Dans The Guardian du 30 Avril, Martin Rowson livre une délicieuse interprétation du mariage entre le Prince William et Kate Middleton, célébré la veille à Westminster devant un million de spectateurs à Londres, vingt trois millions de téléspectateurs en Grande Bretagne et plusieurs centaines de millions dans le monde.
« Ne regardez pas en bas ! » exhorte le dessin. En bas, la terre est un volcan en effervescence. Les participants à la noce s’avancent sur une passerelle suspendue dans un ciel irréel. On reconnait les jeunes mariés, la Reine et la famille royale, l’horrible petite demoiselle d’honneur boudeuse, l’Archevêque de Cantorbéry, un émir, David Cameron et George Osborne.
La particularité de cette passerelle, c’est qu’elle est constituée de langues entremêlées. A droite du dessin, on voit les commentateurs vedettes de la télévision, postés devant une forêt d’objectifs. C’est à leurs langues qu’est amarrée la passerelle.
Puissance de la caricature ! En Grande Bretagne, les noces royales ont été vécues dans la joie : joie d’un long week-end de trois jours allongé d’une journée pour l’occasion ; joie d’un cérémonial parfaitement orchestré dans ses moindres détails ; joie des vêtements somptueux, des fanfares, des couleurs, des carrosses ; joie trouble du jeu des célébrités et des stars. Ce que Martin Rowson nous dit, c’est qu’il s’agit d’un spectacle, conçu et réalisé par et pour la télévision. Ce spectacle parle aux gens parce qu’il s’enracine dans une tradition qui résonne dans leur tendre enfance, parce qu’un mariage de jeunes qui semblent s’aimer d’amour est émouvant, parce qu’il fait rêver d’une autre vie. En ce sens, les noces royales sont connectées avec la vie des gens. Mais elles sont d’abord et avant tout une production médiatique.
Illustration : The Guardian, caricature de Martine Rowson, The Guardian, 30 avril 2011.