Un paléoantrhopologue dans l’entreprise

Le livre de Pascal Picq « un paléoanthropologue dans l’entreprise, s’adapter et innover pour survivre » (Eyrolles 2011) ouvre une réflexion intéressante sur la culture entrepreneuriale en France. Il appelle à passer d’une culture « lamarckienne », fondée sur le développement selon des filières structurées du haut en bas, à une culture « darwinienne » dans laquelle l’innovation nait de la coopération d’une variété d’acteurs.

 Pascal Picq est paléoanthropologue au Collège de France. Son métier consiste à étudier les étapes de la formation de l’humanité jusqu’au plus lointain passé. C’est aussi un fervent adepte de la théorie de l’évolution de Charles Darwin. Continuer la lecture de « Un paléoantrhopologue dans l’entreprise »

Corruption, le nouveau défi des entreprises

La Grande Bretagne s’est dotée en 2010 d’une nouvelle législation contre la corruption, le « Bribery Act ». Le livre de Nick Kochan et Robin Goodyear, « Corruption, the New Corporate Challenge » (corruption, le nouveau défi des entreprises, Palgrave MacMillan 2011) s’adresse aux dirigeants d’entreprise et met en perspective la nouvelle loi.

 La corruption est un phénomène d’ampleur phénoménale. Selon la Banque Mondiale, les paiements de commission atteindraient 1.000 milliards de dollars, soit  plus de 3% de l’économie mondiale. Le pourcentage de ce prélèvement ne cesse de croître.

 Kochan et Goodyear détaillent comment la corruption fausse le marché et détruit les communautés. Ils citent Angel Gurria, Secrétaire Général de l’OCDE : « la corruption est le cancer de la mondialisation ». Ils décrivent la mise en place de législations pour combattre ce fléau, en particulier aux Etats Unis avec le Foreign Corrupt Practises Act de 1977.

 Le Bribery Act britannique définit les délits de « soudoiement » (« bribe ») et de corruption passive (« reception of bribe »). Il innove en instituant une responsabilité pénale des entreprises : elles commettent un crime si elles ne mettent pas en place des procédures efficaces pour prévenir la corruption.

 Les réactions de nombre d’entreprises britanniques, en particulier celles qui vendent dans des pays classés par Transparency International avec un indice de corruption élevé, se sont élevées contre cette loi en faisant valoir qu’elles étaient pénalisées en comparaison de celles qui opèrent dans un contexte législatif plus laxiste tel, selon elles, les entreprises françaises.

 Le livre de Kochan et Goodyear est un ouvrage de management, qui fournit aux dirigeants d’entreprises des points de repère juridiques et de nombreuses études de cas.

Un dangereux aveuglement

 

 

Rupert et James Murdoch devant la Commission Leveson en 2011

 

Dans The Guardian du 2 mai, Margaret Heffernan revient sur l’audition de Rupert Murdoch par la Commission Leveson.

 La journaliste s’interroge sur l’aveuglement volontaire que la Commission Leveson reproche à Murdoch. « Les gens en position de grand pouvoir, dit-elle, vivent dans une bulle. Ceci peut revêtir une réalité physique : Murdoch n’emprunte pas les vols réguliers et ne fréquente pas des espaces publics – et, si l’on en juge par ses prestations devant les parlementaires et Leveson, il est clair qu’il n’est pas habitué à faire face à des questions impromptues et des questionnements inattendus.

 Dans ce cocon il se développe un sens de sécurité à la fois physique et intellectuelle qui est immensément dangereux. Ces gens sont entourés par d’autres qui souhaitent leur plaire et qui espèrent acquérir du pouvoir en agissant ainsi (…)

 Mais Murdoch a-t-il choisi d’être aveugle ? Il a choisi de s’entourer de loyalistes, pas de critiques – avec des cadres supérieurs qui étaient politiquement et financièrement dépendants – tout en perdant les fidèles les plus robustes qui pouvaient lui résister. Murdoch a organisé sa gouvernance d’entreprise de manière à rendre quelque forme de questionnement que ce soit difficile et inefficace – tandis que les actionnaires choisissaient de s’aveugler eux-mêmes par de hauts dividendes. »

 Heffernan cite d’autres exemples d’aveuglement : les patrons des banques Lehman Brothers et Bear Stearns face aux risques potentiels de leurs activités, ainsi que l’Eglise Catholique au début du scandale des prêtres pédophiles.

 Voisi sa conclusion : « C’est la responsabilité des puissants de s’assurer qu’ils s’entourent eux-mêmes de penseurs indépendants et d’alliés critiques qui ont la liberté et le courage de leur dire la vérité. Quand les leaders choisissent de ne pas suivre cette voie, ils embrassent l’aveuglement et l’obscurité morale qui va avec elle. »

Exercice d’évacuation

 

Les exercices d’évacuation d’un immeuble de bureaux permettent de voir l’entreprise sous un jour nouveau.

 Lorsque retentit l’alarme d’incendie, on se sent vaguement inquiet – y a-t-il vraiment une situation d’alerte, et contrarié – il faut abandonner la tâche en cours et sortir en hâte dans le froid. Au point de rassemblement, l’ambiance est toute spéciale. On se croirait dans la cour de récréation d’un collège. On se parle, on échange des plaisanteries. La hiérarchie est inversée. Ce sont les responsables incendie de chaque étage, vêtus pour l’occasion de vestes phosphorescentes, qui donnent les instructions et les directeurs obéissent docilement.

 Il y a quelques années, l’ordre d’évacuation avait été donné alors que nous venions de signifier à un fournisseur l’interruption de son contrat. L’interruption de la réunion avait symbolisé à merveille une situation dans laquelle il s’agissait de sortir d’une relation professionnelle et de la vider de son contenu.