BBC Proms

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Les concerts promenade de la BBC (BBC Proms) constituent un événement majeur de la vie culturelle et artistique de Londres pendant l’été.

Les BBC Proms sont un signe de l’enracinement de la musique dans la culture anglaise et de sa vitalité. Il s’agit d’offrir pendant l’été des concerts auxquels les gens peuvent aller décontractés en sortant du travail ou après s’être promenés au parc en famille. Les Concerts Promenade Henry Moore (« Proms ») en sont à leur cent seizième saison. Cette année, outre de multiples manifestations à Londres et dans d’autres villes, 76 concerts sont organisés Royal Albert Hall, une gigantesque structure circulaire en briques surmontée d’une coupole en acier, capable d’accueillir des milliers de spectateurs. Les concerts sont souvent radiodiffusés en direct sur Radio BBC 3 ou télévisés sur BBC 4, et disponibles pendant sept jours sur www.bbc.co.uk/iplayer.

Le Royal Albert Hall comporte deux contingents de places debout, dans une galerie au-dessus du cercle supérieur des places assises et dans « l’arène », un espace vide immédiatement sous la scène.  Les spectateurs debout semblent participer à une célébration religieuse. Leur attention est intense.

Malgré sa taille immense de l’auditorium, l’acoustique est excellente. Chacun s’efforce d’accueillir la musique avec un respectueux silence. Toutefois, dès la pause après le premier mouvement, la foule est prise d’une frénésie cathartique comme si la grippe porcine s’abattait de nouveau brutalement sur Londres ; au vacarme des tousseurs succède celui des rieurs !

Les concerts commencent généralement à 19h30 et durent deux heures, ce qui permet aux spectateurs de rentrer en banlieue.  La première partie associe des œuvres de compositeurs classiques et contemporains, la seconde, après l’entracte, est consacrée à une œuvre majeure d’un compositeur renommé. Le 2 août, le « Prom 22 » présentait le London Symphonic Orchestra sous la direction de Jonathan Nott, avec le pianiste Laurent Aimard.  En première partie furent joués un concerto de Mozart, un morceau de piano du compositeur György Ligeti (1923 – 2006), repris par Stanley Kubrick dans Wide Eyes Shut, et un concerto de George Benjamin (né en 1960). Deux symphonies de Ravel constituaient la seconde partie.

Le public est de connaisseurs. L’émotion est palpable et c’est une ovation qui salue les musiciens.

Photo BBC : un BBC Prom.

Musique malienne au Barbican

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Le Mali était à l’honneur hier soir dans l’immense auditorium du Barbican à Londres.

La star du concert était le groupe Bassekou Kouyate & Ngoni Ba qui suscita l’enthousiasme par son rythme époustouflant, par la qualité et l’étrangeté du son des calebasses et des ngonis (instrument à cordes à caisse étroite) et surtout par la joie des musiciens sur scène. Leur musique est profondément enracinée dans la tradition griotte. Elle résulte aussi d’un effort pour rendre cette tradition intelligible par des auditeurs du monde « globalisé ». « Il n’existait pas de théorie musicale de base du ngoni, et les vieux griots avaient leur propre façon de se référer aux notes, dit Bassekou Kouyate. J’ai travaillé à mettre en place un cadre de sorte que les notes sont maintenant reliées aux gammes occidentales et il est possible à des personnes hors de notre monde musical d’apprendre à jouer le ngoni ».

C’est ce même travail interculturel qui m’a fasciné dans le récital de Ballaké Sissoko à la kora, (instrument à cordes de la taille d’un homme avec à sa base une caisse sphérique) et Vincent Ségal au violoncelle. J’avais acheté et aimé leur disque, « Chamber music ». Les deux hommes son assis côte à côte, Ballaké dans un boubou d’un blanc éclatant, Vincent dans un classique costume – cravate gris.

Ballaké Sissoko est issu d’une famille de griots mandingues. La conversation musicale entre les deux artistes est d’une grande délicatesse. Un thème développé par Ballaké à la kora est interprété par Vincent au violoncelle avec une couleur différente, mais fidèle jusque dans les nuances. Leur musique invite au recueillement, à la méditation de ce qui nous distingue et de cette mélodie universelle qui nous réunit.

Illustration : pochette du disque « Chamber Music ».

Concert en l’église St Paul de Deptford

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A l’invitation de Dominique Chambrin, nous avons assisté à un concert de chant choral dans la magnifique église baroque de St Paul à Deptford, près de Greenwich.

Un moyen commode de se rendre du centre de Londres à Greenwich est la ligne régulière de catamarans qui embarque à Embankment près de Westminster et passe par Tower Bridge et « La Défense » londonienne, Canary Wharf. Nous nous rendons au concert des chorales jumelées de Lewisham (près de Greenwich dans la banlieue sud de Londres) et d’Antony (dans la banlieue sud de Paris).

La première bonne surprise est l’église St Paul, construite entre 1712 et 1723 par Thomas Archer dans un style baroque italien. On y accède par un portique de colonnades corinthiennes. A l’intérieur, de grandes verrières laissent entrer la lumière. L’église a été restaurée récemment. Nous sommes accueillis par un prêtre en soutane noire, la tête couverte d’une barrette dans le plus pur style romain, bien que la paroisse soit anglicane ; il arbore une fière queue de cheval dont la liberté contraste avec l’austérité de son uniforme.

Une autre surprise est le nombre de choristes, plus de 150, qui remplissent l’espace harmonieux de l’église de leur souffle. Ils interprètent principalement des œuvres de Benjamin Britten et Gabriel Fauré, alternativement sous la direction du maître de chœur anglais et français. L’amitié franco-britannique a été célébrée le 18 juin, anniversaire de l’appel du Général de Gaulle, par le Premier Ministre britannique et le Président français. Elle s’exprime ici par la musique.

Le principal morceau est le Requiem de Fauré. Le Pie Jesu est  interprété d’une voix critalline par la jeune soprano Marie Simonnet. C’est magnifique.

Photo Wikipedia : église St Paul à Deptford.

Concert au Royal Festival Hall

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Nous avons assisté le 20 mai à un concert au Royal Festival Hall de Londres. Au programme, Bernstein, Barber et Prokofiev.

Le site du Royal Festival Hall au bord de la Tamise est remarquable. On y accède depuis la station de métro Embankment par une passerelle qui offre une vue magnifique sur la City. C’est le premier jour de vrai printemps, et la foule est nombreuse, nonchalante, heureuse. Les concerts à Londres ont en général lieu vers 19h30, ce qui permet de dîner en ville avant de reprendre sans stress le métro ou le train pour rentrer chez soi.

Le programme de ce soir est proposé par le Philarmonia Orchestra, dirigé par le jeune chef d’Orchestre ukrainien Kirill Karabits. Il interprète des œuvres de Bernstein, Barber et Prokofiev. Le moment le  plus le émouvant est le concerto pour violon op. 14 composé par Samuel Barber en 1939.

Kirill Karabits est habité par la musique, qu’il interprète sans partition. Jusqu’à l’extrémité de ses doigts, son corps exprime jusqu’à la moindre nuance, de la violente entrée en scène des percussions à la délicate ondulation d’instruments à cordes. Le violoniste Gil Shaham semble comme un ange, surhumain dans sa virtuosité et sa sensibilité, comme plongé dans une attitude contemplative.

Photo : Kirill Karabits