le spectateur à  participer à la création du sens », dit le catalogue de l’exposition. Nous avions déjà trouvé ces caractéristiques, utilisation de matériaux de la vie de tous les jours et invitation au spectateur à trouver lui-même une signification, dans les collages de John Stezaker.

Une œuvre particulièrement intéressante est intitulée « From the Freud Museum » ; elle fut en effet initialement conçue pour la Maison de Freud à Londres. Une série de boites ouvertes associent un objet (un disque, des têtes en porcelaine peinte etc.) et une image onirique qui confère à l’objet un aspect insolite et troublant.

« Witness » est une série de morceaux de verres et de microphones suspendus du plafond dans une salle obscure. Chaque microphone raconte une histoire de rencontre avec des OVNI. Il y a des dizaines de microphones, de locuteurs et de langues. Le murmure qui s’en dégage et la couleur bleue dans laquelle baigne toute l’œuvre donnent à la fois un sentiment d’étrangeté et d’harmonie.

Illustration : « Witness » de Susan Hiller

Rouen, Abbatiale Saint-Ouen

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L’Abbatiale Saint Ouen de Rouen, à quelques centaines de mètres à peine de la Cathédrale, est un chef d’œuvre du gothique tardif.

Pénétrant dans l’abbatiale, on est transporté par la verticalité du monument. L’espace est totalement vide, ce qui accentue l’impression d’être aspiré vers le haut. Les murs qui supportent l’édifice sont incroyablement fins, à la manière de la Sainte Chapelle à Paris. Ils laissent un vaste espace aux verrières, dans lesquelles s’engouffre la lumière.

Alors qu’enthousiastes nous nous laissons envahir par la beauté céleste du monument, deux cantatrices improvisent un duo dans la nef. Leurs voix sont amplifiées. C’est un moment divin.

La construction de l’Abbatiale Saint Ouen a commencé au quatorzième siècle et s’est poursuivie jusqu’au seizième. La technique des architectes du gothique avait alors atteint un niveau de perfection. Ils nous sont laissé un bouleversant témoignage.

Photo « transhumances »