Sugar Man

Sugar Man, documentaire du Suédois Malik Bendjelloul, réussit l’exploit d’être encore à l’affiche à Bordeaux près de six mois après sa sortie nationale.

 Il arrive que le bouche à oreille fasse des miracles dans le marché du cinéma. C’est ce qui se produit pour ce film beau, émouvant et profondément moral. Continuer la lecture de « Sugar Man »

La partition d’une vie

Dans un livre d’entretiens avec le musicologue Frédéric Gaussin, Jean-Claude Casadesus, chef d’orchestre et directeur de l’Orchestre National de Lille, livre une réflexion passionnante sur sa vie, sa carrière et son métier (« La partition d’une vie », Editions Ecriture, 2012).

 La famille Casadesus constitue une véritable dynastie de musiciens et de comédiens issue d’un même ancêtre, Luis Casadesus, un émigré catalan décédé en 1919 à l’âge de soixante neuf ans. Jean-Claude Casadesus appartient à la troisième génération. Il est fils de Gisèle Casadesus, comédienne qui vient, à 99 ans, de jouer dans le film « le figuier ». Il est père d’un explorateur, d’une cantatrice et d’un comédien, et grand-père de trois musiciens doués. Continuer la lecture de « La partition d’une vie »

Kaas chante Piaf

Patricia Kaas est actuellement en tournée en France et dans le monde avec son spectacle en hommage à Edith Piaf.

 Patricia Kaas chante 21 chansons d’Edith Piaf, dont on célèbrera en octobre les 50 ans de la mort. Elle a en commun avec Edith des origines populaires, un timbre de voix assuré, une énergie peu commune. Elle est, comme Edith, l’un des rares chanteurs français connus à l’étranger. Des concerts sont programmés cette année à Londres, Helsinki, Istanbul, Shanghai et Tokyo, entre autres destinations européennes et mondiales.

 Son tour de chant n’est pas un « copié – collé » des concerts d’Edith Piaf. Le compositeur Abel Korzienswski, connu pour ses musiques de film, les a profondément réarrangées, de sorte qu’elles portent avec elles non seulement les émotions d’hier, mais les tonalités et couleurs d’aujourd’hui. Un danseur chorégraphie certains morceaux. Le mouvement donne à certaines chansons, telles « emportés par la foule », une grande densité. La mise en scène intègre aussi des images projetées, mais la topographie de la Patinoire de Bordeaux, pas vraiment adaptée à la scène, ne nous a pas permis d’en profiter.

 Dans Sud-Ouest du 21 mars, Patricia Kaas dit d’Edith Piaf : « c’était aussi une passionnée de l’amour, extrême dans tout ce qu’elle faisait, qui s’y est usée… Elle nourrissait ses chansons avec ses défaites amoureuses, cherchait des instants de passion… Sans doute elle aussi, comme moi, avait peur de l’ennui. » Les chansons d’Edith, leur réinterprétation par Patricia prennent aux tripes. Même un amour malheureux, disait Piaf, c’est encore du bonheur. Le spectacle de Kaas en témoigne.

Falstaff de Verdi

Ambrogio Maestri et Svetla Vassileva dans « Falstaff » de Verdi

L’Opéra Bastille, relayé par des cinémas UGC dans plusieurs métropoles françaises donne actuellement Falstaff, une comédie lyrique composée par Giuseppe Verdi en 1893.

 Âgé de quatre-vingts ans, auréolé d’un immense prestige, Verdi a envie de s’amuser. Il décide de mettre en musique et en scène un livret écrit par Arrigo Boito, principalement à partir des Joyeuses Commères de Windsor de Shakespeare.

 Falstaff est un bon gros vivant qui vit, boit et mange au-dessus de ses moyens. Il cherche à se faire entretenir par deux bourgeoises en devenant leur amant. Mais les cibles du stratagème et leur bonne, joliment appelée Mrs Quickly, mènent de concert une stratégie qui aura pour effet d’humilier le bonhomme et de lui faire avouer que « tout dans le monde n’est que farce et duperie ».

 On rit de bon cœur. On retrouve les ingrédients des pièces de Shakespeare, en particulier la forêt obscure et les fées, mais cette fois cuisinés à la sauce comique. La relecture italienne du contexte anglais ajoute à la drôlerie de cet opéra rondement mené, dont la mise en scène de Dominique Pitoiset et la direction musicale de Daniel Oren rendent bien la vivacité. La distribution, toute internationale, est remarquable.

 Voir Falstaff dans une salle de cinéma prive le spectateur des vibrations que ressentent ceux qui ont la chance d’assister au spectacle à l’Opéra Bastille. Les applaudissements, en particulier, sont source de frustration : applaudir lorsque les acteurs du spectacle n’entendent pas, n’a guère de sens ; ne pas applaudir laisse une impression d’inachevé. Il reste que l’opération « Viva l’Opera ! » donne accès à des milliers de personnes à un spectacle que la distance ou le prix d’entrée dissuaderaient.

 On fête cette année le deux centième anniversaire de la naissance de Verdi. Nous conservons la mémoire des célébrations ardentes qui avaient marqué en 2001 à Milan le centenaire de sa mort.

Falstaff sur la scène de l’Opéra Bastille