Concert Baroque à St Martin-in-the-Fields

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L’église St Martin-in-the-Fields, sur Trafalgar Square à Londres, accueille tout au long de l’année des concerts de musique baroque.

Programmer Vivaldi, Bach, Mozart et Pachelbel n’est pas particulièrement audacieux. On est sûr de trouver un public au-delà du cercle restreint des mélomanes avertis. On pourrait faire la fine bouche si le choix de ce genre de musique ne s’imposait par le lieu.

St Martin-in-the-Fields est l’oeuvre de l’architecte James Gibbs. Elle fut consacrée en 1726. Elle a fait l’objet d’importants travaux de restauration dans les vingt dernières années. L’espace intérieur a été réaménagé pour une plus grande visibilité et une plus grande flexibilité. La voûte décorée de dorures a été remise à neuf. L’éclairage a été soigneusement étudié. On éprouve un sentiment d’harmonie et de plénitude, le même que procure la musique baroque dans le divertissement comme dans la gravité.

Le chef d’œuvre du travail de restauration est la verrière est de l’église, au fond du chœur. Installée en  2008, elle est l’œuvre de l’artiste iranienne Shirazeh Houshiary et de son mari architecte Pip Horne. Au centre du vitrail se trouve un puits de lumière, une ellipse inclinée. Au matin, elle reçoit les rayons du soleil ; la nuit, c’est un volume blanc artificiellement éclairé. Des traits montent de la base du vitrail à l’arc qui le surmonte ; à  proximité du puits de lumière,  ils se tordent de manière à l’éviter et poursuivre leur ascension. Des traits horizontaux structurent ce mouvement vers le haut. Le symbole de la croix est évident : le vitrail est torsion, souffrance, douleur ; il est aussi lumière, action de grâce, résurrection.

La rencontre de l’architecture baroque réinterprétée par des artistes modernes et de musiciens baroques de génie offre une expérience inoubliable.

Photo The Guardian : verrière est de St Martin-in-the-Fields.

Les collages de John Stezaker

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A Londres, la Whitechapel Gallery propose actuellement une exposition de l’artiste britannique John Stezaker.

Le catalogue de l’exposition indique que l’artiste britannique John Stezaker, né en 1949, « est fasciné par le leurre des images. Prenant des clichés de films classiques, des cartes postales anciennes et des illustrations de livres, il fait des collages pour donner aux vieilles images un sens nouveau. En ajustant, retournant et découpant des images distinctes ensemble pour créer une nouvelle œuvre d’art unique, Stezaker explore la force des images trouvées. »

Regards amoureux dédoublés (comme dans l’image ci-dessus), paysages rendus inintelligibles par un carré blanc, visages masqués par un paysage… Stezaker joue les trouble-fête dans notre fascination pour l’image dont nous attendons qu’elle soit toujours simple, construite et rassurante.

Illustration : John Stezaker, Love XI, 2006, Collage.

http://www.whitechapelgallery.org.uk/

Raconter la pierre

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La chaîne culturelle britannique BBC4 présente une série d’émissions intitulée « Romancing the Stone : The Golden Ages of British Sculpture », « Raconter la pierre, les âges d’or de la sculpture britannique ».

L’émission est réalisée et présentée par l’historien de l’art Alastair Sooke. Deux séquences m’ont particulièrement frappé.

La Cathédrale de Wells, non loin de Bath, est célèbre pour les statues qui ornent son portail ouest. On voit et on admire aujourd’hui la pierre nue. Mais lorsque la cathédrale fut construite, les statues étaient peintes de couleurs aussi flamboyantes que celles des vitraux. Les procédés numériques permettent aujourd’hui de restituer virtuellement ces teintes éclatantes. L’effet est saisissant : on se sent soudain transporté dans un univers esthétique voisin de celui des temples hindous les plus lumineux et étincelants.

La BBC nous emmène aussi visiter l’église de Ewelme, dans l’Oxfordshire. Elle conserve un gisant en marbre d’Alice de la Pole, de 1475. Elle est présentée en habits de cérémonie, les mains jointes. Ce qui est exceptionnel, c’est la statue de son cadavre, nu, décharné, tordu par la souffrance et la peur de la mort, dans le caveau sous le gisant. Il y a là comme une allégorie de la dualité de la vie des personnages riches et célèbres : sous la posture publique gît une nature rongée par l’angoisse. Le message officiel est optimiste : la foi et l’espérance ont le dessus sur la maladie et la mort. Alice a souffert, mais sa piété lui gagne une éternelle sérénité.

Illustration : Cathédrale de Wells, http://www.britannia.com/history/somerset/churches/wellscath.html. Site Internet de l’émission : http://www.bbc.co.uk/programmes/b00ydp2y

Sculpture Britannique Moderne

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La Royal Academy of Arts présente jusqu’au 7 avril une exposition consacrée à la sculpture britannique moderne.

Disons-le franchement, l’exposition est décevante. On peine à trouver un réel fil directeur, par exemple du pompeux monument pour le jubilée de la Reine Victoria d’Alfred Gilbert à la « zone fumeur portable » de Sarah Lucas (1996). On a l’impression d’une juxtaposition d’œuvres d’intérêt inégal, rassemblées ici parce qu’elles se trouvaient disponibles. Les commissaires de l’exposition ont aussi pris le parti de considérer la photographie comme un sculpture, ce qui est contestable.

Il y a naturellement des choses intéressantes. La seconde salle fait se côtoyer des œuvres du vingtième siècle et des sculptures de civilisations anciennes de la collection du British Museum. On y découvre une étrange harmonie au-delà des siècles et des civilisations. « La mère et l’enfant » de Charles Wheeler (1926) est d’une grande beauté.

Au centre de l’exposition figurent une figure couchée d’Henry Moore et le monolithe sculpté en 1961 par Barbara Hepworth pour célébrer la mémoire du Secrétaire Général de l’ONU Dag Hammarskjöld. Nous avons eu l’occasion de visiter les musées en plein air consacré à ces deux artistes, Perry Green dans le Hertfordshire pour Moore, St Ives en Cornouailles pour Hepworth.

La massive statue « Adam » de Jacob Espstein (1940) impressionne par l’énergie sexuelle et spirituelle qu’elle dégage, au point de rendre la confrontation presque gênante pour le spectateur. C’est aussi de la gêne, en même temps que de la fascination, que ressent le visiteur devant l’installation de Damien Hirst, Let’s Eat Outdoors Today (1990 -1991). Sous une vitrine se trouvent un barbecue et une table de pique-nique abandonnés par leurs occupants. Les reliefs du repas sont en décomposition. Des milliers de mouches volent autour de la scène. Si le but de la sculpture est de susciter des émotions autour de la vie et de la mort, il faut reconnaître que, sur le versant macabre, l’objectif est atteint.

Illustration : Damien Hirst, Let’s Eat Outdoors Today (1990 -1991), dans www.niuzy.com