Château de La Brède

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Le château de La Brède, à 20 km au sud de Bordeaux, est un lieu de promenade ravissant et émouvant.

Le château est le lieu où naquit en 1689 Charles-Louis de Secondat baron de la Brède et de Montesquieu, connu sous le nom de Montesquieu, qui y séjourna souvent jusqu’à sa mort en 1755. Les descendants de Montesquieu y ont vécu jusqu’à ce que, dans les années quatre-vingt dix, la dernière descendante en fît don à une fondation qui gère aujourd’hui le domaine.

Construit au quatorzième siècle comme une forteresse octogonale entourée de douves, le château a subi une profonde restauration pendant la Renaissance. Une partie du mur d’enceinte a été abattue et de grandes fenêtres ont été percées. Tout un symbole : Montesquieu ouvrira lui-même grand les fenêtres de la monarchie française, parcourant l’Europe à la recherche d’idées et de références et inventant ce qu’on appellera plus tard la séparation des pouvoirs, à la base des systèmes démocratiques.

Le site du château et son architecture diffusent un sentiment d’harmonie et de sérénité. La visite confirme ce sentiment. Tant par sa taille humaine que par le fait qu’il a été habité par des dizaines de générations, il donne l’impression d’un vrai lieu de vie. L’usage de boiseries dans presque toutes les pièces renforce cette impression chaleureuse.  La bibliothèque, une grande salle recouverte d’une voûte réalisée par un charpentier de marine, est pleine de la présence de Montesquieu.

Montesquieu était propriétaire de vignes. Aujourd’hui encore, celles-ci structurent le paysage. Près de La Brède, le château de Smith Haut Lafitte est d’un grand intérêt pour son architecture, par les rangées de vignes gorgées de raisin en cette fin d’été et par les sculptures qui parsèment le domaine.

Photo « www.chateaulabrede.com »

Le Guépard

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Garibaldi s’est emparé de la Sicile à la tête des « Mille » en 1860, il y a juste cent cinquante ans. C’est l’occasion de revoir le chef-d’œuvre de Luchino Visconti, Le Guépard (1963).

La première scène du film se déroule dans la chapelle du palais des Salina. Affolée par le débarquement des Chemises Rouges à Marsala, la famille se réfugie dans la prière. Il y a toutefois un mouton noir, Tancrède (joué par Alain Delon). Jeune homme fougueux et ambitieux, il a décidé de rejoindre la sédition : après tout, le commanditaire de la révolte contre le roi de Naples est un autre roi, celui de Savoie. Il faut que tout change pour que rien ne change, dit-il à son oncle, le Prince Salina (Burt Lancaster). Celui-ci accepte le pari et mise sur son neveu.

Le Prince Fabrizio Salina est aristocrate jusqu’au bout des ongles. C’est aussi un stratège. Pour que Tancrède réussisse dans le contexte de l’Italie piémontaise, il lui faut de l’argent. Fabrizio organise son mariage avec Angelica (Claudia Cardinale), la fille du maire du bourg où la famille Salina prend ses quartiers d’été. Don Calogero Sedara est influent et riche. L’ambition cynique et débridée de Tancrède associée à la fortune et aux réseaux de Don Calogero devraient maintenir la famille Salina à flot pendant quelques dizaines d’années.

Fabrizio est d’un pessimisme radical. Il ne voit pas de changement possible pour la Sicile : dans cette terre traversée au cours de l’histoire par des envahisseurs, écrasée par un climat rude, les gens ont la nonchalance d’esthètes convaincus de leur supériorité. Il se bat pour le seul objectif qu’il sait pouvoir réaliser, la survie de sa dynastie. Mais il sait qu’à sa génération, celle les lions et des guépards, succèdera celle des hyènes et des chacals.

Le bal donné à l’occasion des fiançailles de Tancrède et Angelica est une apothéose pour Fabrizio, qui a donné corps à son projet et mis sur orbite l’alliance des Salina et des Sedara. C’est aussi le moment où il voit clairement sa mort approcher. Noble dans le fond du cœur, il la toise sans crainte.

Photo  du film « Le Guépard » : la valse du Prince Salina et Angelica.

Black Country

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Le Musée Vivant du Pays Noir (Black Country Living Museum) à Dudley, dans la grande banlieue nord-ouest de Birmingham, fait revivre l’histoire d’une région minière qui reste fortement industrielle.

Plus qu’un musée, il s’agit d’un parc d’attraction pour les enfants comme pour les adultes. On ne sait jamais bien quelle tranche du passé il s’agit de faire revivre : les années 1800 se fondent allègrement avec les années 1950 dans l’exaltation d’un passé où le pays noir était l’atelier du monde. On est transporté par un trolleybus à étage qui n’existe plus nulle part, on est interpellé par la vendeuse de fruits et légumes au seuil de sa boutique des années trente, on subit une leçon de lecture dans l’école primaire sous la baguette d’une maîtresse tout droit sortie de Dickens, on assiste au travail du forgeron.

L’attraction le plus impressionnante est une mine de charbon juste sous le niveau du sol. Dans l’obscurité, le froid et l’humidité on découvre des mannequins affairés aux tâches que les mineurs exécutaient au dix-neuvième siècle. Le degré de précarité de la vie de ces hommes est impressionnant. On comprend pourtant la fierté qu’ils tiraient de l’extraction du coke qui allait mouvoir les machines et réchauffer les humains.

Il y a des manèges et des balançoires. Ils datent des années 1930. La chapelle méthodiste, désaffectée lors de la création du musée, a été de nouveu ouverte au culte.

Photo « transhumances » : carreau de mine au Black Country Living Museum. Site Internet : www.bcml.co.uk

Les Quakers au cœur de la révolution industrielle

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Abraham Darby, l’inventeur à Iron Bridge de la réduction du fer par le coke, était un Quaker.

L’appartenance d’Abraham Darby à la Société Religieuse des Amis (aussi appelés Quakers), mouvement religieux apparu dans la seconde moitié du dix-septième siècle, ne doit rien au hasard.

Les Quakers professent que les gens ordinaires pouvaient avoir une expérience directe du Christ Eternel, sans la médiation d’un clergé. Ils pensent que les hommes sont nés égaux. Leurs mots clés sont paix, égalité, intégrité, simplicité. Ils refusent de prêter serment, ce qui les exclut a priori des fonctions publiques. Beaucoup de Quakers se firent industriels car c’était l’espace de liberté qui s’ouvrait à eux. Pour mentionner quelques uns des plus fameux, John Cadbury, fondateur de la chocolaterie et de la ville verte de Bournville, près de Birmingham, et les frères Clark, fondateurs de la marque de chaussures Clarks.

Des banques (Barclays, Lloyds) et des institutions humanitaires (Amnesty International, Greenpeace, Oxfam) ont pour origine des Quakers.

La visite de la maison Darby est émouvante dans sa simplicité. A quelques centaines de mètres se trouve le petit cimetière Quaker. Les corps ont été enterrés sous la pelouse d’un étroit enclos bordé de hauts murs. Les pierres tombales, sans rien qui distingue le maitre du serviteur, sont alignées le long des murs.

Photo « transhumances » : cimetière Quaker à Coolbrookdale, Iron Bridge, Telford.