Le Musée d’Archéologie Nationale

Le Musée d’Archéologie Nationale de Saint Germain en Lay mérite une visite.

 Le musée occupe le château de Saint Germain, une bâtisse du seizième siècle dont le parc surplombe la Seine. Le terme « Antiquités Nationales » est si large qu’en réalité deux musées pourraient coexister. Une grande part des collections est consacrée à la préhistoire (paléolithique et néolithique), à l’âge du bronze et l’âge du fer. Une autre part présente des objets de la Gaule romaine et du bas Moyen Age.

 En France, la préhistoire commence vers 500.000 ans avant Jésus-Christ avec l’homme de Tautavel. Les collections du musée suivent un strict ordre chronologique. On voit tout au long du paléolithique, jusqu’au sixième millénaire, les outils devenir de moins en moins rudimentaires. Vers 20.000 avant Jésus-Christ apparaissent des motifs décoratifs, dont certains sont des figures abstraites dont le sens nous échappe, d’autres des représentations d’animaux. La plus célèbre pièce du musée est le portrait d’une femme, la Dame de Brassempouy, une petite sculpture de 3.65cm de haut taillée dans de l’ivoire de Mammouth, trouvée dans la grotte du Pape dans les Landes. On reste émerveillé par la résilience de l’humanité, confrontée au cours des millénaires à ces changements climatiques radicaux et capable de domestiquer le feu, de construire des armes de chasse de plus en plus efficaces puis, à partir de 6.000 environ, d’inventer un mode de vie sédentaire puis l’écriture.

 En comparaison de la vaste préhistoire, la période de la Gaule romaine et du bas Moyen Age couvre un espace de temps très court : quelques centaines d’années seulement. Mais les collections sont riches. Les objets sont superbement éclairés et ont pour beaucoup une grande valeur artistique.

 Illustration : la Dame de Brassempouy, Musée d’Archéologie Nationale, Château de Saint Germain en Laye

La Dame de Fer

Le film de Phyllida Lloyd « The Iron Lady » (La dame de fer) raconte la carrière exceptionnelle d’un personnage révéré et haï dans son pays et à l’étranger : Margaret Thatcher.

 Margaret Thatcher n’est pas morte que déjà l’organisation de ses obsèques nationaux est commentée par les journaux britanniques. Et c’est une Thatcher vieillie et même sénile que nous présente le film réalisé par Phillida Lloyd et écrit par Abi Morgan. Dans la première scène, elle va elle-même acheter son lait et provoque la panique de l’équipe de sécurité censée la protéger, d’abord contre elle-même. Revenue chez elle, elle se plaint de la hausse du coût de la vie. Margaret se retrouve en terrain connu : elle était fille d’épicier et aux anciens élèves d’Eton qui constituaient (et constituent encore) l’épine dorsale du Parti Conservateur, elle fait la leçon en citant le prix d’articles du panier de la ménagère.

 Thatcher a toujours pensé pour agir, et agir pour changer les choses. A l’approche de la mort, il lui faut apprendre à être. Elle a toujours tracé son chemin seule, seule femme dans un monde d’hommes. Mais lorsque Dennis, son mari, la laisse veuve, elle ne ressent que vide et désespoir.

 Le film est construit autour de flash-back, dans lesquels Maggie se rappelle de moments-clés de sa vie, sa vie à l’épicerie familiale, le Blitz, la première campagne électorale, la rencontre avec Dennis, la bataille pour le leadership du parti Tory, les grèves de mineurs, l’attentat de l’IRA à Brighton, la sourde-oreille à la grève de la faim de Bobby Sand, la guerre des Malouines et finalement la bataille de trop et la révolte des députés Tory qui la contraignent à la démission. « Je me suis battue à chaque instant de ma vie », dit Maggy aux généraux venus lui présenter des plans de reconquête des Malouines.

 Le film nous incite à la pitié pour la personne délabrée que la femme de fer est devenue dans son grand âge. Il nous fait admirer sa détermination malgré les épreuves. Il nous montre la fermeté de ses convictions : la protection sociale infantilise les gens, il ne faut pas avoir peur du succès, il faut encourager l’esprit d’entreprise. Il s’attarde longuement sur la victoire des Malouines. Il présente Callaghan et les Travaillistes comme des velléitaires et des faibles.

 Il est certain que « La Dame de Fer » est un film apologétique, et le Parti Conservateur ne cache pas sa satisfaction. Il reste qu’il ose s’intéresser à un personnage considérable de l’histoire contemporaine de la Grande Bretagne et que la performance de Meryl Streep dans le rôle principal est remarquable.

Balmoralité

La chaine de télévision britannique BBC4 vient de consacrer un documentaire au château royal de Balmoral, dans la région d’Aberdeen en Ecosse.

 Tel qu’il se présente actuellement, le château de Balmoral a été construit par la Reine Victoria et le Prince Albert en 1852. Victoria a laissé le souvenir d’une souveraine triste et austère. Jeune, elle était toute différente : enthousiaste, romantique, amoureuse de son mari Albert. Nous avions déjà rencontré sa trace au château d’Osborne sur l’Ile de Wight. Nourrie dès l’enfance des romans de l’Ecossais Walter Scott, elle épousa complètement une idée de l’Ecosse pure, non corrompue par la civilisation industrielle, pétrie des valeurs médiévales de chevalerie et de loyauté. Le couple royal s’employa à créer à Balmoral une sorte de paradis de conte de fées, au  point que le château semble dessiné par Walt Disney. Il est immergé dans un univers hostile de landes désertes balayées par les vents et la pluie glacés, parcourues de troupeaux de cerfs et traversées de rivières à truites.

 Il y a une éthique de Balmoral : celle d’une vie frugale au milieu de sujets simples et dévoués. La « Balmoralité » est un marqueur de la souveraine actuelle, Elizabeth II. Mais dans le passé, plusieurs personnalités royales ont raté le test de Balmoral. Edouard VIII, brièvement roi en 1936 avant de devoir abdiquer pour épouser une divorcée américaine, était un homme de la « jet-set » avant l’heure ; Balmoral lui était insupportable, et il fut impitoyablement rejeté par Balmoral. La même mésaventure advint à Diana Spencer, qui haïssait les pique-niques royaux et les promenades sous la pluie.

 La mort de Diana en 1997 illustra à l’extrême l’incompatibilité entre Londres branché, cosmopolite et financier et Balmoral,  ancré dans une Ecosse rurale, tournée vers le passé et largement fantasmée.

 Photo : château de Balmoral.

Coventry, berceau du transport individuel

Le musée des transports de Coventry rend un magnifique hommage à une ville qui a vu naître sur une grande échelle l’industrie de la bicyclette, du vélomoteur et de l’automobile.

 Coventry était peut-être née pour le développement du transport individuel. Son icône est la princesse Godiva. Celle-ci avait supplié son mari d’exempter d’impôts les pauvres gens ; celui-ci acquiesça à condition qu’elle traversât nue la ville à cheval. Godiva ne se laissa pas démonter, si l’on peut dire, et parcourut la ville sur sa monture, seulement couverte de ses longs cheveux.

 Pendant les trente premières années du vingtième siècle, il n’existait pas de vraie distinction entre les constructeurs de véhicules à deux, trois ou quatre roues. Coventry abritait un essaim d’ateliers qui produisaient leurs modèles de bicyclettes, de tricycles, de vélomoteurs, de motocycles et d’automobiles à quelques centaines ou milliers d’exemplaires, comme c’est encore le cas de LTI, la firme qui fabrique les « cabs » londoniens. Nombre de ces entreprises ateliers ont disparu aujourd’hui, telles que Swift, Lea Francis, Standard, Calcott, Humber, Albatros ou encore, naturellement, Godiva ! Certaines marques survivent, souvent sous capital étranger, comme Daimler. J’ai une faiblesse pour Hillman ; dans les années soixante, un de mes oncles emmenait ses neveux dans un cabriolet de cette marque et j’en étais fasciné. Les voitures anglaises avaient alors une image de distinction et d’excentricité.

 Une salle entière est consacrée à la fermeture de l’usine Peugeot de Ryton, près de Coventry, en 2007. C’était la dernière grande usine de fabrication d’automobiles de l’agglomération. Coventry s’efforce de conserver des centres de recherche en partenariat entre son université et des constructeurs, mais une page semble tournée.

 L’industrie automobile britannique n’est pas morte. Jaguar Land Rover a annoncé en septembre un investissement de 355 millions de livres créant 750 emplois. Mais le capital est indien et l’usine, quoique dans les Midlands, n’est pas à Coventry.

 Le musée des transports de Coventry présente plusieurs centaines de modèles. Son exposition temporaire est consacrée au développement du surf en Grande Bretagne, indissociablement lié à celui de l’automobile. Un moyen de se tourner vers l’avenir !

 Photo « transhumances » : musée des transports de Coventry, Talbot Horizon, l’un des modèles produits dans l’usine de Ryton (Coventry), aujourd’hui fermée. Un autre souvenir personnel, associé à ma période de jeune parent.