De Maubuisson à Piqueyrot

L’un des plaisirs de nos vacances à Maubuisson (Carcans, Gironde) est l’excursion annuelle à Piqueyrot, au nord du lac de Carcans – Hourtin.

 Le temps est ensoleillé et le fond de l’air est frais : des conditions idéales pour une randonnée à bicyclette d’une quarantaine de kilomètres. Après la base de loisirs de Bombannes, une piste étroite suit le lac sur sa rive occidentale. Elle menait autrefois à la pointe de la Gracieuse et à Piqueyrot. Elle est malheureusement aujourd’hui défoncée, et nous faisons un détour par la route forestière qui passe par les phares d’Hourtin. Une dizaine de kilomètres plus loin nous rejoignons la piste cyclable de Piqueyrot.

 De pinèdes en clairières, de dunes en plaines, le paysage est varié. Il a plu il y a quelques jours et l’air est chargé de senteurs de pin et de bruyère. En arrivant à Piqueyrot, la piste longe de nouveau le lac et l’horizon se dilate.

 Piqueyrot, sur le territoire de la commune d’Hourtin, compte une base nautique, quelques maisons et un petit restaurant, Le Nautique, où l’on déguste sous la tonnelle des gambas avec des frites à l’ail. Après une heure et demie de pédalage, cette halte nous offre un moment de paradis. La cuisine est délicieuse et le site, avec vue sur le lac, nous comble de sérénité.

 Au retour, nous nous arrêtons à Carcans Plage. La baignade dans les vagues lave le corps et revigore. Nous observons le spectacle fascinant de la plage. Elle efface les inégalités : une foule immense partage la joie du soleil séchant la peau salée, le plaisir de marcher dans le sable pieds nus, l’excitation des enfants bousculés par la vague. La plage offre aussi le spectacle de l’inégalité dévêtue, entre des jeunes beaux et belles comme des dieux et des personnes dont le corps est marqué par une mauvaise hygiène de vie ou  par l’âge.

 Photo « transhumances ».

Le Petit Jésus de Prague

Le « Petit Jésus de Prague », une statue de cire de 47cm de hauteur conservée dans une chasse de marbre et de verre dans l’église Notre Dame de la Victoire à Prague, suscite une dévotion qui dépasse largement les limites de la Bohême.

 Le nom de l’église de Notre Dame de la Victoire évoque la miraculeuse intervention de la Vierge aux côtés des armées catholiques à la bataille de La Montagne Blanche (8 novembre 1620), qui conclut les hostilités ouvertes par la défénestration d’envoyés catholiques auprès de La Cour protestante au château de Prague le 23 mai 1618. L’église avait initialement était construite comme temple luthérien. Elle fut restructurée et dotée d’une façade baroque par un architecte italien et confiée en 1624 à l’ordre des Carmes, fondé un siècle plus tôt en Espagne par Thérèse d’Avila et Jean de la Croix.

 C’est de la filière espagnole que vient la statue de l’Enfant Jésus. Elle fut donnée en cadeau par Isabela Manique de Lara y Mendoza à sa fille Maria lorsqu’elle épousa en 1555 le prince Tchèque Vratislav de Pernštejn. Le roi Rodolphe II de Bohême avait épousé la sœur de Philippe II d’Espagne sept ans auparavant. Il y avait un clan espagnol à Prague, consolidé par des alliances matrimoniales. C’est cela qui explique l’extraordinaire floraison baroque à Prague.

 Le Petit Jésus de Prague dispose d’une soixantaine de parures, dont la plus ancienne remonte à 1700. D’innombrables répliques ornent des églises dans le monde et font l’objet de vénération.

 Photo « transhumances ».

Prague en musique

Il est difficile de séjourner en touriste à Prague sans assister au moins à un concert.

 Les églises de Prague rivalisent dans l’organisation de concerts, avec une naturelle inclination pour la musique baroque. Vivaldi, Bach et Mozart tiennent souvent la tête d’affiche. Il y a aussi plusieurs salles de concert prestigieuses, dont le Rudolfinum.

 Nous assistons à la Maison Municipale à un concert consacré aux œuvres les plus connues de Mozart et de Strauss. Le programme a été taillé pour des touristes musicalement incultes, avec des chanteurs en costumes d’époque. Mais le chef d’orchestre est une jolie jeune femme décidée et l’orchestre est de qualité. Le spectacle se déroule dans une salle de style Art Nouveau, comme l’ensemble du bâtiment. Nous prolongeons le plaisir de la musique par un dîner au Restaurant Français, au rez-de-chaussée de la Maison Municipale, dont la décoration est époustouflante.

 L’enfant du pays est Antonín Dvořak (1841 – 1904). Au musée de la musique tchèque, une exposition lui est consacrée. Des panneaux évoquent les différentes étapes de sa vie ; des écouteurs diffusent les œuvres qui leurs sont attachées. Au premier étage du musée est présentée une incroyable variété d’instruments de musique, illustrée par des enregistrements de chacun d’eux.

 Photo « transhumances » : groupe de sculptures baroques dans l’église Saint Nicolas de Prague, l’une des églises proposant des concerts.  

Prague

Comme l’an dernier, une réunion professionnelle nous donne l’occasion de vagabonder dans Prague.

Les touristes n’ont à Prague qu’un désagrément : la horde des touristes qu’eux-mêmes s’emploient à gonfler, sur le Pont Charles, dans les rues qui montent au château, dans les ruelles du quartier ancien de la rive droite de la Vltava et dans les innombrables boutiques de cristal de Bohême.

 Prague procure les émotions de Palerme et de Lisbonne réunies. De Palerme, Prague a l’exubérance baroque, les façades tout en rondeurs, les angelots potelés, la souffrance spectaculaire des vierges et des martyrs. Comme à Lisbonne, les rues sont pavées de blanc et de noir : là on monte au château Saint Georges ; ici, au château dont la plus ancienne église est consacrée à Saint Georges.

 Lisbonne et, plus encore Palerme, donnent parfois l’impression d’un décor de théâtre. Comme elles, Prague est une ville habitée d’âmes errantes et d’éternelle beauté.

 Photo « transhumances » : Prague vue du musée Kampa.