Avons-nous vraiment besoin de la lune ?

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« Avons-nous vraiment besoin de la lune ? » Tel est le titre d’une émission de vulgarisation scientifique diffusée en « prime time » le 1er février par la chaîne britannique BBC2.

Maggie Adering Pockock est astronome. Elle dit avoir été subjuguée par la science après une scolarité difficile occupée à lutter contre la dyslexie. Son documentaire « avons-nous vraiment besoin de la lune » suit strictement les lois du genre en Grande Bretagne : elle nous sert personnellement de guide et nous emmène dans les endroits les plus variés, un fjord avec des effets de marée exceptionnels, un observatoire en Arizona, un laboratoire océanique ou tout simplement un manège pour enfants. Des effets spéciaux imaginent le choc de la terre et d’une planète de la taille de Mars il y a 4,5 milliards d’années, choc dont est née la lune, ou un clair de lune lorsque celle-ci, paraissant immense, gravitait à un quart de sa distance actuelle.

La vie sur terre est possible grâce à la lune. C’est son attraction qui maintient constante à 23 degrés l’inclinaison de la terre sur son axe, qui est à l’origine des saisons et rend habitable la majeure partie de la planète. Mais cette constance, qui existe à l’échelle du temps humain, ne se vérifie pas dans le temps géologique.

Une scientifique examine un fossile de corail vieux de 500 millions d’années. Des cercles permettent de repérer sa croissance année par année et jour par jour. On découvre qu’il y avait alors 400 jours dans l’année, ce qui signifie que les journées comptaient 21 heures.  Le frottement de l’énergie gravitationnelle de la lune avec celle de la terre ralentit, sur le très long terme, la vitesse de rotation de la planète.

Un télescope en Arizona bombarde au laser des réflecteurs installés sur la lune par la mission Apollo 17. Seule une fraction minime de la lumière émise revient à l’émetteur, mais cela suffit pour mesurer la distance de la terre à son satellite au millimètre près. La lune s’éloigne de nous de 3,78cm par an, car sa vitesse s’accélère en raison inverse du ralentissement de la rotation de la terre. A l’échelle humaine, c’est négligeable : tout juste ce que poussent les ongles d’un homme  en une année. A l’échelle cosmique, cela signifie que l’équilibre qui permet aujourd’hui le développement de la vie est instable.

Maggie Adering Pockock nous fait remarquer que la lune est 400 fois plus petite que le soleil et 400 fois plus éloignée, ce qui fait que leurs disques nous semblent de la même taille. Quand la lune se sera éloignée, le spectacle merveilleux de l’éclipse totale ne sera plus qu’un souvenir.

Photo « transhumances ».

Retour des dirigeables ?

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Dans le quotidien britannique The Guardian du 1er juillet, la journaliste Juliette Jowit évoque un possible retour en force des dirigeables comme cargos volants.

Juliette Jowit rend compte d’une conférence donnée par Sir David King de l’Université d’Oxford. D’ici dix ans, d’énormes ballons dirigeables gonflés à l’hélium pourraient remplacer dans une large mesure les avions dans le commerce mondial, ce qui aurait un effet significatif sur les émissions de carbone. Plusieurs compagnies aéronautiques et de défense américaines travaillent sur des projets, avec de fortes subventions du Département américain à la Défense.

La vitesse d’un dirigeable, 125km/h, lui permettrait d’effectuer de nombreux transports de marchandises telles que des fruits, des légumes et des fleurs. Sa capacité est le double de celle d’un Boeing 747 et il ne consomme que 10% de son carburant. Il ne nécessite pas de piste d’atterrissage et pourrait charger des marchandises dans des zones dénuées d’infrastructures aéroportuaires, incluant de nouvelles régions dans le commerce international, par exemple en Afrique. Il pourrait aussi être utilisé pour apporter de l’aide d’urgence à des régions sinistrées.

Photo d’un Graf Zeppelin, http://www.tecno-science.com/. Les dirigeables, qui connurent leur heure de gloire dans les années 1920, cessèrent d’être exploités après l’incendie du Hindenburg en 1937.

Les gènes de l’autisme

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Des scientifiques sont sur la voie d’établir les déclencheurs génétiques de l’autisme, permettant ainsi un diagnostic précoce de cette condition. C’est ce que disent les journalistes du quotidien britannique The Guardian Alok Jha et Sarah Boseley dans un article paru le 10 juin.

Dans un article paru dans la revue Nature, des scientifiques partie prenante du « Autism Genome Project » indiquent qu’en comparant des caractéristiques génétiques de populations d’autistes et de personnes non affectées, ils ont identifié des variations génétiques plus fréquentes dans le premier groupe. Ces « copy number variations » peuvent consister dans des bouts d’ADN manquants ou au contraire des copies supplémentaires de séquences dans les gènes et autour.

Cette découverte donne l’espoir d’une détection précoce du risque d’autisme chez les jeunes enfants. « Actuellement le diagnostic de l’autisme est entièrement comportemental et dure longtemps. Les parents sont soumis à un long processus dans lequel leur enfant est évalué, dit Louis Gallagher du Trinity College de Dublin. Certains enfants ne reçoivent pas de diagnostic avant l’âge de cinq ans. Grâce à une détection précoce, ces enfants pourraient bénéficier d’une intervention plus tôt, susceptible de limiter la gravité de leur condition ».

La National Autistic Society l’appelle  « un handicap de développement qui dure pour la vie et affecte la manière dont une personne communique et est en relation avec les gens qui l’entourent ». C’est un spectre de dysfonctionnements, et non un seul, qui implique une « triade de désajustements » : difficultés avec la communication sociale, l’interaction sociale et l’imagination sociale. Les personnes autistes ne peuvent « lire » les autres personnes à la manière dont la plupart des adultes arrivent à le faire. Elles ne comprennent pas le langage corporel ou les expressions faciales et peuvent prendre les plaisanteries au pied de la lettre. Quelques unes peuvent ne pas parler mais communiquer par des gestes. Elles peuvent se tenir trop près ou dire des choses qui semblent impolies ou déplacées. Elles peuvent ne pas être capables de se placer dans les bottes d’une autre personne ou de prédire ce que leur compagnon est sur le point de dire ou faire.

Référence de l’article du Guardian : http://www.guardian.co.uk/science/2010/jun/09/genetics-autism-story-tracker. Photo du film Rain Man, avec Dustin Hoffman et Tom Cruise (1988)

Le Big Bang en question

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L’émission scientifique de la chaine britannique BBC2 « horizon » était le 9 mars consacrée à une question provocante : « est-ce que tout ce que nous savons de l’univers est faux ? ».

L’émission est tournée à la manière d’un thriller : images répétitives d’une expérience de gonflage et de « big bang » d’un ballon dans un hangar glacial, visages de scientifiques dans un miroir déformant, musique anxiogène. Elle inclut aussi des interviews de cosmologues d’universités américaines et anglaises, des images d’un télescope au Nouveau Mexique et un reportage sur un laboratoire installé dans une mine désaffectée du Minnesota, à 800 mètres de profondeur, pour tenter de prouver l’existence de l’antimatière.

La théorie du big bang, c’est-à-dire la création de notre univers par explosion et inflation à partir d’un noyau infiniment petit, est née d’un modèle mathématique qui, à partir de l’observation de la situation actuelle de l’univers, est capable de remonter le temps. Il a un très grand pouvoir explicatif : les phénomènes observés répondent bien, en général, à ce qu’il prédit. Mais avec les progrès des instruments d’observation, des anomalies apparaissent dans les températures ou les vitesses de rotation des galaxies. Les galaxies ne se comportent pas comme le modèle dit qu’elles devraient se comporter.

Pour intégrer les anomalies, le modèle doit ajouter de la gravité et inventer un phénomène invisible (« noir ») qui équilibre les équations. C’est ainsi qu’est apparue la « matière noire », qui serait invisible et pourrait traverser la matière que nous connaissons, ce qui explique l’installation du laboratoire dans le sous-sol du Minnesota. D’autres anomalies ont été constatées, ce qui a rendu nécessaire l’introduction dans le modèle de « l’énergie noire », qui remplirait le vide intergalactique. Plus récemment, d’autres observations ont conduit des cosmologues à faire l’hypothèse d’un « flux noir » qui pourrait provenir d’autres univers.  

Tout ce que nous savons de l’univers est-il faux ? Jamais la mathématique n’a été aussi développée et jamais notre observation de l’univers n’a été aussi riche. Mais l’histoire de la création racontée par la théorie du big bang a besoin de tant d’additifs « noirs » qu’un doute s’installe. Une révolution scientifique, pareille à la découverte de la loi de la relativité il y a un siècle, est-elle imminente ?

L’émission « Horizon » de BBC2 peut être vue sur http://www.bbc.co.uk/iplayer/

Photo du télescope spatial Hubble, galaxie spirale, http://www.hubblesite.org/