Passagère du silence

Dans « Passagère du silence, dix ans d’initiation en Chine » (2003), l’artiste peintre Fabienne Verdier raconte son départ pour la Chine en 1983 alors qu’elle avait vingt ans, son séjour de plusieurs années à Chongqing, alors capitale du Sichuan, puis à Pékin comme attachée culturelle de l’Ambassade de France.

La réalité qu’elle découvre à Chongqing, « ville grise, perdue dans un brouillard épais » devrait la décourager. Son arrivée se situe quelques années seulement après la « révolution culturelle ». L’institut des beaux-arts, où elle étudie, est dirigé par un homme ouvert, qui sera l’allié de celle qu’on appelle « Mademoiselle Fa », mais sous la coupe de l’épouse de celui-ci, représentante du Parti. « Cadre dirigeant ayant participé à la Révolution culturelle, elle voulait bâtir une Chine nouvelle et croyait, avec une foi religieuse, à la construction d’un monde affranchi du passé. » Continuer la lecture de « Passagère du silence »

La Storia

La Storia, publié par la romancière italienne Elsa Morante en 1974, est considéré comme l’un des plus grands romans du vingtième siècle. Il a été récemment adopté en feuilleton par France Culture.

 Le roman a pour cadre Rome entre 1941 et 1947. Il comporte autant de chapitres que d’années. Chaque chapitre est précédé d’un rappel des faits de la grande « Histoire » : la guerre de Mussolini en Grèce et en Éthiopie, la chute du dictateur, l’occupation de Rome par les Nazis, la déportation des Juifs, la libération par les alliés, les années d’après-guerre. Continuer la lecture de « La Storia »

Sociétés déboussolées, ouvrir de nouvelles routes

Dans son nouvel essai, « sociétés déboussolées, ouvrir de nouvelles routes » (Éditions Persée, 2023), Patrick Lagadec prend acte du grand désarroi collectif qui s’empare des citoyens alors que les certitudes se dérobent. À rebours de la résignation, il propose une bataille de l’action.

« Le citoyen sait ce qui l’attend s’il ouvre son journal, allume télévision ou radio, ordinateur ou tablette : une litanie de chocs, de décrochages, d’engloutissements. La nausée. L’impuissance. » Ces jours derniers, l’attaque terroriste du Hamas contre Israël, l’injonction d’Israël à un million de Gazaouis de fuir leur cité, l’assassinat d’un enseignant à Arras illustrent cette situation : le sol se dérobe sous nos pieds, il n’y a plus de certitudes. Continuer la lecture de « Sociétés déboussolées, ouvrir de nouvelles routes »

La petite-fille

Dans « La petite-fille », roman écrit en 2021 et traduit en français par Bernard Lortholary (Gallimard, 2023), Benrhard Schlink plonge le lecteur dans une Allemagne marquée par le traumatisme de sa division et de sa réunification.

 Kaspar, septuagénaire, est libraire à Berlin. Sa femme Birgit décède dans des circonstances troubles, peut-être un suicide. Ils se sont rencontrés en 1964. Elle vivait à Berlin Est, lui à l’Ouest. Elle ne supportait plus la vie en RDA : « je ne voulais pas attendre d’époque nouvelle, ni de pays nouveau, ni d’être humain nouveau. Je ne voulais pas attendre. Je voulais vivre. » Continuer la lecture de « La petite-fille »