Devoir de mémoire

100519_holocaust_mahnmal_fb.1274473061.jpg

Berlin est une ville au passé déchirant, entre le troisième Reich et le Mur de la Honte. Les Berlinois s’efforcent de ne pas oublier.

Près de la Porte de Brandebourg, des centaines de stèles grises, de tailles et d’inclinaisons différentes constituent l’Holocaust Mahnmal, le mémorial de l’holocauste.

Aux environs de la Porte de Brandebourg, des croix blanches célèbrent la mémoire de Berlinois de l’est tués alors qu’ils tentaient de franchir le mur.

A côté du musée d’histoire allemande, la Neue Wache est un mémorial aux victimes du fascisme et du militarisme. Sous la voute se trouve une statue de Käte Kollwitz, la mère et l’enfant.

A proximité du Kulturforum, la prison de Plötzensee, où furent décapités ou pendus des milliers d’opposants au nazisme, dont les auteurs de l’attentat contre Hitler, a été transformé en mémorial de résistance allemande.

Cette volonté de regarder l’horreur en face peut troubler le visiteur d’un week-end. Pourtant, le devoir de mémoire est fondateur de l’Allemagne d’aujourd’hui, un pays qui se veut ouvert, tolérant et démocratique.

Photo Fabienne Bonnet : « Mémoire », l’Holocaust Mahnmal. www.prismatic.aminus3.com

Berlin Est Ouest

100517_trabant.1274207938.jpg

Bien que réunifiée depuis 20 ans et de nouveau capitale de l’Allemagne depuis 10 ans, Berlin reste marquée par la division de la guerre froide.

Le souvenir du mur de Berlin constitue aujourd’hui une attraction touristique prospère Au Check-Point Charlie (le troisième point de passage de l’ouest à l’est selon l’alphabet de l’Otan), on a reconstruit une guérite de contrôle avec ses sacs de sable. Des vendeurs proposent des casquettes ou des toques portant l’insigne du marteau et de la faucille, des cartes postales comportant un soi-disant fragment de mur et jusqu’à des masques à gaz.

Le musée de la DDR (RDA) présente un poste d’écoutes de la Stasi, façon « La vie des autres », mais distille aussi, dans la veine de « Good bye Lenin », la nostalgie des uniformes de pionniers, des Trabant et des produits simples sans conditionnement ni marketing. On trouve, sur les bords de la rivière Spree, un tronçon de mur de plusieurs centaines de mètres, décoré à fresque par des artistes réputés. Seuls manquent les rangées de barbelés, les projecteurs, les miradors et les « vopos » qui faisaient de ce lieu un endroit d’épouvante.

Au delà de l’attraction touristique, la différence entre l’Est et l’Ouest de Berlin est palpable. Des sommes d’argent considérables ont été investies à l’Est. On a construit des ambassades, des bureaux, le Sony Centre ou la gigantesque salle de spectacle O2. On a ravalé des centaines de milliers de façades. Il reste que l’avenue Unten den Linden à l’Est a un aspect monotone et austère, alors que Kurfürstendamm à l’Ouest présente un visage plus doux et varié.

Il faudra sans doute plus d’une génération pour que disparaisse le contraste Est – Ouest.

Photo « transhumances » : safari de « Trabant », les voitures populaires d’Allemagne de l’Est pendant la guerre froide, dans le Berlin commercial de 2010

Week-end à Berlin

p5150060.1274124218.JPG

Pendant le week-end de l’Ascension, nous sommes partis à la découverte de Berlin. Ce séjour intense donnera lieu à plusieurs articles de « transhumances » dans les prochains jours.

Notre groupe familial de six personnes a plusieurs fois voyagé ensemble. Il y a un an, nous étions en Angleterre dans les Cotswolds. Cette année, nous nous sommes donné rendez-vous à Berlin. Nous avons plaisir à nous retrouver et rions souvent de bon cœur. Brigitte ayant observé que l’équipage de notre vol EasyJet rejoignait l’avion sur le tarmac de Luton en ordre dispersé et « au compte-gouttes », « compte-gouttes » devient le leitmotiv du séjour.

Le groupe se gère harmonieusement. Il se fractionne parfois entre plusieurs pôles d’intérêt lorsque les envies des uns et des autres s’avèrent inconciliables. Il sait cueillir au vol un moment d’intérêt partagé. Il avance habituellement d’un bon pas mais sait s’arrêter dans un bon restaurant douillet lorsque la pluie glaciale menace de gâcher le plaisir. Il s’enrichit de mille étonnements glanés par l’un ou l’autre comme autant de pierres précieuses.

Malgré la pluie et le vent, nous avons arpenté pendant des heures l’avenue Unter den Linden de la Porte de Brandebourg au Berliner Dome et au quartier de pêcheurs de Saint Nicolas, et la Friedrichstrasse de Gendarmenmarkt au Check Point Charlie. Nous avons visité des musées exceptionnels, comme la Gemäldegallerie et le musée de Pergame. Nous avons déjeuné à la bière brune dans une brasserie de choucroute et dîné à la mode vietnamienne et au goût italien. Nous nous sommes passionnés pour les photographies d’Helmut Newton et les collections d’art surréel de la Collection Scharf Gerstenberg. Nous avons vu passer d’étranges engins, dont un bar à bière mobile dont les consommateurs pédalent tout en buvant et en conversant au comptoir. Nous avons été témoins du devoir de mémoire honoré par le peuple allemand en tant de monuments et mémoriaux parsemés dans la ville. A la troisième tentative, quatre membres du groupe ont été assez patients pour accéder à l’intérieur du merveilleux dôme en verre du Reischstag.

Nous avons été conscients de vivre une profonde expérience humaine, artistique et intellectuelle, mais aussi de n’avoir découvert qu’une toute petite partie des merveilles que recèle cette grande capitale.

Photo « transhumances » : Berliner Dome et tour de la télévision, Berlin.