Documentaires britanniques

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Toutes les chaines de télévision britanniques présentent des documentaires d’une très grande qualité, pour la plupart réalisés selon un langage très codifié.

Les documentaires britanniques embrassent une grande variété de sujets : voyages, histoire, peinture, religions, architecture. Ils sont très souvent passionnants, ils fournissent une masse d’information et offrent des images magnifiques. Beaucoup de ces films ont été coulés dans le même moule. Un présentateur, homme ou femme, jeune ou âgé mais toujours sympathique et dynamique, en occupe le centre. Il a un discret signe de reconnaisance : un chapeau, une coupe de cheveux, un accent. On le voit se promener dans les rues ou arpenter des ruines, ou conduire dans des routes lointaines. Il nous prend à témoin de ses étonnements et en parle avec une passion communicative. De quelque événement qu’il soit le témoin, il tient à y participer : selon le contexte, il dansera avec des zoulous, accomplira des rites de purification, s’engagera dans une lutte gréco-romaine.

L’un de ces présentateurs mérite une mention spéciale : Paul Merton, vedette le lundi soir sur la chaine Five d’une émission intitulée « Paul Merton en Europe ». La dernière émission le montrait à Milan, visitant une boutique de mode dans le salon d’exposition de laquelle vit en permanence un jeune italien, avec son lit, son salon et, au rez-de-chaussée, la place de parking de sa Porsche. On le voyait à Florence assistant à un match de football à la mode Renaissance aux règles abscondes. A Rome, il visitait un home pour chats abandonnés, sous les ruines du bâtiment où Jules César fut assassiné. C’est bien enlevé et plein d’un humour typiquement britannique.

Attention ! Paul Merton visite la France la semaine prochaine !

(Photo : Paul Merton)

Deneuve, « Je veux voir »

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TV5 Europe vient de diffuser le film « Je veux voir » dans lequel Catherine Deneuve joue son propre rôle de spectatrice du Liban en ruine.

En visite au Liban en 2007 à l’occasion d’un gala, Catherine Deneuve demande à voir les séquelles des guerres, y compris celle déclenchée par Israël l’année précédente. Son voyage d’une journée à Beyrouth et dans le sud libanais est l’objet du film de Joana Hadjithomas et Khalil Joreige, « Je veux voir », de 2008.

Les fonctionnaires de l’Ambassade de France déconseillent ce périple : l’otage Deneuve n’aurait pas de prix ! Mais on ne résiste pas à une Diva. Voici Catherine passagère d’une voiture conduite par Rabih Mroué, une star du cinéma libanais et  escortée par une équipe de tournage et des gardes du corps.

L’expérience est traumatisante. Dans la banlieue de Beyrouth, l’équipe se voit interdire de filmer les immeubles détruits, mais il est difficile de comprendre par qui : par des habitants du quartier ? Par des autorités, de droit ou de fait ?

Rabih s’arrête dans le village du Sud Liban où il a passé son enfance. A son désespoir, il ne retrouve pas, parmi les ruines, la maison familiale. Le village est peuplé, mais nul ne vient lui parler et lui proposer de l’aide : hostilité de la population à l’égard d’intrus « voyeurs » ? Isolement par les autorités, françaises ou locales ? Nous ne le saurons pas davantage.

Le périple s’achève à la frontière avec Israël. Des chasseurs bombardiers passent à basse altitude à la vitesse du son et leur double bang est terrifiant. Rabih se trompe de route et s’engage dans un chemin non sécurisé. Par crainte des mines, les gardes du corps font irruption et bloquent le véhicule. Au poste frontière, d’interminables négociations s’engagent entre la force d’interposition de l’ONU et l’armée israélienne sur ce qu’il sera possible de filmer ou non.

Aux abords de Beyrouth, la voiture avance lentement le long d’un immense chantier en bord de mer où l’on sépare les gravas des immeubles détruits des armatures métalliques. Celles-ci sont récupérées, ceux-là sont rejetés à la mer. Une musique lancinante diffuse un intense sentiment d’absurdité.

Pendant tout le voyage, Catherine et Rabih échangent quelques regards et des paroles d’une affligeante banalité. Catherine parle plusieurs fois de la ceinture de sécurité, minuscule point d’ancrage dans le chaos. Catherine n’a rien de Deneuve. C’est une femme vieillie, effarée par ce qu’elle voit. Son regard dénote l’effroi, l’incrédulité et le dégoût. Mais c’est elle qui a voulu voir et elle se tient à cette résolution, courageusement.

(Affiche du film « Je veux voir »)

Transatlantic Sessions

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 La chaine culturelle anglaise BBC 4 présente « Transtlantic Sessions », une émission d’une demi-heure consacrée à la musique folk écossaise, irlandaise et américaine qui suscite l’enthousiasme.

Il est possible d’écouter la dernière « Transatlantic Session » sur http://bbc.co.uk/programmes/b00gtlnv. Le principe est que des musiciens se retrouvent pendant trois jours dans une vieille maison au cœur de l’Ecosse avec une équipe de télévision. Il y a un groupe permanent et des chanteurs ou instrumentistes folk d’Ecosse, d’Irlande ou d’Amérique invités. La salle dans laquelle ils jouent est haute de plafond, mais suffisamment petite pour que musiciens et chanteurs soient tout proches les uns des autres. Une grande variété d’instruments est utilisée du violon à l’accordéon, de la guitare à la cornemuse et du piano à la harpe celtique. Le réalisateur parvient à rendre palpable l’intimité du lieu et la jouissance des musiciens s’émulant les uns les autres dans la recherche de la perfection. C’est un pur délice.

Gandhi, héros malgré lui

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BBC 2 diffuse actuellement une série de documentaires sur la vie de Gandhi. Son autobiographie, publiée en feuilleton entre 1925 et 1929 alors qu’il touchait la soixantaine, a largement inspiré cette série. Elle porte pour titre « l’histoire de mes expériences avec la Vérité ». La photo qui illustre le présent article a été prise au musée Gandhi de Delhi ; elle illustre le moment où, en Afrique du Sud, Gandhi est expulsé d’une voiture de première classe en raison de sa race.

De retour de Londres où il a étudié le droit, Gandhi rencontre à Bombay l’homme d’affaires Raychandbhai qu’il décrit ainsi : « les transactions commerciales de Raychandbhai couvraient des centaines de milliers. Il était connaisseur des perles et des diamants. Aucun problème d’affaires, aussi noué fût-il, n’était trop difficile pour lui. Mais toutes ces choses n’étaient pas le cercle central sur lequel tournait sa vie. Ce centre était la passion pour voir Dieu face à face. Parmi les objets déposés sur sa table de travail, il y avait invariablement quelques livres religieux et son journal. (…) C’était un chercheur de la Vérité. J’avais la conviction, enracinée au plus profond de moi, qu’il ne m’induirait jamais volontairement en erreur et me confierait toujours ses pensées les plus intimes. Dans mes moments de crise spirituelle, il était donc mon refuge. »

Le jeune Mohandas n’a pas l’étoffe d’un héros. Enfant, il a un sommeil anxieux. Jeune avocat, il souffre d’une sévère timidité qui le handicape dans l’exercice de son métier.

Le livre est principalement consacré à son séjour de plus de vingt ans en Afrique du Sud, de son arrivée en 1893 pour défendre au tribunal les intérêts d’un homme d’affaires indien jusqu’à son retour définitif  en Inde en 1915, après plusieurs campagnes de défense des intérêts de la communauté indienne du Natal victime de la discrimination. Comme Mandela, Gandhi est profondément un juriste. Il exerce d’abord sa profession comme un banal avocat d’affaires. Il met ensuite sa capacité à disséquer les lois et règlements de l’Administration ennemie, au service d’une cause.

Le moteur qui anime Gandhi, c’est sa permanente angoisse existentielle. C’est elle qui l’anime à passer des nuits de discussion passionnée avec des dizaines de gens de rencontre qui deviennent des amis à la vie et à la mort. C’est elle qui l’amène à ne jamais affirmer quelque chose sans l’avoir vérifié et documenté. C’est elle qui l’amène à voir dans l’adversaire quelqu’un dont le rôle et les actions peuvent être détestables mais qui reste une personne respectable, capable du pire mais aussi du meilleur.

Il porte en lui de profondes contradictions. C’est ainsi qu’il est viscéralement allergique à la viande et au lait jusqu’à en faire un interdit absolu pour sa vie et celle de ses proches. Mais en même temps, il fréquente des chrétiens et des musulmans et s’efforce de comparer leurs religions à la sienne dans un esprit de tolérance et d’ouverture. Habitué à vivre au milieu d’autres civilisations, rompu au dialogue, il impose pourtant comme un tyran à sa famille ses propres règles : il refuse d’envoyer ses enfants à l’école et à l’université, ce que son fils aîné ne lui pardonnera pas ; il vend au profit de ses actions militantes les bijoux offerts à son épouse lors de leur adieu à l’Afrique du Sud ; il prend le risque de refuser les médecines occidentales lorsque celle-ci tombe malade, au péril de sa vie.

La philosophie de Gandhi est connue : Ahimsa (non violence), Satyagraha (force de la vérité, résistance passive),  Brachnachanya (vœu d’abstinence, de distanciation des passions, de purification). « Il n’y a d’autre Dieu que la Vérité. Le seul moyen pour réaliser la Vérité est la non-violence. Ma dévotion pour la Vérité m’a conduit dans le champ de la politique ; ceux qui disent que la religion n’a rien à voir avec la politique ne savent pas ce que religion veut dire. Dieu ne peut jamais être réalisé par quelqu’un qui n’est pas pur de cœur. Pour atteindre la pureté parfaite, on doit devenir absolument libre de toute passion en pensée, en parole et en action, de manière à s’élever au dessus des courants contradictoires de l’amour et de la haine, de l’attachement et de la répulsion ».

Mohandas Karamchand Gandhi est mort assassiné en 1948 par un Hindou fanatique qui ne pouvait accepter son refus de la partition du continent indien selon le critère religieux. Ses angoisses et ses contradictions auraient pu le paralyser. Ils l’ont galvanisé au point d’en faire l’une des personnalités les plus marquantes du vingtième siècle.