Hymne à la Petite Reine

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La chaine de télévision britannique BBC 4 programme cette semaine un documentaire enthousiaste de Rob Penn, « la course de ma vie, l’histoire de la bicyclette ». C’est un véritable hymne à la Petite Reine.

Journaliste et écrivain, Rob Penn est un passionné de bicyclette. A la fin de ses études, il partit pendant des mois à la découverte du monde sur deux roues. L’argument du film est qu’il cherche à se fabriquer une bicyclette idéale qui dure jusqu’à la fin de sa vie. Il recherche chez des fabricants artisanaux ou industriels les meilleurs pièces possibles sur le  marché : les pneus en Allemagne, les roulements en Italie, les roues en Californie. Il trouve le cadre et la selle dans les Midlands, qui furent jadis la capitale mondiale de l’industrie du cycle, avec des milliers de producteurs et de sous-traitants.

Le reportage raconte l’histoire de la bicyclette, qui est peut-être à l’orée d’un nouvel âge d’or. Le maire de Londres, Boris Johnson parle d’un retour vers le futur : au début du vingtième siècle, 20% des déplacements à Londres se faisaient à vélo ; le pourcentage a baissé jusqu’ à 1% mais s’accroit de nouveau.

Il parle de professionnels amoureux de leur métier : le fabriquant de roues de San Francisco visse les rayons un par un et vérifie leur tension dans un souci de perfection.

Il nous emmène faire du mountain bike en Californie et visiter un sanctuaire à la Madone des cyclistes au détour d’une route en aplomb du Lac de Côme.

Rob Penn vient de publier un livre, « Tout pour le vélo, la poursuite du bonheur sur deux roues ». Transhumances ne manquera pas d’en faire la recension !

Photo : Rob Penn dans le reportage de BBC 4.

Des mots d’amour

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France 2 a diffusé le 11 juillet, à une heure tardive et en concurrence avec la finale de la Coupe du Monde de football, un joli premier téléfilm de Thomas Bourguignon : « Des mots d’amour ».

Eric (Michel Vuillermoz), employé dans une compagnie d’assurance, reçoit de son médecin la confirmation de ce qu’il est atteint précocement de la maladie d’Alzheimer. Il en connaît les ravages : son père est mort de cette maladie, et sa mère indirectement aussi, écrasée par l’épreuve d’accompagner un homme devenu étranger à lui-même et paranoïaque.

Mais voilà. Il tombe amoureux d’Alice (Clotilde Courau), une délicieuse jeune femme qui travaille depuis quelques mois au service des ressources humaines de la même compagnie. Alice en retour aime cet homme doux et distrait. Pour que cet amour dure le plus possible, Eric lui cache, à elle et à ses collègues de travail, sa maladie. Il s’organise pour combler les trous de sa mémoire défaillante, à coups de carnets et de dizaines de post-it. Il se filme en vidéo pour imprimer au plus profond de sa mémoire son identité. Mais la maladie progresse. Bon pianiste, Eric trébuche de plus en plus sur sa partition. Lorsque le masque tombe, Alice se sent trahie. Mais par amour, elle décide d’accompagner son homme jusqu’à la frontière de la dissolution de son moi.

« Des mots d’amour » est un beau film, dans la ligne de « Se souvenir des belles choses » de Zabou Breitman avec Isabelle Carré et Bernard Campan. On peut regretter que, malgré la sensibilité des acteurs, certaines séquences sonnent un peu faux. Mais l’écriture cinématographique est intéressante : par un jeu de flash back et de fondus enchaînés, le réalisateur parvient à créer chez le téléspectateur un sentiment de trouble, une intuition de « quelque chose qui cloche ». En d’autres termes, il parvient à communiquer un peu de l’intolérable malaise des victimes de l’Alzheimer.

Photo : Clotilde Courau et Michel Vuillermoz dans « Des mots d’amour ».

Le Big Bang en question

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L’émission scientifique de la chaine britannique BBC2 « horizon » était le 9 mars consacrée à une question provocante : « est-ce que tout ce que nous savons de l’univers est faux ? ».

L’émission est tournée à la manière d’un thriller : images répétitives d’une expérience de gonflage et de « big bang » d’un ballon dans un hangar glacial, visages de scientifiques dans un miroir déformant, musique anxiogène. Elle inclut aussi des interviews de cosmologues d’universités américaines et anglaises, des images d’un télescope au Nouveau Mexique et un reportage sur un laboratoire installé dans une mine désaffectée du Minnesota, à 800 mètres de profondeur, pour tenter de prouver l’existence de l’antimatière.

La théorie du big bang, c’est-à-dire la création de notre univers par explosion et inflation à partir d’un noyau infiniment petit, est née d’un modèle mathématique qui, à partir de l’observation de la situation actuelle de l’univers, est capable de remonter le temps. Il a un très grand pouvoir explicatif : les phénomènes observés répondent bien, en général, à ce qu’il prédit. Mais avec les progrès des instruments d’observation, des anomalies apparaissent dans les températures ou les vitesses de rotation des galaxies. Les galaxies ne se comportent pas comme le modèle dit qu’elles devraient se comporter.

Pour intégrer les anomalies, le modèle doit ajouter de la gravité et inventer un phénomène invisible (« noir ») qui équilibre les équations. C’est ainsi qu’est apparue la « matière noire », qui serait invisible et pourrait traverser la matière que nous connaissons, ce qui explique l’installation du laboratoire dans le sous-sol du Minnesota. D’autres anomalies ont été constatées, ce qui a rendu nécessaire l’introduction dans le modèle de « l’énergie noire », qui remplirait le vide intergalactique. Plus récemment, d’autres observations ont conduit des cosmologues à faire l’hypothèse d’un « flux noir » qui pourrait provenir d’autres univers.  

Tout ce que nous savons de l’univers est-il faux ? Jamais la mathématique n’a été aussi développée et jamais notre observation de l’univers n’a été aussi riche. Mais l’histoire de la création racontée par la théorie du big bang a besoin de tant d’additifs « noirs » qu’un doute s’installe. Une révolution scientifique, pareille à la découverte de la loi de la relativité il y a un siècle, est-elle imminente ?

L’émission « Horizon » de BBC2 peut être vue sur http://www.bbc.co.uk/iplayer/

Photo du télescope spatial Hubble, galaxie spirale, http://www.hubblesite.org/

Documentaires britanniques

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Toutes les chaines de télévision britanniques présentent des documentaires d’une très grande qualité, pour la plupart réalisés selon un langage très codifié.

Les documentaires britanniques embrassent une grande variété de sujets : voyages, histoire, peinture, religions, architecture. Ils sont très souvent passionnants, ils fournissent une masse d’information et offrent des images magnifiques. Beaucoup de ces films ont été coulés dans le même moule. Un présentateur, homme ou femme, jeune ou âgé mais toujours sympathique et dynamique, en occupe le centre. Il a un discret signe de reconnaisance : un chapeau, une coupe de cheveux, un accent. On le voit se promener dans les rues ou arpenter des ruines, ou conduire dans des routes lointaines. Il nous prend à témoin de ses étonnements et en parle avec une passion communicative. De quelque événement qu’il soit le témoin, il tient à y participer : selon le contexte, il dansera avec des zoulous, accomplira des rites de purification, s’engagera dans une lutte gréco-romaine.

L’un de ces présentateurs mérite une mention spéciale : Paul Merton, vedette le lundi soir sur la chaine Five d’une émission intitulée « Paul Merton en Europe ». La dernière émission le montrait à Milan, visitant une boutique de mode dans le salon d’exposition de laquelle vit en permanence un jeune italien, avec son lit, son salon et, au rez-de-chaussée, la place de parking de sa Porsche. On le voyait à Florence assistant à un match de football à la mode Renaissance aux règles abscondes. A Rome, il visitait un home pour chats abandonnés, sous les ruines du bâtiment où Jules César fut assassiné. C’est bien enlevé et plein d’un humour typiquement britannique.

Attention ! Paul Merton visite la France la semaine prochaine !

(Photo : Paul Merton)