Une dangereuse fortune

La crise financière a des antécédents historiques. Voici une note de lecture du roman de Ken Follett, « a dangerous fortune » (Pan Books, 1993).

 

Dans les années 1860 – 1870, deux banques familiales dominent la City de Londres. Pilaster, méthodiste, Greenbourne, juive. Les banques sont dirigées par des « partenaires » cooptés, responsables sur leurs biens propres, qui élisent à leur tête un « partenaire sénior ».

Hugh Pilaster, fils d’un partenaire dissident, ruiné et suicidé, est à la fois le mouton noir de la famille et son banquier le plus accompli. Son ascension et son amour pour Maisy vont être contrariés par sa tante Augusta. Pour obtenir la promotion de son mari Joseph puis de leur fils Edward au rang de partenaire sénior et de Lord, tous les moyens sont bons : calomnie, traquenards, machinations, corruption.

Edward est ami de collège de Micky Miranda, le fils d’un sanguinaire propriétaire terrien sud-américain. Pour ne pas contrarier son impitoyable père, Micky est prêt à ruiner un ami au jeu et à tuer. Il obtient le silence complice d’Augusta dans un premier puis un second assassinats. Ils forment une paire diabolique, résolus à poursuivre ensemble leurs objectifs, devenir comtesse de Whitehaven pour Augusta, président de la république de Cordova pour Micky, tant que leurs intérêts coïncident.

Face à eux se tiennent des cœurs purs : Hugh, qui mérite l’estime de la communauté financière pour sa gestion héroïque de la faillite de la banque Pilaster ; Maisy, que la rumeur taxe de prostituée et de chasseuse de fortune et qui finira par le rejoindre malgré son revers de fortune après seize années d’amour contrarié ; Rachel, la féministe qui fonde un hôpital pour mères célibataires.

Le livre de Ken Follett se dévore avec la passion que l’auteur attribue à ses personnages. C’est un roman d’amours et de trahisons, d’ambitions et de solitudes, de déchéances et de rédemptions. Le Londres de la seconde moitié du dix-neuvième siècle est mis en scène avec rigueur et précision. La banque n’est pas un simple décor : le drame se noue dans la technique bancaire.

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