Prague, capitale baroque

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Prague est restée profondément marquée par la contre-réforme catholique consécutive au Concile de Trente. Elle est l’une des capitales européennes de l’art baroque.

On respire à Prague une ambiance italienne. Cela ne nous étonne pas. Pendant notre séjour de quatre ans à Milan, nous avons souvent eu le sentiment de vivre dans une cité d’Europe orientale. Que le contraire se vérifie dans la capitale tchèque n’est qu’un juste retour des choses.

Certaines églises ont la façade bombée, comme à Raguse ou Noto, sans toutefois atteindre le degré de raffinement du baroque sicilien. Bien que l’église de Saint Marie des Neiges soit placée sous la responsabilité des Franciscains, l’exubérance des ses statues de saints extatiques ou douloureux, ses dorures et ses colonnades torsadées ne dépareraient pas à Palerme ou à Naples.

Dans le Palais Schwartzenberg, tout près du Palais Royal, un musée d’art baroque présente, au rez de chaussée, des statues contemporaines de celles du Pont Charles. Elles expriment avec force une religion sensuelle faite de mouvement, de douleur et d’exaltation.

Trois cents ans plus tard, Alfons Mucha, figure marquante de l’Art Nouveau, développa un style fleuri, épique et généreux fortement inspiré par le baroque. Un musée lui est consacré. Il présente notamment les affiches réalisées pour annoncer des pièces jouées par Sarah Bernhardt.

Photo « transhumances », le Pont Charles.

Week-end à Prague

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Une réunion professionnelle à Prague nous a donné l’occasion de découvrir cette ville remplie d’histoire. « Transhumances » y consacrera plusieurs articles.

Nous étions le week-end dernier à Berlin. Prague nous plonge dans une tout autre ambiance. La capitale allemande nous est apparue austère, horizontale, quadrillée par de grandes avenues monotones. Le site de Prague, dans un coude de la rivière Vltava, a comme un petit air d’opérette avec son château au faîte de la colline, le Pont Charles et ses statues baroques, ses musiciens et ses caricaturistes, et les dômes des églises de la vieille ville.

La vieille ville a conservé sa configuration médiévale, avec des rues étroites et tortueuses interdites aux automobiles. On ne sait d’ailleurs comment les voitures se fraieraient un passage dans le flot compact des touristes accourus en masse ce week-end de Pentecôte. Il y a toutefois une exception : des guimbardes d’avant guerre, retapées de couleurs pimpantes, proposent un circuit pour 1.200 couronnes, environ 40 euros. Sur la rivière, des dizaines de bateaux offrent une promenade sous le pont Charles, parfois au son d’un orchestre de jazz.

La grand-place, surmontée par la statue de Jean Hus et l’horloge astronomique, est transformée ce soir en espace de concert. Une foule en liesse toute grimée de bleu, blanc et rouge célèbre la victoire de l’équipe nationale de hockey sur glace.

Il y a des centaines de boutiques de souvenirs, dont les spécialités sont le cristal de Bohême et la marionnette. L’offre de restaurants est pléthorique, et les restaurants tchèques peinent à soutenir la concurrence des italiens. J’ai particulièrement apprécié un ragoût de porc servi avec de la choucroute et de la purée de pommes de terre, et arrosé d’une délicieuse bière brune. Une autre attraction touristique est le concert de musique baroque. Plusieurs églises ou palais en proposent chaque soir.

Les artères de la ville moderne, bien ombragés, sont parcourues par des tramways que l’on croirait sortis d’un musée des chemins de fer urbains. Des attelages de deux voitures brinquebalantes des années cinquante croisent des rames ultramodernes, profilées et silencieuses.

Photo « transhumances »

Helmut Newton

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Le musée de la photographie de Berlin, ouvert en 2004 dans les locaux d’un ancien casino, abrite 1000 œuvres prêtées par le photographe australien d’origine allemande Helmut Newton (1920 – 2004).

Newton a photographié des célébrités, artistes, hommes politiques, sportifs. Mais c’est sa fascination pour la femme, son obstination à la représenter à la fois impudique et mystérieuse, entre la beauté plastique et la tension érotique.

Une vidéo présente le travail de Newton, les heures passées avec un modèle pour obtenir exactement la lumière, la courbe du corps, l’expression du visage qui feront d’un instantané un trésor pour l’éternité.

Illustration : photo de Helmut Newton. www.helmutnewton.com

Mondes irréels

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Près du château baroque de Charlottenburg, un quartier de Berlin, se trouve un extraordinaire musée consacré aux mondes surréels : la Collection Scharf Gerstenberg.

Ce musée, une maison bourgeoise articulée autour d’un escalier central à colimaçon agrandi par une aile moderne de verre et de béton, fait face à une autre extraordinaire collection, consacrée à la peinture et à la sculpture du vingtième siècle : la Collection Berggruen. Les surréalistes, Masson, Magritte, Ernst etc. ont naturellement leur place dans la collection Scharf Gerstenberg consacrée aux mondes irréels.

Mais la collection s’intéresse à des artistes qui, dès le 19ième siècle ont cherché à « regarder les yeux fermés », extériorisant dans leur peinture des mondes issus de leur inconscient, avec le minimum d’autocensure. Elle donne une part importante à Goya, directement par son œuvre et par l’hommage que lui rendit Odilon Redon.

La seconde salle est en grande partie, de manière inattendue, à Victor Hugo, et en particulier à son « esquisse d’une île ». Le musée nous offre un magnifique voyage dans l’imaginaire, de Giovanni Batista Pironesi à Salvador Dali et d’Henri Laurens à Joan Mirò. Les explications diffusées par l’audio guide sont d’un très haut niveau.

Illustration : Odilon Redon, hommage à Goya, 1895.