Delft

l'église neuve de Delft. Photo "transhumances"

C’est probablement à Delft que l’on capte le mieux da culture néerlandaise. La ville est pénétrée du souvenir du peintre Vermeer. Dans l’église vieille les rois et un grand nombre de personnages illustres sont inhumés.

 Dans l’église neuve, la nef est occupée par des structures en bois fermées qui offrent bancs et agenouilloirs. Des panneaux indiquent les psaumes du jour. Dans l’assemblée, chacun a son box, mais tous joignent leurs voix dans une même prière.

 La travée nord offre une disposition insolite pour le visiteur d’un pays de tradition catholique. Une vingtaine de chaises sont distribuées en cercle autour d’une chaire qui tourne le dos à la nef centrale. Des tables permettent aux auditeurs de la Parole de Dieu de devenir à leur tour locuteurs et de partager leur intelligence du texte sacré avec d’autres fidèles. C’est en Hollande que l’Anglais William Tyndale trouva refuge pour traduire la Bible dans sa langue, avant d’être martyrisé sur un bûcher en 1536. L’église neuve de Delft vibre encore de sa passion pour le verbe divin rendu accessible au peuple.

 Le protestantisme a contribué puissamment à la formation d’une manière spécifique de vivre ensemble qui distingue les Néerlandais.

Hajj, voyage au coeur de l’Islam

Le British Museum présente jusqu’au 15 avril une exposition intitulée « Hajj, a journey to the heart of Islam ».

 Il n’est pas facile de produire une exposition sur le pèlerinage à La Mecque, tant les susceptibilités sont à fleur de peau, tant du côté Musulman qu’Occidental. Les commissaires de l’exposition ont surmonté les obstacles. Elle dresse un portrait flatteur du cinquième pilier de l’Islam, mais ne censure pas par exemple le voyage incognito de l’explorateur Richard F. Burton à La Mecque en 1855 – malgré l’interdiction des non-musulmans dans ce lieu sacré – et elle donne un espace à de jeunes artistes qui expriment le Hajj selon les canons de l’art moderne (c’est le cas de Magnétisme, œuvre peinte en 2011 par Ahmed Mater).

 Lorsqu’ils se rendent à La Mecque, les pèlerins sont invités à un voyage au centre du monde (musulman) et à se recentrer eux-mêmes sur ce qui est essentiel. Ils ont au préalable remboursé leurs dettes et se sont mis en paix avec leurs proches. Ils se vêtent d’un vêtement blanc (irham), signifiant ainsi qu’il ne peut y avoir de différences en ce lieu et ce moment entre races ou conditions sociales. Ils se sentent membres de l’humanité, par l’intermédiaire du prophète Mohamed, d’Abraham et Ismaïl, constructeurs de la Kaaba, et d’Adam, qui apporta du Paradis une pierre blanche noircie par le péché des hommes.

 Parmi les découvertes de cette exposition, je citerais le pèlerinage du roi malien Mansa Musa en 1324 – 1325. Son voyage de Tombouctou à La Mecque par Ain Salah, Ghadames, Aujilla, Le Caire, Akaba et Médine fut spectaculaire : son convoi comportait 8.000 personnes dont 500 esclaves, marchant en tête chacun portant 2kg d’or. Les dépenses de Mansa Musa en Egypte furent si extravagantes que l’économie en fut déprimée pendant une dizaine d’années.

Près de trois millions de personnes ont fait le pèlerinage à La Mecque en 2011, dont 25.000 Britanniques et 23.000 Français. Les Indonésiens sont l’un des peuples les mieux représentés, avec pas moins de 250.000 pèlerins.

 Photo de l’exposition au British Museum : certificat de Hajj, 17ième – 18ième siècle. Au centre de l’image, la Kaaba.

Rowan Williams, Archêque de Cantorbéry, démissionne

L’Archevêque de Cantorbéry, Rowan Williams, vient d’annoncer qu’il abandonnerait ses fonctions, qu’il occupait depuis dix ans, en janvier 2013.

 Agé de 61 ans, marié et père de deux enfants, Rowan Williams va enseigner au Magdalene College de Cambridge. Il avait déjà été professeur de Divinité à l’Université d’Oxford au début de sa carrière.

 « Transhumances » a souvent cité cet homme remarquable, qui croit que l’Eglise doit proclamer l’Evangile aujourd’hui, même si le Verbe est dérangeant. Bien que membre de l’Establishment, il s’est exprimé clairement sur des sujets brûlants comme la guerre d’Irak déclarée par Blair ou les politiques ultralibérales de Cameron.

 Dans son éditorial, The Guardian évoque un homme bon confronté à une tâche impossible : faire tenir ensemble les 38 églises qui constituent la communion anglicane et, plus difficile encore, les mouvances traditionaliste et progressiste qui s’affrontent en Angleterre. Les points de friction sont, sans surprise, l’accession des femmes à l’épiscopat et l’acceptation de l’homosexualité. Le dessin de Martin Rowson évoque ces tensions. Il faut toutefois noter que la tentative du Vatican d’accueillir des Anglicans traditionalistes au sein d’une structure spécifique a fait long feu. Ils haïssent l’Archevêque de Cantorbéry, mais n’ont pas fait, à ce jour, le choix du schisme.

 Illustration : « déposition », dessin de Martin Rowson, The Guardian du 17 mars 2012. « Phew » signifie Ouf !

La Reine et l'Archevêque, le Prince Philip et Jane Williams

Des Musulmanes d’élite partagent un mari

Sous le titre « Muslim high-flyers share a husband » (des Musulmanes d’élite partagent un mari ), la journaliste Rosie Kinchen explique dans le Sunday Times du 11 mars 2012 pourquoi un manque d’hommes éligibles conduit des milliers de femmes à devenir coépouses.

 Dans une chronique intitulée « le mariage est-il obsolète ? », « transhumances » s’est fait l’écho des réflexions de Cate Bolick sur la crise du mariage en occident. Selon elle, l’accession des femmes à des emplois plus stables et mieux rémunérés que ceux de beaucoup d’hommes élimine ce qui fut pendant des générations une puissante motivation à se marier : accéder, par le truchement de l’époux, à un statut social supérieur.

 Or, voici qu’une crise semblable atteint la société musulmane en Grande Bretagne. Les femmes musulmanes commencent à dépasser leurs contreparties masculines en éducation et, de plus en plus, en revenus. Or beaucoup d’hommes attendent de leur épouse qu’elle soit une bonne maîtresse de maison. Plutôt que le casse-tête d’une femme libre, ils préfèrent la tranquillité d’une femme classique venue du pays : environ 12.000 épouses d’hommes musulmans entrent ainsi chaque année en Grande Bretagne.

 Il se développe ainsi une « crise des vieilles filles musulmanes ». « De plus en plus de femmes qui ont réussi ne peuvent pas trouver chaussure à leur pied. Cette tendance les conduit à envisager d’autres arrangements comme la polygamie », dit Rosie Kinchen.

 « Aisha (le nom a été changé) a choisi de devenir une seconde épouse après avoir divorcé de son premier mari à l’âge de 28 ans. Employée à temps plein au service national de santé, elle est tombée amoureuse d’un homme marié, lui aussi musulman. « J’avais trois petites filles et je ne voulais pas devenir une maîtresse, dit-elle, mais je me suis rendue compte que je ne le voulais pas 24h sur 24 et 7 jours sur 7. Je ne voulais pas lui faire la cuisine, je ne le voulais pas dans mes pattes. » Elle a suggéré de devenir seconde épouse et lui, comme sa première épouse, en ont été d’accord ».

 Le producteur de la BBC Perminder Khatkhar a enquêté sur la polygamie dans la communauté musulmane pour un documentaire l’an dernier. Elle a découvert que les femmes choisissaient des relations polygamiques pour toute une série de raisons. « Dans certains cas, les femmes cadres et de profession libérale aiment l’idée d’êtres seconde épouse parce que cela peut les aider dans leur carrière, dit-elle. Si la première femme est plus traditionnelle, elle peut aussi s’occuper des enfants de la seconde épouse ».

 Rosie Kinchen souligne que la polygamie est illégale en Grande Bretagne, et que seules les premières épouses bénéficient des droits et des protections prévues par la loi. Cependant les hommes musulmans peuvent célébrer jusque quatre unions dans des cérémonies religieuses « nikah ».

Photo « transhumances »