La Tate Britain consacre jusqu’au 8 août 2010 une belle exposition au sculpteur Henry Moore (1898 – 1986).
Fils d’un mineur du Yorkshire, survivant des tranchées de la première guerre mondiale, Henry Moore a dominé la sculpture britannique du vingtième siècle, obtenant de son vivant une immense notoriété et gérant son art comme un véritable business. Réalisées avec l’aide d’assistants, ses œuvres s’exportaient dans le monde entier sans toutefois que le succès assèche son génie créateur.
L’exposition du Tate Britain permet de découvrir des aspects essentiels de son art.
La passion pour la matière. Moore préférait les pierres de son pays, la Grande Bretagne, au marbre de Carrare. Il pensait la sculpture devait suivre la pente suggérée par la matière. Dans la dernière salle sont exposées des œuvres des années soixante réalisées dans du bois d’orme, noueux, sensuel, qui donne envie de caresser.
Le surréalisme. L’œuvre de Moore entre les deux guerres devient plus abstraite. Aux figures de mères et d’enfants succèdent des formes rêvées, avec une forte connotation sexuelle.
La guerre. Meurtri par la première guerre mondiale, Moore était un pacifique convaincu. Mais il prit parti pour l’Espagne républicaine et soutint l’effort de guerre britannique contre le nazisme. Pendant le blitz, il abandonna la peinture pour le fusain. Ses dessins représentant des londoniens réfugiés dans les stations de métro évoquent un peuple terrorisé survivant dans un sombre enfer, mais finalement un peuple résistant.
Le vide. Comme l’Espagnol Chillida, ou comme des compositeurs réservant au silence une place dans leur symphonie, Moore fait jouer un rôle essentiel à l’absence de matière. La matière délimite le vide, l’enveloppe et, comme le ventre d’une femme, le fait naître à la vie. D’un bout à l’autre de son œuvre, le thème de la mère et de l’enfant est resté dominant.
(Photo : oeuvre d’Henry Moore 1937)