Ne parlons pas d’islam « modéré » mais d’islam moderne

Les journaux parlent fréquemment d’islam « modéré » pour l’opposer à l’islam « radical » ou « fondamentaliste ». Mais ce vocabulaire est piégé.

 Parlerait-on de « christianisme modéré » ou de « judaïsme modéré » ? Chacune de ces grandes religions monothéistes compte pourtant en son sein des extrémistes, des fondamentalistes et des fanatiques. Continuer la lecture de « Ne parlons pas d’islam « modéré » mais d’islam moderne »

Pour les musulmans

 

Dans « Pour les musulmans » (La Découverte, 2014), Edwy Plenel alerte contre le danger de considérer les musulmans français comme un groupe homogène inassimilable et menaçant, comme ce fut le cas des Juifs.

 Le titre du livre est emprunté à un article d’Émile Zola paru dans le Figaro le 16 mai 1896, dix-huit mois avant son fameux « J’accuse », moment clé de l’Affaire Dreyfus. Cet article avait donc pour titre « Pour les Juifs ». En voici un extrait : « les Juifs sont accusés d’être une nation dans la nation, de mener à l’écart une vie de caste religieuse et d’être ainsi, par-dessus les frontières, une sorte de secte internationale, sans patrie réelle, capable un jour, si elle triomphait, de mettre la main sur le monde (…) On finit par créer un danger, en criant chaque matin qu’il existe. À force de montrer au peuple un épouvantail, on crée le monstre réel (…) Désarmons nos haines, aimons-nous dans nos villes, aimons-nous par-dessus les frontières, travaillons à fondre les races en une seule famille, enfin heureuse ! (…) Et laissons les fous, et laissons les méchants retourner à la barbarie des forêts, ceux qui s’imaginent faire de la justice à coups de couteau. » Continuer la lecture de « Pour les musulmans »

Ernest Renan et l’interprétation des traditions religieuses

Dans un précédent article, « transhumances » a évoqué les souvenirs d’enfance et de jeunesse d’Ernest Renan (1823 – 1892). Nous évoquons aujourd’hui son travail pour réinterpréter le Christianisme. Un tel projet peut-il s’appliquer à l’Islam ?

 Ernest Renan connait la langue arabe. Son intérêt pour l’Islam n’est pas central dans son œuvre, mais néanmoins réel. Il séjourna pendant deux ans, en 1860 – 1861, au Liban et en Syrie dans le cadre d’une mission archéologique. Il éprouve une fascination pour cette religion : « l’Islamisme a de belles parties comme religion ; je ne suis jamais entré dans une mosquée dans une vive émotion, le dirai-je ? sans un certain regret de n’être pas musulman. » Mais il présente l’Islam et la raison humaine comme incompatibles. Continuer la lecture de « Ernest Renan et l’interprétation des traditions religieuses »

Les souvenirs d’Ernest Renan

Les « souvenirs d’enfance et de jeunesse » écrits par Ernest Renan (1823 – 1892) à l’âge de soixante ans sont particulièrement intéressants dans le contexte actuel de retour des religions.

 Ernest Renan naquit et grandit dans une famille bretonne modeste de Tréguier (Côtes d’Armor). D’une intelligence brillante, il monta à Paris à l’âge de 15 ans pour étudier au petit séminaire de Saint-Nicolas du Chardonnet puis au séminaire de Saint Sulpice, où étudia la théologie mais aussi le latin, le grec, l’hébreu, le syriaque et dans une moindre mesure l’arabe. Continuer la lecture de « Les souvenirs d’Ernest Renan »