Etonnements à La Réunion

Hortensias sauvages sur la route de Bélouve. Photo « transhumances »

Je suis venu une quinzaine de fois à l’Ile de La Réunion, la première en 1978. Ce séjour, comme les précédents, apporte son lot d’étonnements.

 Sur les rampes de Saint François, qui dégringolent de la montagne vers le centre de Saint Denis en virages serrés, deux jeunes motocyclistes font une course de vitesse. Ils descendent à toute allure, négocient les épingles à cheveux à la corde, sur le côté gauche de la route, évitent de justesse les voitures qui montent. Ils ne portent pas de casque. Ils roulent à tombeau ouvert.

 Quelque part entre Petite Ile et La Plaine des Grègues, villages des hauts dans le sud de l’Ile, une rue porte le nom de Harry Truman, la suivante celui de Léonce Jeannette. La Réunion est décidément « glocal », globale et locale, une part du vaste monde empreinte de particularisme.

 Le goyavier, petite baie rouge que l’on cueille en juillet – août, pendant l’hiver austral, n’a rien de semblable à la figue. Pourtant, lorsqu’on les mange en confiture ou en pâte de fruits, leurs saveurs sont étrangement proches.

 Le vélo est en train de s’imposer à La Réunion. L’encombrement des voies de circulation et les escarpements vertigineux avaient jusqu’à présent dissuadé les cyclistes. En l’espace de quelques années, l’Ile s’est convertie à la Petite Reine. Les villes développent des pistes cyclables, des pelotons roulent sur la route littorale près de l’Etang Salé, d’audacieux cyclistes affrontent les routes de montagne les plus difficiles et le VTT est à la mode dans les routes forestières. Il y a un effet de mode, qui concerne toutes les formes de sport et de remise en forme, pas seulement le cyclisme. Il y a aussi l’effet de la mise en service de la Route des Tamarins, dans l’ouest de l’île, qui a rendu la zone côtière moins embouteillée et plus agréable à sillonner à deux roues.

 Nous connaissions le restaurant du Cap Méchant, qui avait commencé dans les années 1970 comme une modeste table créole dans un superbe paysage de roches volcaniques battues par les vagues au sud de l’Ile. Il a ouvert récemment deux succursales, à Saint Pierre et Saint Denis, dont la clientèle est l’élite administrative et commerciale de La Réunion. Le principe est un vaste buffet au prix unique de 20€, boissons en sus. Ces deux restaurants connaissent un grand succès. Ils ont su rencontrer les goûts de sa clientèle : une nourriture créole de bonne qualité, un mobilier de style international (y compris les tables hautes que je détestais à Londres), un volume sonore qui dissuade toute conversation sérieuse mais donne le sentiment d’être placé au cœur de la vie sociale et économique de l’Ile.

 « Le long chemin de l’érection », titre Le Quotidien de La Réunion le 28 novembre. Pas de révélations sexologiques à attendre. Il s’agit de la création d’une nouvelle commune, La Rivière. « La carte du nouveau découpage communal propose d’intégrer à Saint-Louis la population de Bois-de-Nèfles Cocos qui habite en-deçà du quartier du chemin Kervéguen. Les Makes et le reste du quartier de Bois-de-Nèfles Cocos étant reversés dans le territoire communal de La Rivière. »

Douces Arbouses

Pour le cycliste parcourant les dunes du littoral aquitain au début de l’automne, l’arbouse est une amie, jolie à regarder, fondante dans la bouche, nourrissante et rafraîchissante à la fois.

 Mes premières journées de préretraité à Maubuisson m’apportent un moment de plaisir chaque année espéré et répété. Par une fraîche matinée, je pars à bicyclette dans la pinède, pédalant seul sur les pistes sous le faible soleil d’automne. Au bord du chemin, enracinés dans le sable et isolés du ciel par la futaie, les arbousiers sont en fleurs et en fruits. Leurs petites feuilles vertes, un peu épaisses, sont dressées. Leurs fleurs pâles ressemblent à des cloches de muguet et regardent le sol. Les arbouses, de jaune pâle à rouge vif, pendent par grappes de deux ou trois. Elles semblent protégées par une coquille hérissée d’écailles fines, mais cette coquetterie laisse vite place au ravissement.

 Dans la bouche, le fruit se transforme en une fine pâte que les ignorants jugeront fade, mais qui s’installe doucement dans la nuance de cette saison d’humus qui invente son moment entre le sec et le gel. L’ours symbole de Madrid ne s’y est pas trompé : dressé sur ses pattes arrière, il déguste son fruit favori, l’arbouse !

Photo d’arbouses : « transhumances »

L’ours aux arbouses, symbole de Madrid. Photo www.jmrw.com

Autodérision

David Cameron dans le Late Show de Letterman

La capacité des britanniques à se moquer d’eux-mêmes est l’une des caractéristiques les plus admirables de leur culture. Les leaders de la coalition, David Cameron et Nick Clegg, viennent d’en faire la démonstration.

 Invité du journaliste américain David Letterman dans son émission « the late show », David Cameron n’a su répondre à deux questions de culture générale britannique. Sa réaction : « vous avez trouvé mes limites (you have found me out). C’est mal. J’ai fini ma carrière dans votre show ce soir ! »

 A la conférence des Libéraux Démocrates, leur leader Nick Clegg lance dans son discours une blague qui tombe à plat. Il rebondit immédiatement : « I am sorry, I made a joke I could not deliver » (je suis navré, j’ai fait une blague que je n’ai pas su servir). Cette fois, il fait mouche : la semaine précédente, il avait dit qu’il était navré d’avoir fait des promesses qu’il n’avait pas pu tenir, et notamment celle de ne pas augmenter les frais de scolarité. Des vidéos avaient détourné la confession du libéral-démocrate. Des tasses à l’effigie du leader avec la phrase « I am sorry » se vendaient comme des petits pains dans les couloirs de la convention.

Nick Clegg à la conférence du Parti Libéral Démocrate

Etonnantes églises de Bristol

 

Nef de St Mary Recliffe. Photo "transhumances"

Plusieurs églises de Bristol méritent d’être visitées. Je décris ici mes étonnements à St Mary Redcliffe, dans la cathédrale et à l’église de Tous les Saints de Clifton.

 La plus jolie et la plus harmonieuse des églises de Bristol est probablement St Mary Redcliffe, dont le Guide Vert nous dit que « son architecture est une véritable encyclopédie du gothique anglais, évoluant du style « Early English » 12ième – 13ième siècle) au Decorated puis au Perpendicular (14ième siècle).  Les vitraux originaux ont été largement détruits pendant la guerre et remplacés par des œuvres contemporaines pleines de lumière. Mon étonnement à St Mary Redcliffe est une statue en bois polychrome de la Reine Elizabeth I, près des fonds baptismaux.

 

Statue de la Reine Elizabeth I dans l'église St Mary Redcliffe. Photo "transhumances".

La cathédrale de Bristol est un bâtiment massif de style gothique qui constituait l’église d’une abbaye supprimée par le roi Henry VIII. La salle capitulaire, de style roman tardif, est magnifiquement décorée de motifs géométriques sculptés. Mon étonnement dans la cathédrale est le tombeau du premier évêque de Bristol, Paul Bush, décédé en 1558. Son gisant le présente décharné,  vêtu d’un simple pagne. Dans l’esthétique de l’époque, la mort était présentée dans son effroyable nudité.

 

Salle capitulaire de la cathédrale de Bristol. Photo "transhumances".
Tombe de l'évêque Paul Bush dans la cathédrale de Bristol. Photo "transhumances".

Mon coup de cœur est pour l’église de Tous les Saints, dans le joli quartier résidentiel de Clifton. Elle fut initialement construite en 1868 par l’architecte George Edmund Street, don William Morris fut l’apprenti et qui est surtout connu pour le Royal Court of Justice à Londres. L’église fut détruite par un bombardement le 2 décembre 1940. Elle a été reconstruite en 1967 par Robert Potter en utilisant des parties subsistantes de l’ancien édifice. Il a créé un espace moderne et harmonieux, illuminé par les vitraux de John Piper (1903 – 1992), aussi auteur des vitraux du baptistère de la nouvelle cathédrale de Coventry. L’autel est surmonté d’un joli baldaquin, œuvre de Randoll Blacking. En ce dimanche matin, une messe est célébrée. L’assistance est clairsemée, mais l’atmosphère est radieuse.

J’aurais aimé trouver à Bristol la trace de William Tyndale, citoyen de cette ville, premier traducteur de la Bible en anglais, étranglé et brûlé à Vilvorde en Belgique en 1536. Une verrière lui est consacrée dans le Baptist College de Bristol. J’aimerais revenir dans cette ville attachante pour rendre hommage à cet homme exceptionnel.

All Saints Church, Bristol. Photo "transhumances"
Vitrail de John Piper dans All Saints Church, Bristol. Photo "transhumances".